Alors que l’année scolaire devrait commencer, toutes les écoles restent fermées en raison du conflit ; menaçant le présent et l’avenir d’une génération tout entière.
Port-Soudan, le 9 octobre 2023 – Alors que le conflit au Soudan s’éternise depuis 6 mois, ce sont près de 19 millions d’enfants qui sont désormais non-scolarisés dans le pays.
L’éducation entravée par la guerre
Parmi eux, 6,5 millions d’enfants, soit un enfant sur trois dans le pays, sont privés d’accès à l’école en raison de l’augmentation de la violence et de l’insécurité dans leur région. Au moins 10 400 écoles ont été fermées dans les zones touchées par le conflit. Dans le même temps, plus de 5,5 millions d’enfants résidant dans des régions moins affectées par la guerre attendent que les autorités locales confirment la réouverture des classes.
Avant même le début du conflit, en avril, près de 7 millions d’enfants étaient déjà déscolarisés dans ce pays en proie à la pauvreté et à l’instabilité. Si la guerre se prolonge, aucun enfant soudanais ne pourra retourner à l’école dans les mois à venir, ce qui les exposera à des dangers immédiats et à long terme, tels que le déplacement, le recrutement forcé par des groupes armés ou les violences sexuelles.
Une crise de l’éducation
« Le Soudan est sur le point de connaître la pire crise de l’éducation au monde », a déclaré Mandeep O’Brien, représentante de l’UNICEF au Soudan. « Les enfants sont exposés aux horreurs de la guerre depuis près de six mois. Aujourd’hui, éloignés des bancs de l’école, de leurs enseignants et de leurs amis, ils risquent de tomber dans un gouffre qui menacera l’avenir d’une génération tout entière ».
Grâce à l’école, au-delà de la lecture, de l’écriture et des mathématiques, les enfants acquièrent également des compétences sociales et émotionnelles qui, en période de conflit, peuvent constituer une véritable bouée de sauvetage face à la violence, aux deuils et aux traumatismes. Ils peuvent également accéder à de nombreux autres services essentiels tels que la nutrition, les soins de santé et l’aide psychosociale.
« Depuis le début du conflit, le Soudan connaît la crise de déplacement interne la plus importante au monde, avec 4,4 millions de personnes nouvellement déplacées à l’intérieur du pays, dont environ 2,5 millions d’enfants. De surcroît, 5 millions d’enfants en âge d’être scolarisés se retrouvent piégés dans des zones de conflit, ce qui les expose fortement au risque de perdre leur accès à l’éducation et aux services de protection essentiels », a ajouté Arif Noor, directeur national de Save the Children au Soudan.
Des conséquences durables sur les enfants
Les dépenses consacrées aux services sociaux sont en forte baisse, et la majorité des enseignants n’ont pas perçu leur salaire depuis le début du conflit armé, il y a près de six mois. Les fournitures scolaires manquent et les établissements ne sont pas entretenus. Bien que des efforts soient en cours dans quelques régions pour garantir le bon fonctionnement du système éducatif, les contraintes sont nombreuses et les besoins dépassent de plus en plus les ressources disponibles.
Outre l’impact immédiat et le risque d’interruption de l’éducation pour presque tous les enfants soudanais, une analyse récente de l’UNICEF montre que la perte de revenus, si elle n’est pas traitée de toute urgence, se traduira par une perte nette de 26 milliards de dollars au cours de la vie pour la génération d’enfants touchée par la guerre.
L’UNICEF et Save the Children travaillent avec leurs partenaires pour garantir un accès à une éducation de qualité à des millions d’enfants soudanais et pour leur permettre de retourner à l’école en toute sécurité avant la fin de l’année scolaire.
L’UNICEF et Save the Children appellent les autorités soudanaises à rouvrir les écoles dans les zones sûres, tout en soutenant des modalités d’apprentissage alternatives dans les régions où les écoles ne peuvent être ouvertes sans mettre en danger les enfants.
L’UNICEF et Save the Children exhortent la communauté internationale à se montrer solidaire des enfants soudanais dont l’éducation est menacée et à fournir les ressources nécessaires pour qu’ils puissent retourner à l’école et que les enfants affectés par le conflit aient la possibilité d’accéder à l’apprentissage et au soutien psychosocial dans des espaces sûrs.