Déclaration de Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF, à l’occasion de cette rentrée scolaire qui marque trois années de bannissement de l’enseignement secondaire pour les filles en Afghanistan.
New York, le 22 mars 2025 – « Alors qu’une nouvelle année scolaire commence en Afghanistan, les filles continuent, pour la troisième année consécutive, d’être exclues de l’enseignement secondaire dans le pays. Près de 400 000 filles supplémentaires, soit 2,2 millions au total, sont aujourd’hui privées de leur droit à l’éducation. Si cette interdiction, qui compromet l’avenir de millions de filles afghanes, reste en vigueur jusqu’en 2030, ce seront plus de quatre millions de filles qui auront été privées de leur droit à une éducation après l’école primaire.
Les conséquences pour ces jeunes filles, mais aussi pour l’Afghanistan, sont catastrophiques.
Cette décision a en effet des répercussions désastreuses sur le système de santé, l’économie et l’avenir du pays tout entier. Moins nombreuses à recevoir une éducation, les filles courent un risque plus élevé d’être mariées durant leur enfance, et ainsi de voir leur bien-être et leur santé affectés.
Par ailleurs, la pénurie de personnel de santé féminin qualifié qui s’ensuivra dans le pays aura elle aussi pour effet de mettre des vies en péril.
Avec la diminution du nombre de femmes médecins et de sages-femmes, les filles et les femmes ne recevront plus les soins médicaux et l’accompagnement dont elles ont besoin. Nous estimons ainsi à 1 600 le nombre de décès maternels supplémentaires et à plus de 3 500 celui des décès additionnels de nourrissons qui découleront de cette situation. Loin de ne représenter que des chiffres, ces données traduisent l’ampleur du nombre de vies perdues et de familles brisées.
Les droits des filles en Afghanistan sont bafoués depuis plus de trois ans. Toutes les filles doivent être autorisées à retourner à l’école dès maintenant. Si ces jeunes filles capables et intelligentes continuent d’être privées d’éducation, les répercussions se feront sentir sur plusieurs générations. L’Afghanistan ne peut pas laisser de côté la moitié de sa population.
L’engagement de l’UNICEF envers les enfants en Afghanistan – qu’ils soient filles ou garçons – reste indéfectible. En dépit des mesures en cours, nous avons pu permettre à 445 000 enfants, dont 64 % de filles, d’avoir accès à l’éducation grâce à un enseignement au sein des communautés, dans le cadre duquel nous veillons également à donner aux enseignantes les moyens d’incarner un modèle positif pour les filles.
Alors que nous continuons à plaider en faveur du droit de chaque fille afghane à recevoir une éducation, nous exhortons les autorités de facto à lever immédiatement cette interdiction. Plus qu’un droit fondamental, l’éducation constitue la clé de voûte d’une société en meilleure santé, plus stable et plus prospère. »
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