À quelques kilomètres de Yaoundé, la capitale du Cameroun, des dizaines de mères affluent dès 8h du matin au centre de santé de Soa. Malgré la chaleur accablante, elles attendent patiemment dans la cour pour faire vacciner leurs bébés.
La scène, à priori ordinaire, est en réalité un moment historique. Pour la première fois, ces nourrissons âgés de 6 mois recevront le vaccin antipaludique. « Je suis soulagée de savoir qu’un vaccin contre le paludisme existe enfin » confie Victoire très émue.
Sur les visages des mères, le soulagement et l’émotion sont palpables. Pour elles, ces quelques gouttes administrées à leurs enfants sont en réalité une dose d’espoir, longtemps attendue.
Le paludisme, une maladie endémique en Afrique
Fièvre, frissons, maux de tête, fatigue, perte d’appétit…
Derrière ces symptômes se cache une des maladies les plus répandues en Afrique : le paludisme, que l’on nomme également malaria. C’est aussi une maladie dont on ne guérit pas. Elle peut en effet rester en sommeil plusieurs mois et resurgir de façon anachronique tout au long de la vie, avec des crises plus ou moins aigües.
Avec plus de 600 000 décès recensés en 2022, c’est également une des plus mortelles. Le Nigéria, la République démocratique du Congo, l’Ouganda et le Mozambique concentrent à eux seuls plus de la moitié des décès.
Les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes et les personnes atteintes du VIH sont les plus à risques. Bien que les symptômes semblent bénins, un dépistage et une prise en charge rapides sont indispensables pour éviter les drames. Selon l’OMS :
Presque chaque minute, un enfant de moins de 5 ans meurt du paludisme
En Afrique, les enfants de moins de 5 ans représentent 80 % des décès
En 2022, 249 millions de cas ont été recensés, dont 233 millions sur le continent africain
Le Cameroun par exemple, comptabilise 2 millions de cas chaque année. Et selon les autorités, le paludisme représente 50 % des hospitalisations annuelles.
Au-delà de l’épreuve physique et mentale, cette maladie est aussi une charge financière, surtout pour les foyers les plus pauvres. De nombreux parents peinent à payer les consultations, les examens médicaux et les médicaments. Pourtant, sans argent, l’accès aux soins est presque impossible.
La vaccination contre le paludisme : un nouvel espoir
Les trois dernières années ont été marquées par des avancées majeures dans la lutte contre la maladie. Après des années de recherches, deux vaccins ont vu le jour entre 2021 et 2023. En décembre 2023, c’est le vaccin antipaludique R21 qui a été préqualifié par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Les résultats des premières campagnes sont encourageants. 2 millions d’enfants ont été vaccinés au Ghana, au Kenya et au Malawi.
En 2023, grâce à l’UNICEF et ses partenaires, 18 millions de doses ont été distribuées dans 12 pays en Afrique.
Depuis le 22 janvier 2024, le Cameroun a fait un pas de géant en intégrant le vaccin antipaludique dans son programme de vaccination de routine. Ainsi, près de 250 000 enfants pourront en bénéficier gratuitement d’ici la fin de l’année.
« C’est un début. À terme, nous espérons pouvoir vacciner tous les enfants » affirme Nadine Perrault, représentante de l’UNICEF sur place.
Les parents, soulagés de l’arrivée de ce vaccin, s’en font eux-mêmes les porte-paroles.
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