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Dans cet hôpital soutenu par l'UNICEF en Éthiopie, les bébés prématurés reçoivent des soins vitaux dans l'unité de soins intensifs néonatals. ©UNICEF/UN0839713/Pouget

150 millions de bébés sont nés prématurés au cours de la dernière décennie

  • Sur 10 bébés nés, 1 est prématuré – et toutes les 40 secondes, 1 de ces bébés meurt.
  • Les taux de naissances prématurées n’ont pas changé au cours de la dernière décennie, dans aucune région du monde.
  • Les impacts des conflits, du changement climatique et du COVID-19 augmentent les menaces qui pèsent sur les femmes et les bébés partout dans le monde.
  • Il est urgent d’agir pour améliorer la prévention des naissances prématurées, ainsi que les soins apportés aux bébés concernés et à leurs familles.

Genève/New York/Cape Town, le 10 mai 2023 – Selon un nouveau rapport publié aujourd’hui par les agences des Nations unies et leurs partenaires, on estime que 13,4 millions de bébés sont nés avant terme en 2020, et que près d’un million d’entre eux sont morts de complications liées à la prématurité. Cela équivaut à environ 1 bébé sur 10 né prématurément (avant 37 semaines de grossesse) dans le monde.

Le rapport Born too soon : decade of action on preterm birth, produit par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) en collaboration avec PMNCH – la plus grande alliance mondiale pour les femmes, les enfants et les adolescents – lance un cri d’alarme sur « l’urgence silencieuse » des naissances prématurées, dont l’ampleur et la gravité ont longtemps été sous-estimées, et qui entrave les progrès en matière de santé et de survie de l’enfant.

Le rapport comprend des estimations actualisées de l’OMS et de l’UNICEF, analysées en collaboration avec la London School of Hygiene and Tropical Medicine, sur la prévalence des naissances prématurées. En général, il constate que les taux de naissances prématurées n’ont changé dans aucune région du monde au cours de la dernière décennie, et que 152 millions de bébés vulnérables sont nés trop tôt entre 2010 et 2020.

Les naissances prématurées sont aujourd’hui la principale cause de mortalité infantile, représentant plus d’un décès d’enfant sur cinq survenant avant leur cinquième anniversaire. Les survivants de la prématurité peuvent être confrontés à des conséquences sanitaires tout au long de leur vie, avec une probabilité accrue de handicap et de retard de développement.

Écarts de survie par région, par revenu, par origine ethnique

S’appuyant sur un rapport de référence sur le sujet publié en 2012, ce nouveau rapport de la « décennie » « Naître trop tôt » donne un aperçu complet de la prévalence des naissances prématurées et de leur impact profond sur les femmes, les familles, les sociétés et les économies.

Trop souvent, le lieu de naissance des bébés détermine leur survie. Le rapport note que seul un bébé extrêmement prématuré (<28 semaines) sur dix survit dans les pays à faible revenu, contre plus de neuf sur dix dans les pays à revenu élevé. Les inégalités criantes liées à la race, à l’origine ethnique, aux revenus et à l’accès à des soins de qualité déterminent la probabilité d’une naissance prématurée, d’un décès et d’un handicap, même dans les pays à revenu élevé.

L’Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne présentent les taux les plus élevés de naissances prématurées, et les bébés prématurés de ces régions sont confrontés au risque de mortalité le plus élevé. Ensemble, ces deux régions représentent plus de 65 % des naissances prématurées dans le monde.

Le rapport souligne également que les impacts des conflits, du changement climatique et des dommages environnementaux, du COVID-19 et de l’augmentation du coût de la vie aggravent les risques pour les femmes et les bébés partout dans le monde. Par exemple, on estime que la pollution de l’air contribue à 6 millions de naissances prématurées chaque année. Près d’un bébé prématuré sur dix naît dans les dix pays les plus vulnérables touchés par des crises humanitaires, selon une nouvelle analyse présentée dans le rapport.

Les risques pour la santé maternelle, tels que la grossesse chez les adolescentes et la pré-éclampsie, sont étroitement liés aux naissances prématurées. Cela souligne la nécessité de garantir l’accès aux services de santé sexuelle et génésique, y compris une planification familiale efficace, avec des soins de haute qualité pendant la grossesse et au moment de l’accouchement.

Plan d’action : davantage d’investissements nationaux et un engagement des parents

Au cours de la dernière décennie, l’activisme communautaire en matière de prévention des naissances prématurées et des mortinaissances s’est également développé, sous l’impulsion de réseaux de parents, de professionnels de la santé, d’universitaires, de membres de la société civile et d’autres acteurs. Dans le monde entier, des groupes de familles touchées par les naissances prématurées ont été en première ligne pour défendre l’accès à de meilleurs soins et induire un changement de politique, et pour soutenir d’autres familles.

Alors que se tient la conférence internationale sur la santé maternelle et néonatale, au Cap (Afrique du Sud), du 8 au 11 mai, l’OMS, l’UNICEF, l’UNFPA et le PMNCH appellent à la mise en œuvre des actions suivantes pour améliorer les soins apportés aux femmes et aux nouveau-nés et atténuer les risques liés aux naissances prématurées :

  • Augmentation des investissements : mobiliser les ressources internationales et nationales pour améliorer la santé maternelle et néonatale, en veillant à ce que des soins de haute qualité soient assurés au bon moment là où ils sont nécessaires.
  • Accélération de la mise en œuvre : atteindre les objectifs nationaux de progrès en mettant en œuvre les politiques nationales établies en matière de soins à la mère et au nouveau-né.
  • Intégration intersectorielle : promouvoir l’éducation tout au long du cycle de vie ; soutenir des investissements économiques plus intelligents, avec un cofinancement intersectoriel ; renforcer les mesures d’adaptation au climat tout au long de la vie ; et améliorer la coordination et la résilience des systèmes d’urgence.
  • Innovation locale : investir dans l’innovation et la recherche au niveau local afin d’améliorer la qualité des soins et l’égalité d’accès.

Citations

Joy Lawn, École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres, co-directrice de Born too soon : decade of action on preterm birth (2023) et Born too soon (2012) :

« Ce nouveau rapport montre que notre inaction au cours de la dernière décennie affecte 152 millions de bébés prématurés. Bien que certaines régions soient plus touchées, les naissances prématurées menacent les progrès en matière de santé dans tous les pays. Un investissement plus important dans la prise en charge des nouveau-nés vulnérables peut éviter à des millions de familles d’avoir le cœur brisé. Des efforts supplémentaires sont également nécessaires pour prévenir les naissances prématurées, ce qui permettra également de réduire le nombre de mortinaissances et de décès maternels. Ensemble, ces deux voies de prévention et de traitement de la prématurité permettront de produire des individus et des sociétés en meilleure santé, capables d’assurer le développement économique et social.  La prochaine génération dépend de notre action à tous – l’investissement n’est peut-être pas négligeable, mais les retombées de cet investissement seront considérables pour chaque pays. »

Dr Nahya Salim, Tanzanie, co-auteur de Born too soon et responsable national de Newborn Essential Solutions and Technologies 360 (NEST360) :

« Il n’y a plus d’excuse ; nous ne pouvons rester silencieux. Nous avons désormais entre les mains les dispositifs et les connaissances nécessaires pour changer la situation de nos nouveau-nés les plus vulnérables. Je suis fier de voir mon gouvernement investir et s’engager dans leur mise en œuvre, y compris dans les milieux ruraux. La prochaine décennie peut et doit être différente pour ceux qui sont confrontés à des naissances prématurées ici et partout. »

Dr Anshu Banerjee, directeur du département Santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent et Vieillissement à l’OMS :

« Garantir des soins de qualité à ces bébés les plus fragiles et les plus vulnérables, ainsi qu’à leurs familles, est absolument impératif pour améliorer la santé et la survie de l’enfant. Des progrès sont également nécessaires pour aider à prévenir les naissances prématurées – cela signifie que chaque femme doit pouvoir bénéficier de services de santé de qualité avant et pendant la grossesse pour identifier et gérer les risques. »

Steven Lauwerier, Directeur de la santé (a.i.), UNICEF :

« Chaque décès prématuré est suivi d’une perte et d’un deuil. Malgré les nombreux progrès réalisés dans le monde au cours de la dernière décennie, nous n’avons pas réussi à réduire le nombre de bébés nés trop tôt ou à éviter le risque de leur décès. Le bilan est accablant. Il est temps d’améliorer l’accès aux soins pour les femmes enceintes et les prématurés et de veiller à ce que chaque enfant prenne un bon départ et s’épanouisse dans la vie. »

Helga Fogstad, directrice exécutive, PMNCH :

« Le rapport « Naître trop tôt » souligne pourquoi nous devons accroître les investissements et la responsabilité en ce qui concerne les naissances prématurées – la plus grande cause de décès d’enfants de moins de cinq ans dans le monde. Les progrès en matière de santé maternelle et néonatale, ainsi que de prévention de la mortinatalité, sont au point mort, et sont encore retardés par la combinaison dévastatrice du COVID-19, du changement climatique, de l’expansion des conflits et de l’augmentation du coût de la vie.

En travaillant ensemble en partenariat – gouvernements, donateurs, secteur privé, société civile, parents et professionnels de la santé – nous pouvons tirer la sonnette d’alarme sur cette « urgence silencieuse » et faire en sorte que les efforts de prévention et de prise en charge des prématurés soient au premier plan des efforts nationaux en matière de santé et de développement, renforçant ainsi le capital humain en soutenant les familles, les sociétés et les économies partout dans le monde. »

Gabriela et Jerome Foster, Las Vegas (États-Unis), parents de Jalen Foster et fondateurs de la Jalen’s Gift Foundation :

« Notre fondation a été créée après la perte de notre fils, Jalen Foster, mort-né prématurément à 27 semaines en raison de l’apparition prénatale d’une bactérie connue sous le nom de streptocoque du groupe B. La perte de notre fils a été dévastatrice, et il n’y avait pas de soutien existant dans notre communauté. C’est pour quoi nous avons décidé d’offrir un lieu de réconfort et d’espoir aux familles qui ont perdu un bébé. Nous ne voulions pas que d’autres familles se sentent comme nous ; seules. Nous avons donc créé la Fondation Jalen’s Gift afin d’aider les familles qui subissent une perte et leur offrir de nombreux services gratuits, tels que des photographies, un soutien en cas de deuil et une aide pour les services commémoratifs. »

Notes aux rédacteurs :

Termes :

– Naissance prématurée : naissance d’un enfant vivant avant 37 semaines complètes de grossesse.

– Mort néonatale : décès d’un enfant né vivant dans les 0-28 jours, indépendamment de l’âge gestationnel ou du poids.

– Mortinatalité : mort du fœtus après 22 semaines de gestation (l’OMS utilise 28 semaines de gestation pour comparer les taux).

Lien vers le rapport complet ICI.

Lien vers le dossier de presse ICI.

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