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Ghazal, 4 ans, a été gravement blessée après le bombardement de sa maison. Un médecin de la maison voisine a pratiqué une opération de fortune sans anesthésie pour arrêter l'hémorragie. Après des jours d'épreuves, Ghazal a finalement atteint l'hôpital Nasser de Khan Yunis, où son pied infecté a été amputé. © UNICEF/UNI488721/Zaqout
© UNICEF/UNI488721/Zaqout

A Gaza, les enfants blessés sont opérés sans anesthésie

L’escalade des hostilités qui dure depuis 3 mois dans la bande de Gaza a transformé la vie de plus d’un million d’enfants en cauchemar.

Des quartiers entiers ont été bombardés, plus de 9 000 enfants ont été blessés et des milliers d’autres seraient ensevelis sous les décombres. Survivre aux blessures de la guerre et au traumatisme. Ils s’appellent Ghazal, Shaimaa, Ahmad… Ils ont perdu une jambe ou un bras. Ils doivent maintenant réapprendre à vivre avec ces blessures et ces handicaps. Eux qui étaient à l’aube de leur vie, avec sans doute leurs rêves et la possibilité d’un avenir, sont aujourd’hui enfermés dans un corps qui portera pour toujours les séquelles de la guerre.

Ghazal, 4 ans, hospitalisée après l’amputation de sa jambe gauche, à l’hôpital Nasser de Khan Younis © UNICEF/UNI488707/Zaqout

Ghazal, 4 ans, a été blessée à la jambe gauche après le bombardement de sa maison. Pour arrêter l’hémorragie et lui sauver la vie, un de ses voisins, médecin, a dû l’opérer de toute urgence, sans anesthésie. Malheureusement, la jambe de la petite fille s’est infectée.

Après plusieurs jours de douleur et de larmes, elle a été prise en charge dans un des rares hôpitaux encore fonctionnels à Khan Younis, au sud de la bande de Gaza. Mais il était trop tard. Il a fallu l’amputer.

Ghazal, entourée de sa grand-mère, sa mère et son père, qui se préparent à l’amputation. © UNICEF/UNI488719/Zaqout

Comme Ghazal, Ahmad, 3 ans, fait partie des 9 000 enfants blessés depuis le début du conflit. Sa maison a été détruite le 23 octobre. Bien qu’il ait été pris en charge rapidement, les médecins ont également dû l’amputer.

En perdant sa jambe, Ahmad a aussi perdu son rêve d’enfant : devenir footballeur. « J’aimais tellement jouer au foot. Je voulais en faire mon métier, mais maintenant c’est terminé ».  Depuis sa blessure, Ahmad est en état de choc. Il ne parle presque plus.

Après le bombardement de sa maison le 23 octobre 2023, Ahmed, 3 ans a été blessé à la jambe. Les médecins ont dû l’amputer. © UNICEF/UNI488694/Zaqout

Soigner, malgré les bombardements

Derrière chacune de ces histoires dramatiques, il y a pourtant de formidables équipes médicales. Médecins, chirurgiens, infirmiers, ils font leur possible pour soulager et soigner les enfants blessés qui arrivent par dizaine chaque jour dans les hôpitaux qui fonctionnent à peine. Il n’y a plus d’eau, plus d’électricité et des conditions d’hygiène et d’asepsie de plus en plus complexes ; les consommables sont limités, et les heures de travail interminables.

“La réalité est bien sombre ici à Gaza, et plus particulièrement pour nous, médecins et personnels soignants. Nos capacités sont extrêmement réduites. Nous manquons de tout : nous n’avons ni anesthésiants, ni antalgiques.”
confie le docteur Mohammad Al-Hallaq

Selon l’OMS, le système de santé est à genoux. Avant l’escalade des violences, 12 % des enfants palestiniens âgés de 2 à 17 ans étaient confrontés à une ou plusieurs difficultés fonctionnelles. 21 % des ménages de Gaza comptaient au moins un membre souffrant d’un handicap physique ou mental. Mais depuis le début de la guerre, ces chiffres, en constante augmentation, ont pris une proportion très inquiétante.

Le quotidien des enfants s’assombrit de jour en jour. Ils continuent d’être blessés, traumatisés, séparés de leurs proches. Au cœur de la guerre, l’UNICEF s’efforce de leur apporter une aide vitale : de l’eau, des médicaments, de la nourriture. Mais c’est loin d’être suffisant. Nous avons besoin d’un cessez-le-feu humanitaire durable pour acheminer plus de fournitures essentielles. L’avenir de 1,1 million d’enfants est en jeu.