333 millions d’enfants dans le monde vivent avec moins de 2,15 dollars par jour. Par ailleurs, la pandémie de COVID-19 a entrainé un retard de 3 ans vis-à-vis des progrès accomplis en matière de lutte contre la réduction de l’extrême pauvreté.
New York/ Washington D.C./ Paris, le 13 septembre 2023 – Selon une nouvelle analyse conjointe de l’UNICEF et de la Banque mondiale publiée aujourd’hui, environ 333 millions d’enfants dans le monde – soit 1 enfant sur 6 – vivent dans une situation d’extrême pauvreté.
Cette analyse des tendances mondiales de la pauvreté monétaire infantile selon les seuils de pauvreté internationaux examine pour la première fois les tendances de l’extrême pauvreté infantile.
En 2015, 10 % de la population mondiale vivait avec 1,90 dollars par jour, ou moins. En 1990 et en 2010, ce taux s’élevait respectivement à 36 % et à 16 %. Selon les estimations, en 2023, ce sont 700 millions de personnes, soit 8,7 % de la population mondiale qui vivront avec moins de 2,15 dollars par jour.
L’étude révèle que, bien que le nombre d’enfants vivant avec moins de 2,15 dollars par jour a diminué de 383 millions à 333 millions (soit 13 %) entre 2013 et 2022, l’impact économique de la COVID-19 a entraîné un retard dans les progrès réalisés de près de trois ans. En l’absence des perturbations liées à la COVID-19, ce sont 30 millions d’enfants supplémentaires qui auraient dû passer au-dessus du seuil de pauvreté.
Réduction de l’extrême pauvreté : les progrès à l’arrêt
L’analyse – publiée avant la tenue de l’Assemblée générale des Nations Unies (18-22 septembre), au cours de laquelle les dirigeants mondiaux se réuniront, entre autres, pour discuter du bilan à mi-parcours des objectifs de développement durable (ODD) – prévient qu’au rythme actuel de progression, l’objectif des ODD consistant à mettre fin à l’extrême pauvreté infantile d’ici à 2030 ne sera pas atteint.
« Il y a sept ans, le monde a formulé la promesse de mettre fin à l’extrême pauvreté infantile d’ici à 2030. Nous avons progressé, démontrant qu’avec les bons investissements et une ferme détermination, il est possible de tirer des millions d’enfants du cercle vicieux de la pauvreté », a déclaré la directrice générale de l’UNICEF, Catherine Russell. « Cependant, des crises aggravées, liées aux répercussions de la COVID-19, aux conflits, au changement climatique et aux chocs économiques, ont ralenti les progrès accomplis et laissé des millions d’enfants dans une situation d’extrême pauvreté. Nous ne pouvons pas laisser tomber ces enfants maintenant. Mettre fin à la pauvreté des enfants est un choix politique. Il faut redoubler d’efforts pour que tous les enfants aient accès aux services essentiels, notamment à l’éducation, à la nutrition, aux soins de santé et à la protection sociale, tout en s’attaquant aux causes profondes de l’extrême pauvreté ».
L’Afrique subsaharienne, région la plus touchée
D’après ce rapport, c’est en Afrique subsaharienne que l’on trouve le plus grand nombre d’enfants – 40 % – vivant dans l’extrême pauvreté, et c’est en Afrique subsaharienne que la proportion d’enfants vivant dans l’extrême pauvreté a le plus augmenté au cours de la dernière décennie, passant de 54,8 % en 2013 à 71,1 % en 2022. La croissance rapide de la population, les mesures de protection sociale limitées et les évolutions mondiales défavorables, notamment la COVID-19, les conflits et les catastrophes liées au climat, sont à l’origine de cette forte augmentation. Parallèlement, toutes les autres régions du monde ont connu une baisse constante des taux d’extrême pauvreté, à l’exception du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.
Les enfants, plus vulnérables face à l’extrême pauvreté
À l’échelle mondiale, les enfants représentent plus de 50 % des personnes en situation d’extrême pauvreté, alors qu’ils ne constituent qu’un tiers de la population mondiale. Les enfants sont près de deux fois plus susceptibles que les adultes – 15,8 % contre 6,6 % – de vivre dans des ménages extrêmement pauvres, où ils ne disposent pas de nourriture en suffisance, d’installations sanitaires adéquates, d’abris, et d’accès aux soins de santé et à l’éducation dont ils ont besoin pour survivre et s’épanouir.
« Un monde où 333 millions d’enfants vivent dans l’extrême pauvreté – privés non seulement de la satisfaction de leurs besoins fondamentaux, mais aussi de dignité, d’opportunités ou d’espoir – est tout simplement intolérable » a déclaré Luis-Felipe Lopez-Calva, directeur mondial de la Banque mondiale chargé de la pauvreté et de l’équité. « Il est plus important que jamais que tous les enfants puissent sortir de la pauvreté grâce à un accès équitable à une éducation de qualité, à la nutrition, à la santé et à la protection sociale, ainsi qu’à la sûreté et à la sécurité. Ce rapport nous rappelle sans détour qu’il n’y a pas de temps à perdre dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités, et que les enfants doivent être au cœur de nos efforts ».
Les enfants les plus vulnérables – notamment ceux qui vivent en milieu rural et ceux dont le chef de famille n’est pas ou peu éduqué – sont nettement plus touchés par l’extrême pauvreté. Selon le rapport, on estime qu’un enfant sur trois dans les pays touchés par les conflits et la fragilité vit dans des ménages en situation d’extrême pauvreté, contre un sur dix dans les États ‘‘non-fragiles’’.
Des solutions existent
Pour mettre fin à l’extrême pauvreté et contrecarrer le recul engendré par la pandémie, l’UNICEF et la Banque mondiale appellent les gouvernements et leurs partenaires à :
- Veiller à ce que les enfants vivant dans l’extrême pauvreté dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, ainsi que dans les contextes fragiles, continuent de faire l’objet d’une attention particulière.
- Donner la priorité aux programmes visant à lutter contre la pauvreté infantile, notamment en élargissant la couverture de la protection sociale pour les enfants afin de bénéficier à ceux vivant dans des ménages extrêmement pauvres.
- Concevoir des portefeuilles de politiques publiques pour aider les ménages nombreux, ceux qui ont des enfants en bas âge et ceux qui vivent dans des zones rurales. L’investissement dans la petite enfance s’est avéré l’un des moyens les plus efficaces pour mettre fin à la persistance transgénérationnelle de la pauvreté, avec des retombées positives pour les individus, les familles et les sociétés.
- Accroître l’accès aux allocations familiales universelles, une mesure dont l’efficacité a été prouvée pour réduire la pauvreté des enfants.
- Concevoir des programmes de protection sociale inclusifs, en tenant compte des besoins spécifiques des personnes handicapées et des femmes.
Notes aux rédactions :
L’analyse des tendances mondiales de la pauvreté monétaire infantile selon les seuils de pauvreté internationaux s’appuie sur un exercice similaire mené en 2020 visant à examiner la pauvreté infantile. L’analyse présente les données de 10,4 millions d’individus issus de 147 pays, extraites de la base de données de suivi mondial (Global Monitoring Database, GMD) au printemps 2022, 2019 étant l’année de référence. Le GMD rassemble des données d’enquêtes sur les ménages harmonisées à l’échelle mondiale et compilées par le groupe Data for Goals de la pratique mondiale de la Banque mondiale en matière de pauvreté et d’équité.
Les estimations de la pauvreté pour 2020, 2021 et 2022 ont été « actualisées », c’est-à-dire que les taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) ont été appliqués pour prévoir les revenus des ménages, en partant du principe que tous les ménages connaissent la même croissance de la consommation en termes de pourcentage.
Les seuils de pauvreté internationaux ont été mis à jour en 2022. Les trois seuils de pauvreté sont les suivants : 2,15 dollars (extrême pauvreté), 3,65 dollars (revenu moyen inférieur) et 6,85 dollars (revenu moyen supérieur).
Environ 333 millions d’enfants dans le monde vivent avec moins de 2,15 dollars par jour, 829 millions d’enfants vivent en dessous du seuil de pauvreté de 3,65 dollars et 1,43 milliard d’enfants vivent avec moins de 6,85 dollars par jour.
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