SOMMAIRE
Analyses et chiffres clés sur l’éducation
– Indicateur 1 : Nombre moyen d’années d’études accomplies par la population en France et dans l’Union européenne
– Indicateur 2 : Part d’enfants non-scolarisés en France
– Indicateur 3 : Part des NEETS dans la tranche d’âge 15-17 ans en France
– Indicateur 4 : Évolution de la répartition des élèves de sixième dans les groupes de niveaux en français en France
– Indicateur 5 : Part de jeunes en difficultés de lecture en France
L’éducation est un droit fondamental consacré par les articles 28 et 29 de la Convention internationale des droits de l’enfant. Sur la base de l’égalité des chances, l’enseignement primaire doit être obligatoire et gratuit, et l’enseignement secondaire accessible à tous, dans le respect de la dignité de l’enfant. En France, la grande majorité des enfants accèdent à l’école, l’instruction étant obligatoire en France de 3 à 16 ans, et la formation obligatoire jusqu’à 18 ans. Toutefois, les efforts restent à poursuivre pour que l’ensemble des enfants vulnérables accèdent à l’école en France.
Le système éducatif français reste très marqué par des inégalités scolaires, qui entravent la pleine réussite de nombreux enfants en France. Contrairement à son objectif, l’école française creuse les inégalités et contribue à perpétuer des déterminismes liés au genre, à l’origine sociale, au handicap ou à la langue première. Ces déterminismes s’observent, par exemple, dans la réussite scolaire, les décisions d’orientation, l’utilisation de l’espace et des ressources scolaires.
Enfin, pour bien apprendre à l’école, il faut pouvoir s’y sentir bien et que ses droits y soient respectés. L’effectivité des droits de l’enfant à l’école et leur participation dans le cadre scolaire commence par la connaissance des droits par les élèves et par les acteurs de l’éducation.
Analyses et chiffres clés sur l’éducation
Indicateur 1 : Nombre moyen d’années d’études accomplies par la population en France et dans l’Union européenne1
Population : 25 ans et plus
Périmètre : France (prise en compte des DOM non-indiquée) et les 27 pays de l’UE
Source : Programme des Nations Unies pour le Développement
¹ : A l’exclusion des années passées à redoubler une année
Le nombre moyen d’années de scolarité* en France a évolué positivement, de plus de 2 points en 20 ans, mais demeure inférieur au nombre moyen d’années d’études dans l’Union européenne. La moyenne de l’Union européenne croit elle aussi, sur un rythme similaire à celui de la France, avec une augmentation de plus de 2 points entre 2000 et 2020.
* : il s’agit du nombre moyen d’années d’études achevées de la population d’un pays âgée de 25 ans et plus, à l’exclusion des années passées à redoubler des classes individuelles.
Indicateur 2 : Part d’enfants non-scolarisés en France
Données non disponibles
Alors que près de 12 millions d’élèves se retrouvent aujourd’hui sur les bancs de l’école, nombreux sont ceux qui n’ont pas cette chance. En France, les taux de scolarisation officiels par âge sont très élevés, atteignant près de 100% pour les années de scolarité obligatoire.
Pourtant, chaque année, des milliers d’enfants échappent à ces statistiques, et sont privés d’éducation, notamment dans les Outre-mer, en dépit des articles 28 et 29 de la Convention internationale des droits de l’enfant qui garantissent à chacun le droit à l’éducation, également rendue obligatoire par la loi Jules Ferry de 1882.
Les causes de cette absence de scolarisation sont multiples et recouvrent diverses réalités : habitat précaire, statut administratif, handicap ou état de santé, besoins en protection, etc. Tous font face à de nombreuses entraves et difficultés pour accéder à l’apprentissage, en raison de l’absence de dispositifs adaptés ou de places à l’école, du manque d’accompagnement adapté, des freins administratifs à l’inscription scolaire, des discriminations, ou encore de leur éloignement géographique.
Double peine pour ces enfants déjà vulnérables, ils se retrouvent en plus privés de la stabilité et de l’espace de sociabilité nécessaires à leur développement et leur bien-être qu’offre l’école.
Aucune donnée nationale chiffrée et vérifiée n’est disponible, laissant ces enfants dans l’angle mort de l’Education nationale. A ce jour, le phénomène de la non-scolarisation des enfants en France est une réalité qui n’est ni quantifiée, ni qualifiée. L’absence de statistiques fiables empêche la mise en place de solutions adaptées à chaque profil. Les conséquences de la non-scolarisation sont durables et portent atteinte aux droits et à l’avenir des enfants mais elles érodent aussi l’idéal démocratique et les valeurs de la République.
L’UNICEF France constate que l’effectivité du droit à l’éducation, et plus particulièrement l’accès à l’éducation, est particulièrement mis à mal dans les collectivités et territoires d’Outre-mer (CTOM). A ce titre, le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies recommandait dans ses observations finales, en 2023, de “prendre les mesures nécessaires pour améliorer la scolarisation et la fréquentation scolaire dans les territoires d’Outre-mer de l’Etat partie, notamment à Mayotte et en Guyane”.
Plusieurs initiatives notables donnent un aperçu de l’ampleur du phénomène de non-scolarisation, notamment à Mayotte. En effet, la recherche Non-scolarisation et déscolarisation à Mayotte : dénombrer et comprendre, menée en 2022-2023 par l’Université Paris Nanterre, indique que la non-scolarisation des enfants entre 3 et 15 ans révolus concerne, a minima, entre 5 379 et 9 575 enfants dans ce territoire. Ce type d’étude se confronte toutefois à des défis importants dans le recensement des enfants non scolarisés, notamment les enfants vivant sur des lieux de vie informels.
Indicateur 3 : Part des NEETS dans la tranche d’âge 15-17 ans en France
Population : 15-17 ans révolus
Périmètre : France hors Mayotte – Le champ de l’enquête Emploi est constitué des personnes occupant, au moment de l’enquête, un logement dit « ordinaire ». Ainsi, les populations vivant en communauté (maisons de retraite, établissements hospitaliers, foyers sociaux, établissements hébergeant des élèves ou des étudiants, casernes, communautés religieuses…) ne font pas partie du champ de l’enquête.
¹ : Guadeloupe, Guyane, Martinique, La Réunion
Source : INSEE (Enquête Emploi en Continu 2014 à 2022)
Définition : De l’anglais « Not in Education, Employment or Training », le terme NEETS désigne les personnes qui ne sont pas déclarées comme scolarisées, en activité ou en formation
Note : Ces données sont produites par empilements de 3 millésimes consécutifs de l’enquête. La dénomination de l’année est celle de l’année médiane de chaque empilement. La tranche d’âge des 15-17 ans n’est pas une tranche d’âge usuelle des enquêtes de l’INSEE. Aucun redressement n’est réalisé sur cette tranche d’âge. Elle est beaucoup moins robuste, en termes d’effectifs mais aussi de biais, que la tranche des 15-19 ans, sur laquelle sont réalisés des redressements.
Au vu de l’objectif européen 2030 concernant les sorties précoces de l’enseignement ou de la formation précoce, la France a su réduire son taux de décrocheurs par le biais de politiques publiques ciblées et atteindre l’objectif européen. En revanche, cette amélioration n’a pas eu d’effets mécaniques sur la diminution des jeunes ni en éducation, ni en formation, ni en activité (NEETs).
Depuis 2019, les jeunes de 16 à 18 sont soumis à une obligation de formation en France. Cette nouvelle obligation n’a toutefois pas eu d’effets significatifs sur le taux de jeunes de 15 à 17 qui ne sont pas déclarés comme scolarisées, en activité ou en formation en France hexagonale, puisque l’on observe une relative stabilité de ce taux entre 2015 (2,5%) et 2021 (2,6%). Cette stabilité laisse présager que les freins à l’accès à la scolarisation, ou à la formation des jeunes de 16 à 17 ans n’ont pas été levés pendant cette période, ou que la conjoncture économique n’a pas été favorable à l’activité de ces jeunes.
Par ailleurs, les départements ultramarins concentrent des taux de NEETs supérieurs aux moyennes hexagonales, bien que ces taux aient diminué entre 2015 et 2021 en Guadeloupe, Guyane et en Martinique.
Indicateur 4 : Évolution de la répartition des élèves de sixième dans les groupes de niveaux en français selon le secteur en France
Population : Enfants en classe de 6ème, en établissements publics et privés sous contrats
Périmètre : France dont COM (hors Wallis et Futuna en 2018, 2020 et 2023, Nouvelle-Calédonie en 2017, 2019, 2021 et 2022)
Lecture : En 2023, 18,2% des élèves de sixième font partie du groupe 6 (groupe des élèves ayant les résultats les plus élevés), en français.
Note :
Six groupes d’élèves ont été définis :
– Groupe 1 : Élèves dont le score est inférieur à 200 (les résultats les plus faibles).
– Groupe 2 : Élèves dont le score est compris entre 200 et 225.
– Groupe 3 : Élèves dont le score est compris entre 225 et 250.
– Groupe 4 : Élèves dont le score est compris entre 250 et 275.
– Groupe 5 : Élèves dont le score est compris entre 275 et 300.
– Groupe 6 : Élèves dont le score est supérieur ou égal à 300 (les résultats les plus élevés).
Les groupes 1 et 2 correspondent à des niveaux faibles, les groupes 3 et 4 à des niveaux moyens, et les groupes 5 et 6 à des niveaux élevés.
Source : Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance – Ministère de l’Education nationale
Au niveau national, en français, les performances des élèves à la rentrée 2023 restent supérieures à celles observées à la rentrée 2017, lors de la première évaluation de début de sixième.
Toutefois, entre 2017 et 2023, les résultats des élèves semblent suivre des tendances opposées avant et après 2021, ce qui laisse à présager l’impact de la fermeture d’école sur les apprentissages des élèves.
En effet, on note une diminution importante de la part des élèves ayant obtenu les résultats les plus faibles à ces évaluations entre 2017 et 2021 (13,4% à 8,5%), accompagnée d’une hausse de la part des élèves ayant obtenus les résultats les plus élevés sur cette même période (15,5% à 20,2%). A partir de 2021, la part des élèves ayant obtenu les résultats les plus faibles augmente, pour atteindre 11,3% en 2023, alors que la part des élèves ayant obtenu les résultats les plus élevés diminue pour atteindre 18,3%.
Indicateur 5 : Part de jeunes en difficultés de lecture en France
Note : Les données pour l’année 2021 sont indisponibles en raison de la crise sanitaire
Population : Population de 16 à 25 ans
Périmètre : France entière
Résultats détaillés pour chaque année disponibles ici
N.B: La Journée Défense et Citoyenneté (anciennement appelée la Journée d’Appel de Préparation à la Défense) permet de définir 8 profils de lecteurs. Les profils 1 à 4 concernent les jeunes n’ayant pas la capacité de réaliser des traitements complexes (très faible compréhension en lecture suivie, très faible capacité à rechercher des informations). Ils sont considérés comme ayant de très faibles capacités de lecture ou ayant des difficultés sévères. Ils sont en deçà du seuil de lecture fonctionnelle.
Source : Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance – Ministère de l’Education nationale
En 2023, 11,8 % des jeunes participants à la Journée défense et citoyenneté (JDC) rencontraient des difficultés dans le domaine de la lecture. Un jeune sur vingt peut être considéré en situation d’illettrisme et, plus globalement, plus d’un jeune sur dix a une maîtrise fragile de la lecture. Les jeunes habitant en Outre-mer sont particulièrement concernés par des difficultés de lecture et, dans l’Hexagone, c’est dans la moitié nord que les difficultés de lecture sont les plus fréquentes. Ceci étant, plus des trois quarts des jeunes participants sont considérés comme des lecteurs et lectrices efficaces. À noter que le niveau de lecture est plus élevé chez les filles que chez les garçons.
Un nouveau test d’évaluation de la lecture a été proposé aux jeunes dans le cadre des JDC en septembre 2019. De nouvelles questions ainsi que de nouveaux seuils de maîtrise ont été définis. La possibilité de comparer les profils de lecteurs avant et après 2019 est donc limitée. Par ailleurs, la participation aux éditions 2020 et 2021 ayant été fortement impactée par la crise sanitaire, la comparaison des résultats de ces deux années avec ceux de 2022 est ainsi également limitée.
Les chiffres relatifs aux difficultés de lecture des jeunes vivant dans les collectivités et territoires d’Outre-mer (CTOM) sont sans commune mesure avec les moyennes nationales (chiffres non présentés ici). Dans les départements et régions d’Outre-mer, en 2022, celles-ci ont concerné 26,4 % des jeunes de La Réunion, 28,9 % des jeunes de la Martinique, 30,4 % des jeunes de la Guadeloupe, 51,8 % des jeunes de Guyane et 55,7 % des jeunes de Mayotte[1]. Dans les collectivités d’Outre-mer COM, cela concerne 33,1 % des jeunes de Kanaky Nouvelle-Calédonie en 2016[2], et 31 à 38 % des jeunes en Polynésie française en 2016[3].
La Cour des comptes relève des difficultés de lecture dès le premier degré aux Antilles et à La Réunion, des résultats “extrêmement préoccupants” en Guyane et à Mayotte, et une dégradation notable du niveau entre le CP et le CE1[4]. À l’arrivée au collège, 20 à 30 % des élèves ne maîtrisent pas le français aux Antilles et à La Réunion, 45 % en Guyane, et 75 % à Mayotte[5].
Ces données sont à mettre en perspective avec le contexte plurilingue dans lequel évoluent les enfants scolarisés dans les CTOM, où le français coexiste avec plus de 50 langues sur les 75 recensées officiellement comme langues de France. La prise en compte de ce contexte, via notamment l’enseignement bilingue, est un enjeu de réussite éducative puisque l’insuffisante prise en compte des langues premières des élèves a des conséquences importantes sur leur réussite.
[1] Fernandez A., Giraudeau-Barthet H., « Journée défense et citoyenneté 2022 : plus d’un jeune Français sur dix en difficulté de lecture », Note d’information, n° 23.22, DEPP, 2023
[2] Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie – Service de l’Aménagement et de la Planification, Etat des lieux sur l’illettrisme, 2018
[3] Tahiti Infos, « Illettrisme : quels moyens pour en sortir ? », 2016
[4] Cour des comptes, « Le système éducatif dans les académies ultramarines », décembre 2020
[5] Rapport d’information du Sénat n° 224 (2020-2021), « L’enseignement scolaire dans les CTOM : des moyens à mieux adapter à la réalité des territoires », déposé le 10 décembre 2020