Déclaration de Catherine Russell, directrice Générale de l’UNICEF, sur la situation au Darfour, Soudan.
New York, le 3 mai 2024 – « L’intensification des combats dans l’État du Darfour du Nord, au Soudan, a fait de nombreuses victimes parmi les enfants au cours des dernières semaines. La menace d’une attaque militaire imminente contre El Fasher, une ville qui abrite au moins 500 000 personnes déplacées par la violence sévissant dans d’autres régions du pays, risque de provoquer une escalade catastrophique des hostilités et de mettre en danger la vie et le bien-être des 750 000 enfants que compte la ville, et potentiellement de millions d’autres. Nous appelons les parties au conflit à renoncer d’urgence à de telles confrontations.
Au moins 43 personnes, dont des enfants et des femmes, ont été tuées depuis l’escalade de la violence au sein et autour d’El Fasher il y a un peu plus de deux semaines. La poursuite des confrontations, notamment le recours aux armes explosives dans les zones résidentielles, constitue une menace particulièrement dangereuse pour les plus jeunes et ne fera qu’accroître le nombre d’enfants déplacés, blessés et tués.
Les récentes attaques commises contre plus d’une douzaine de villages dans l’ouest d’El Fasher ont par ailleurs fait l’objet de rapports relatant de terribles actes de violence, tels que des violences sexuelles, des enfants blessés et tués, l’incendie de maisons et la destruction de fournitures et d’infrastructures civiles essentielles. Des familles, y compris celles qui avaient déjà été déplacées par le conflit, ont une fois de plus été contraintes de fuir, emportant avec elle à peine plus que les vêtements qu’elles portaient. Des rapports très préoccupants font également état d’enfants séparés de leur famille ou portés disparus.
La violence persistante pousse le pays vers une famine
Les combats et la crainte grandissante de violences à caractère ethnique ont poussé de nombreuses familles à se réfugier dans des camps de déplacés surpeuplés, tels que le camp de Zamzam, et dans des sites de rassemblement informels dans la ville d’El Fasher et ses environs. Or, un grand nombre de ces sites ne permettent qu’un accès restreint à la nourriture, à l’eau potable et aux abris, ce qui expose les enfants à des risques supplémentaires.
L’encerclement d’El Fasher par des groupes armés et les restrictions de circulation sur les routes principales de la ville empêchent les familles de fuir. Dans le même temps, l’accès limité à l’aide humanitaire et l’impossibilité de livrer des marchandises du fait de l’insécurité ont entraîné une pénurie de services essentiels et une flambée des prix de l’eau, de la nourriture et du carburant. Plus de 330 000 personnes seraient ainsi confrontées à une insécurité alimentaire aiguë à El Fasher.
Ces événements extrêmement préoccupants se produisent alors même que la violence qui ne cesse de se propager à travers le Soudan est en train de précipiter le pays dans la famine et d’entraîner de nouvelles pertes humaines catastrophiques, en particulier parmi les enfants. Les parties au conflit doivent tout mettre en œuvre pour désamorcer la situation, permettre la circulation en toute sécurité des civils, notamment des malades et des blessés qui souhaitent se rendre dans des zones plus sûres, et assurer la protection de la population et des infrastructures civiles. Les parties belligérantes doivent également garantir un accès rapide, durable et sans entrave de l’aide humanitaire, tant au niveau des lignes de front à l’intérieur du Soudan qu’au niveau des frontières avec les pays voisins.
Les enfants au Soudan continuent de subir des violences inadmissibles, alors que leurs parents et grands-parents portent encore les stigmates des vagues de violence antérieures. Nous ne pouvons tolérer qu’une telle situation se poursuive. »
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