Le choléra est plus répandu dans les zones où la malnutrition aiguë sévère est très fréquente.
Port-au-Prince/Panama/New York, le 23 Novembre 2022 – Près de deux mois après le début de la flambée de choléra en Haïti, l’UNICEF tire la sonnette d’alarme alors qu’environ 40 % du nombre croissant de cas confirmés concernent des enfants.
Les enfants pris au piège du cercle vicieux entre choléra et malnutrition
Depuis le début de l’épidémie de choléra, 9 cas confirmés sur 10 en Haïti ont été signalés dans les zones les plus touchées par la crise nutritionnelle de plus en plus préoccupante dans le pays. Les enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère, également appelée émaciation sévère, sont plus vulnérables au choléra et courent au moins trois fois plus de risques de succomber à la maladie.
« À l’heure actuelle, en Haïti, la vie des enfants est triplement menacée : malnutrition, choléra et violence armée. Parfois les trois ensemble », a déclaré Manuel Fontaine, directeur du Bureau des programmes d’urgence, à l’issue d’une visite de quatre jours en Haïti. « J’ai été choqué de voir de nombreux enfants en danger de mort dans les centres de traitement du choléra. En quelques heures seulement, la diarrhée aqueuse aiguë et les vomissements les déshydratent et les affaiblissent à tel point qu’ils risquent de mourir en l’absence de traitement adéquat et rapide. Le choléra et la malnutrition sont une combinaison mortelle, l’un entraînant l’autre.«
Au cours de sa visite, Manuel Fontaine s’est rendu dans des centres de traitement du choléra soutenus par l’UNICEF à Cité Soleil et à Port-au-Prince, où les enfants souffrant de malnutrition reçoivent des soins vitaux. Il s’est également rendu dans un centre qui fournit des soins médicaux, psychologiques et psychosociaux aux survivantes de violences sexuelles.
Au 21 novembre, le ministère de la Santé a signalé 924 cas confirmés de choléra, plus de 10 600 cas suspects et 188 décès.
L’aide humanitaire à l’épreuve des violences de gangs
« En Haïti, le cercle vicieux entre la malnutrition et le choléra peut être brisé. Un traitement simple, abordable et efficace peut sauver la vie des enfants haïtiens, à condition d’atteindre les familles les plus vulnérables avant qu’il ne soit trop tard. Toutefois, les zones urbaines pauvres, les plus touchées par l’épidémie de choléra, sont également sous le contrôle de gangs lourdement armés. Dans un contexte de violence armée généralisée et d’insécurité dans une grande partie de la capitale, les équipes humanitaires marchent sur des œufs », a ajouté Manuel Fontaine.
Depuis juillet, l’UNICEF et ses partenaires ont dépisté et évalué l’état nutritionnel de près de 6 200 enfants dans la commune de Cité Soleil, la plus grande zone urbaine pauvre de la capitale. Au total, environ 2 500 enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition aiguë sévère et modérée ont reçu un traitement adéquat.
Dans un contexte d’insécurité et d’instabilité extrêmes, l’UNICEF a intensifié ses efforts pour répondre au choléra en coordination avec les autorités nationales et ses partenaires en fournissant :
- 245 kits choléra et 32 940 sachets de lactate de Ringer, 313 000 sachets de sels de réhydratation orale, du zinc, des antibiotiques, des consommables et du matériel EPI (équipements de protection individuelle) aux départements de santé ;
- 135 000 comprimés de purification d’eau dans un hôpital partenaire de Cité Soleil ;
- 468 160 litres d’eau distribués par camions-citernes à 22 290 personnes vivant actuellement à Cité Soleil ou déplacées ;
- 300 000 sachets d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi ont été mis à disposition ;
- Des fournitures médicales et d’hygiène pour organiser des cliniques mobiles à Cité Soleil tout en informant plus de 51 000 ménages sur la prévention du choléra ;
- Des spots de prévention du choléra diffusés par des stations de radio et télévisions et des dépliants distribués pour réduire la transmission du choléra.
Afin d’intensifier ses efforts pour répondre à l’épidémie de choléra dans les cinq prochains mois, l’UNICEF lance un appel de fonds de 27,5 millions de dollars afin de fournir une aide humanitaire dans les domaines de la santé, de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement (WASH), de la nutrition et de la protection dont bénéficieront 1,4 million de personnes.