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Un enfant fait l'objet d'un dépistage de l'émaciation sévère à l'aide d'un ruban de circonférence de la partie médiane du bras, dans une clinique mobile soutenue par l'UNICEF dans le district de Mazhar, dans le gouvernorat de Raymah, au Yémen. ⒸUNICEF Yemen/2022/Al-Haj
Un enfant fait l'objet d'un dépistage de l'émaciation sévère à l'aide d'un ruban de circonférence de la partie médiane du bras, dans une clinique mobile soutenue par l'UNICEF dans le district de Mazhar, dans le gouvernorat de Raymah, au Yémen. ⒸUNICEF Yemen/2022/Al-Haj

Au Yémen, le conflit et la crise économique entraînent l'insécurité alimentaire et la malnutrition

La sécurité alimentaire dans les districts du pays sous le contrôle du gouvernement du Yémen s’est légèrement améliorée au cours des cinq premiers mois de cette année, cependant la malnutrition aiguë reste en hausse par rapport à la même période en 2022. Les perspectives jusqu’à la fin de l’année 2023 indiquent la nécessité d’investir davantage dans les programmes car les modestes améliorations pourraient se perdre, ont averti les agences de l’ONU.

Aden, le 26 mai 2023 – Dans une nouvelle analyse de l’Integrated Food Security Phase Classification (IPC) sur le Yémen, publiée aujourd’hui, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) ont alerté quant au fait que, malgré de légères améliorations, presque tous les districts sous le contrôle du gouvernement yéménite sont confrontés à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire.

Le Yémen reste l’un des pays les plus touchés par l’insécurité alimentaire dans le monde, principalement en raison de l’impact du conflit et du déclin économique, ont ajouté les trois agences onusiennes.

Le rapport indique que le Yémen requiert toujours une attention particulière, la faim frappant des millions de personnes et la situation menaçant de s’aggraver si rien n’est fait pour s’attaquer aux principaux facteurs de l’insécurité alimentaire dans ce pays du Moyen-Orient.

Malgré de modestes améliorations, le second semestre 2023 nécessite davantage d’investissements

Le rapport publié aujourd’hui montre qu’entre janvier et mai 2023, environ 3,2 millions de personnes ont connu des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë (Phase 3 de l’IPC et plus) dans les zones sous contrôle du gouvernement, ce qui représente une réduction de 23 % par rapport aux estimations d’octobre / décembre 2022.

En outre, le nombre de personnes en situation d’urgence (phase 4 de l’IPC) a presque diminué de moitié pour atteindre 781 000 personnes par rapport aux estimations du dernier trimestre de 2022.

Les trois agences de l’ONU ont cependant averti quant au fait que ces modestes améliorations ne représentent qu’un « sursis temporaire » car les principaux facteurs de l’insécurité alimentaire demeurent et devraient s’aggraver au cours de la période allant de juin à décembre 2023.

Le rapport IPC prévoit une augmentation de 20 % du nombre de personnes confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë (Phase 3 de l’IPC et plus), soit 638 500 personnes supplémentaires, d’ici à décembre. Le nombre de personnes susceptibles d’être confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë devrait atteindre 3,9 millions (41 %), parmi lesquelles 2,8 millions de personnes en situation de crise (phase 3 de l’IPC) et 1,1 million en situation d’urgence (phase 4 de l’IPC).

La situation risque de s’aggraver en raison d’une diminution de 20 % des volumes d’aide alimentaire humanitaire et de l’augmentation attendue des prix des denrées alimentaires. En dépit d’un calme relatif, des combats sporadiques pourraient se poursuivre dans les districts situés sur la ligne de front, ce qui aurait un impact supplémentaire sur la sécurité alimentaire.

Enfants, femmes enceintes et mères allaitantes souffrent de malnutrition aiguë

Alors que la malnutrition aiguë continue de s’aggraver dans les gouvernorats du sud, on estime qu’en 2023, un demi-million d’enfants souffriront de malnutrition aiguë, dont près de 100 000 enfants de malnutrition sévère. On estime également jusqu’à 250 000 le nombre de femmes enceintes et allaitantes susceptibles de souffrir de malnutrition aiguë, tandis que les niveaux de retard de croissance chez les enfants sont également particulièrement élevés, allant de 35,9 % dans les basses terres d’Abyan à 64,3 % dans les basses terres du sud de Hodeida.  

Des situations critiques de malnutrition aiguë (phase 4 de l’IPC) persistent dans certaines parties des zones méridionales. La classification au niveau de la zone devrait encore se détériorer d’ici à décembre ; les 16 zones des gouvernorats du sud étant classées en phase 3 (grave) ou supérieures de l’IPC, dont 7 zones en phase 4 (critique).

Citations :

David Gressly, humanitaire et coordinateur des Nations unies pour le Yémen, a déclaré : « L’année dernière, les Nations unies et leurs partenaires ont réalisés des progrès pour faire reculer l’une des situations d’insécurité alimentaire les plus graves, mais ces progrès restent fragiles et 17 millions de personnes sont toujours en situation d’insécurité alimentaire au Yémen. Nous remercions les généreux donateurs pour les engagements pris jusqu’à présent, mais nous avons besoin d’un soutien supplémentaire pour atteindre le niveau de financement reçu l’année dernière afin de maintenir une réponse humanitaire intégrée. Avec des ressources adéquates, nous apporterons à des millions de Yéménites une aide alimentaire et nutritionnelle vitale, de l’eau salubre, des soins de santé de base, une protection et d’autres services de première nécessité, tout en renforçant la résilience des populations et en préparant les communautés du pays à résister aux chocs futurs ».

Hussein Gadain, représentant de la FAO au Yémen, a déclaré : « La FAO est préoccupée par cette situation et nous travaillons directement avec les agriculteurs sur le terrain pour leur permettre de maintenir leurs moyens de subsistance. Nous veillons à ce que les petits exploitants agricoles du Yémen puissent résister aux chocs qui affectent la sécurité alimentaire. Ainsi, notre objectif, à travers diverses interventions, est d’améliorer la sécurité alimentaire et les revenus des ménages en renforçant les pratiques de production agricole, en augmentant les opportunités de travail et en diversifiant les moyens d’existence d’une manière durable qui favorise la coexistence pacifique ».

Peter Hawkins, représentant de l’UNICEF au Yémen, a déclaré : « L’UNICEF et ses partenaires ont permis à environ 420 000 enfants souffrant de malnutrition sévère et aiguë de bénéficier d’interventions vitales en 2022. Il s’agit du nombre le plus élevé jamais atteint au Yémen, grâce à l’élargissement des services de nutrition dans 4700 établissements de soins de santé primaires. Malgré cela, les niveaux de malnutrition restent critiques dans de nombreuses régions des gouvernorats du sud. Il est essentiel d’adopter une approche multisectorielle pour lutter contre toutes les formes de malnutrition et, avec ses partenaires, l’UNICEF continue de renforcer l’offre de soins de santé primaires, y compris la détection précoce et le traitement de la malnutrition aiguë sévère ».

Richard Ragan, directeur national du PAM, a déclaré : « L’aide du PAM est essentielle pour permettre aux populations de retrouver un environnement stable, éviter la crise et la famine, et envisager un avenir meilleur. Nous demandons instamment à nos donateurs de renouveler leur engagement auprès des Yéménites les plus vulnérables. La situation d’insécurité alimentaire du pays reste fragile et les gains durement acquis au cours des 12 derniers mois seront perdus sans un soutien continu et urgent de la part de nos donateurs. Derrière les statistiques de l’IPC, il y a des femmes, des hommes et des enfants dont la vie oscille entre l’espoir et la dévastation totale. Nous ne pouvons tout simplement pas relâcher nos efforts maintenant ».

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