Genève, le 28 juin 2022 – Ceci est un résumé des déclarations de Tasha Gill, conseillère principale de l’UNICEF pour la protection des enfants dans les situations d’urgence – à qui toute citation peut être attribuée – à l’occasion du lancement du rapport de l’UNICEF « 25 years of children and armed conflict : Taking action to protect children in war », lors de la conférence de presse d’aujourd’hui (mardi 28 juin) au Palais des Nations à Genève.
L’UNICEF lance aujourd’hui un nouveau rapport important intitulé « 25 years of children and armed conflict : Taking action to protect children in war ». Ce rapport coïncide avec la 25e année du mandat du RSSG sur les enfants et les conflits armés.
Notre rapport analyse seize années de données sur les violations graves des droits des enfants dans les situations de conflit, de 2005 à 2020, afin de montrer l’impact des conflits armés sur les enfants à travers le monde et dans le temps. Pour ne donner qu’une idée de l’ampleur du problème : en une seule décennie – de 2010 à 2020, il y a eu une augmentation de 185 % des violations graves des droits de l’homme vérifiées commises contre des enfants dans des situations de conflit.
Le rapport examine comment les informations sur les modèles documentés de violations graves sont utilisées pour répondre aux besoins des enfants. Il examine comment l’engagement avec les parties au conflit – acteurs étatiques et non étatiques – permet de mettre fin aux violations graves des droits de l’enfant et de les prévenir.
Les enfants continuent de subir le poids de la guerre
Notre analyse montre que, malgré des décennies de plaidoyer auprès des parties au conflit et de ceux qui les influencent – ainsi que des mécanismes renforcés de surveillance, de rapport et de réponse aux violations graves des droits – les enfants continuent de subir le poids de la guerre. Chaque jour, des filles et des garçons vivant dans des zones de conflit endurent des horreurs indicibles que personne ne devrait jamais connaître.
J’aimerais partager avec vous quelques conclusions clés du rapport :
Entre 2005 et 2020, les Nations unies ont vérifié plus d’un quart de million de violations graves contre des enfants commises par des parties au conflit dans plus de 30 situations de conflit en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient et en Amérique latine. Cela représente une moyenne stupéfiante de 71 violations graves vérifiées contre des enfants chaque jour.
Cela comprend plus de 104 000 enfants tués ou mutilés, plus de 93 000 enfants recrutés et utilisés par des parties au conflit et au moins 25 700 enfants enlevés par des parties au conflit.
En outre, les parties au conflit ont violé, marié de force, exploité sexuellement et commis d’autres formes graves de violence sexuelle contre au moins 14 200 enfants. Et les Nations unies ont vérifié près de 14 000 incidents d’attaques contre des écoles et des hôpitaux.
Je dois souligner que ces chiffres ne représentent qu’une fraction des violations présumées, car les contraintes d’accès et de sécurité entravent le signalement, la documentation et la vérification des violations graves.
Qui plus est, il est important de souligner que le nombre annuel de violations vérifiées a progressivement augmenté depuis 2005, dépassant pour la première fois 20 000 en un an en 2014 et atteignant 26 425 en 2020.
Entre 2016 et 2020, 82 % de toutes les pertes d’enfants vérifiées se sont produites dans seulement cinq situations : Afghanistan, Israël et l’État de Palestine, Syrie, Yémen et Somalie.
Les enfants subissent souvent plusieurs violations
Il est également important de noter que de nombreux enfants subissent plus d’une violation, ce qui accroît leur vulnérabilité. Par exemple, l’enlèvement est souvent combiné ou conduit à d’autres violations, comme le recrutement et l’utilisation et la violence sexuelle.
Dans le cadre des recommandations du rapport, l’UNICEF continue d’appeler les parties au conflit listées dans le rapport annuel du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés à s’engager avec les Nations Unies pour développer et mettre en œuvre des Plans d’action qui établissent des mesures durables et concrètes pour protéger les enfants des violations et de leur impact. Ces plans d’action peuvent jouer un rôle essentiel en apportant des changements positifs pour les enfants.
En plus d’appeler les parties au conflit, et les États, à respecter leurs obligations en vertu du droit international des droits de l’homme et du droit humanitaire, le rapport comprend des recommandations sur la fourniture de services de soins et d’intervention pour les enfants, la collecte et l’agrégation de données, et le suivi.
De nombreux enfants ont encore besoin de notre aide
Le personnel de l’UNICEF, en collaboration avec d’autres organisations onusiennes et partenaires, collecte et vérifie judicieusement les informations sur les violations graves afin de mieux comprendre et répondre aux besoins des enfants et des familles survivantes. Nous engageons également le dialogue avec les responsables des violations, dans le but concret de prévenir et de mettre un terme à de nouvelles violations.
Ces efforts ont donné des résultats concrets pour les enfants. Par exemple, depuis l’an 2000, au moins 170 000 enfants ont été libérés des forces et groupes armés, beaucoup d’entre eux ayant survécu à de multiples violations – notamment des enlèvements ou des violences sexuelles.
De nombreux enfants ont encore besoin de notre aide. C’est pourquoi nous devons continuer à recueillir ces histoires, même dans des circonstances dangereuses. Et c’est pourquoi nous devons également continuer à dénoncer et à parler, en particulier lorsque les enfants, les familles ou les témoins ne sont pas en mesure de le faire.