Autrice, compositrice et interprète française, Clara Luciani se mobilise aux côtés de l’UNICEF France pour défendre la cause des enfants.
Sa première mission l’a conduite au Bénin, en Afrique de l’Ouest, où les problématiques de protection de l’enfance, d’éducation et d’accès à la santé sont nombreuses.
L’UNICEF estime que près de 9 enfants béninois sur 10 étaient victimes de violences en 2022. L’insécurité dans la région du Sahel n’a fait qu’aggraver la situation, en particulier dans le nord du pays où les enlèvements et les attaques contre les écoles se sont multipliés. Ne serait-ce qu’en juin 2023, 33 écoles avaient dû fermer leurs portes pour raisons de sécurité.
À cela s’ajoute une pauvreté endémique qui a un impact direct sur la santé, l’alimentation et l’éducation des enfants. Selon l’UNICEF, au Bénin :
La malnutrition chronique touche 32 % des enfants
Chez les enfants de moins de 5 ans, les retards de croissance sont passés de 32 à 36 % entre 2017 et 2022
43 % des enfants de moins d’un an n’ont pas reçu tous leurs vaccins
Plus de 8 % des enfants meurent avant leur 5e anniversaire
De plus les difficultés d’accès à l’eau touchent près de la moitié de la population. Cela ne fait qu’accentuer les risques de maladies et d’épidémies.
Après avoir été à la rencontre de dizaines d’enfants et de mères, Clara Luciani, nouvelle ambassadrice de l’UNICEF France, nous livre un témoignage bouleversant.
Vous venez d’être nommée ambassadrice de bonne volonté de l’UNICEF France. Que vous évoque la cause des enfants ?
J’y ai toujours été très sensible. Le monde assiste à un lot d’injustices, d’horreurs et de souffrances qui sont encore plus bouleversantes lorsqu’elles affectent les plus vulnérables : les enfants. J’ai toujours ressenti le besoin de les protéger. Ce sentiment s’est renforcé depuis que je suis devenue mère. Il a nourri en moi la volonté de m’engager et de défendre la cause des enfants.
Pourquoi avoir choisi de soutenir précisément l’UNICEF ?
C’était une évidence. Depuis toute petite, j’ai été sensibilisée aux actions menées par l’UNICEF car ma mère faisait régulièrement des dons à l’association et achetait chaque année les cartes de Noël de la boutique solidaire. Nous n’avions pas beaucoup de moyens, mais c’était important pour elle d’apporter son soutien.
C’est un peu comme si j’avais grandi avec l’UNICEF. Et depuis, j’ai la certitude que s’il fallait soutenir une association, ce serait vraiment celle-ci.
Vous rentrez du Bénin, où s’est déroulée votre première mission. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué sur place ?
Sans aucun doute, l’optimisme.
En préparant mon voyage, je me suis dit que je serais confrontée à des récits, des témoignages, et une réalité sur place qui seraient particulièrement difficiles. Pourtant, dès mon arrivée au Bénin, j’ai été frappée par la joie et l’optimisme des personnes que j’ai rencontrées.
Chaque visite, chaque échange, chaque témoignage m’a permis de voir les progrès qui sont en cours, notamment grâce au soutien de l’UNICEF. Il reste encore beaucoup à faire, mais je suis rentrée à Paris le cœur plein d’espoir et le regard tourné vers l’avenir. Ma volonté de protéger et d’aider ces enfants n’a fait que s’affirmer.
En quoi les actions et les programmes mis en place par l’UNICEF aident les enfants du Bénin ?
Sur place, l’UNICEF travaille avec le gouvernement sur 3 axes :
Garantir l’accès à une éducation de qualité pour chaque enfant
Permettre un meilleur accès aux services de santé, de nutrition et d’eau potable
Améliorer les services de protection de l’enfance
L’éducation par exemple a connu de belles avancées. En 2017, seulement 65,3% des enfants étaient scolarisés dans le primaire contre plus de 75 % en 2021.
Malheureusement, pour une grande majorité de ces enfants, la pauvreté, la durée et les coûts du trajet pour se rendre à l’école sont de véritables freins. Seulement 37 % d’entre eux continuent leurs études jusqu’au lycée. Ces difficultés touchent de manière disproportionnée les jeunes filles.
Le soutien de l’UNICEF est crucial pour que TOUS les enfants puissent aller à l’école. Au nord du pays par exemple, les équipes travaillent avec le gouvernement pour que 130 000 filles puissent continuer à apprendre.
Le domaine de la santé connaît lui aussi de beaux progrès. Au centre de santé de Zakpota, à 150 km au nord de Cotonou, un système a été mis en place pour optimiser les soins apportés à la mère et au nouveau-né.
Des petits bracelets sont donnés aux bébés qui ont un poids un peu alarmant à la naissance pour suivre leur température corporelle. Lorsqu’elle chute, le bracelet bipe et la mère sait qu’elle doit faire un “peau à peau” pour réchauffer son enfant. C’est simple, mais c’est une avancée majeure qui a sauvé des dizaines de bébés. Ce sont des petites actions comme celle-ci qui font la différence au quotidien.
Je me souviens surtout d’une maman qui était fière et heureuse de nous raconter comment ce petit bracelet a sauvé la vie de son nourrisson.
Les droits des filles et les problématiques auxquelles elles sont confrontées vous tiennent également à cœur. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
J’ai toujours été touchée par ceux qui me semblaient les moins à même de se défendre. Et les filles en font partie. Elles sont particulièrement vulnérables et exposées à tous types de violences (domestique, psychologique, sexuelle…)
Pourtant, elles représentent l’avenir. Leur accès à l’éducation, leur protection et leur bien-être sont incontournables pour que le Bénin continue à se développer.
À travers des espaces comme le CIPEC, le centre intégré de prise en charge des victimes de violences basées sur le genre, l’UNICEF accompagne chacune de ces filles et jeunes femmes ayant subi des abus. Elles ont un suivi médical, gynécologique, psychosocial et l’assistance d’un conseiller juridique.
Des centres comme celui-ci sont essentiels à leur reconstruction.
Vous avez également visité des centres de santé et de vaccination. Vous avez pu discuter avec quelques-unes des mamans qui étaient présentes. Racontez-nous ces moments.
Au-delà de ce que j’ai entendu, j’ai surtout été émue par ce que j’ai vu : des mères courageuses qui luttent pour que leurs enfants soient en bonne santé.
Les conditions dans lesquelles elles accouchent et vivent sont loin de celles que j’ai eu la chance d’avoir. Pour chacune de ces mamans, un accouchement peut vite se transformer en drame. En effet, le taux de mortalité maternelle atteint près de 40 %. C’est alarmant. Le pays fait face à de réels défis en matière de santé de la mère et de l’enfant.
Pourtant, ça n’entame en rien le courage et la détermination de ces mamans. Elles sont conscientes de la chance qu’elles ont de pouvoir venir dans ces centres pour soigner et faire vacciner leurs enfants. Alors elles prennent les choses très au sérieux.
Si vous aviez un message à partager à ceux qui nous lisent, que leur diriez-vous ?
Au-delà de tous nos différends, il y a une chose sur laquelle nous devrions nous mettre d’accord :
L’UNICEF œuvre pour que chaque enfant vive dans un environnement où ses droits fondamentaux sont respectés. Mais les besoins sont importants et le soutien des donateurs est essentiel pour soutenir les actions de l’UNICEF sur place.