Après le Liban, le Maroc et la Guyane, Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF France, s’est récemment rendue en Ukraine avec Adrien Taquet, ancien secrétaire d’État chargé de l’enfance et des familles et membre du Conseil d’administration de l’UNICEF France. Elle témoigne.
En quoi votre visite en Ukraine était importante ?
Il s’agit de ma première mission dans un pays en guerre. Il me tenait particulièrement à cœur de rencontrer les familles ukrainiennes, à l’aube de ce 3ème hiver qu’elles s’apprêtent à affronter depuis le début du conflit. Il me tenait aussi à cœur de constater par moi-même les actions menées par les équipes de l’UNICEF sur place.
Quelle est la situation des enfants en Ukraine actuellement ?
Trois enjeux majeurs se dessinent. Le premier concerne la santé mentale des enfants. Les conséquences du conflit sont indéniables sur tous les enfants, que ce soit de façon directe ou indirecte.
Le deuxième enjeu porte sur l’apprentissage et la sociabilisation. La plupart des écoles restent fermées, sauf celles équipées d’abris en sous-sol. Les enfants poursuivent alors leur scolarité en ligne, sans avoir la possibilité d’assister aux cours en présentiel.
Enfin, il y a la question cruciale du déminage du territoire. Selon les estimations, 25 % du pays est contaminé par des mines et des débris de missiles, faisant de l’Ukraine le pays le plus miné d’Europe. Même si la guerre cessait, le déminage du territoire prendrait près de 70 ans.
Naturellement, il y a aussi les déplacements des populations. Depuis le début du conflit en février 2022, 6 millions d’Ukrainiens, dont 88 % de femmes et d’enfants, ont fui vers l’Europe, tandis que 3,7 millions d’autres ont été déplacés à l’intérieur du pays.
6,000,000
Parmi ceux qui ont quitté l’Ukraine, c’est près de 40% des 14-25 ans qui ont trouvé refuge ailleurs et le défi est de les encourager à revenir. Après près de 3 ans de guerre, le retour devient de plus en difficile. Pourtant, il est essentiel pour la reconstruction de l’Ukraine.
Qu’est-ce qui vous a le plus frappé pendant votre visite ?
L’énergie des équipes de l’UNICEF m’a également impressionné. Le bureau en Ukraine, qui comptait 100 personnes avant 2022, en rassemble aujourd’hui 350.
L’accès à l’éducation est un enjeu important pour l’UNICEF. A ce titre, vous avez justement visité plusieurs écoles lors de votre séjour, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Il est important de rappeler que cette guerre fait suite à la pandémie de Covid-19 et aux périodes de confinement. Pour les enfants, cela représente non pas la troisième mais la cinquième année sans accès à une « éducation classique » en présentiel.
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5 millions d’enfants ont vu leur éducation interrompue depuis février 2022.
Avec l’ancien secrétaire d’État, Adrien Taquet, nous avons visité un établissement scolaire où les fenêtres avaient été soufflées et toutes les maisons voisines étaient détruites.
Les équipes de l’UNICEF, en collaboration avec leurs partenaires, œuvrent à réhabiliter les abris en sous-sol des écoles, à soutenir l’éducation en ligne et à offrir un soutien psychosocial aux enfants et à leurs parents. Depuis le début de l’année, plus de 370 939 enfants ont eu accès à une éducation formelle ou non formelle grâce à nos actions.
Quelles sont les principales actions de l’UNICEF ?
Les besoins sur le terrain restent considérables. L’UNICEF concentre ses actions autour de 3 grandes priorités :
- Contribuer à la réhabilitation des infrastructures, notamment les écoles, les abris, et les systèmes d’eau et d’assainissement
- Distribuer des kits d’hygiène et des biens essentiels tels que du combustible, des vêtements, des fournitures scolaires, des tablettes
- Offrir un soutien psychosocial et une protection adaptée aux enfants (dans les écoles, les centres de jeunesse et les Espaces amis de l’UNICEF)