Le nombre de personnes touchées par la sécheresse en Éthiopie, au Kenya et en Somalie sans accès fiable à l’eau potable est passé de 9,5 millions à 16,2 millions en l’espace de cinq mois, tandis que les enfants de la région du Sahel sont confrontés à de très hauts niveaux de vulnérabilité hydrique.
New York/Nairobi/Dakar, le 23 août 2022 – À moins de recevoir une aide d’urgence, un nombre catastrophique d’enfants de la Corne de l’Afrique et du Sahel risquent de mourir en raison des effets combinés de la malnutrition sévère et du risque de maladies transmises par l’eau, alerte l’UNICEF lors de la Semaine mondiale de l’eau.
Stress hydrique et maladies hydriques
« L’histoire nous montre que lorsque les niveaux de malnutrition aiguë sévère chez les enfants s’associent à des épidémies mortelles de maladies comme le choléra ou la diarrhée, la mortalité infantile augmente considérablement et de façon tragique. Lorsque l’eau n’est pas disponible ou qu’elle est insalubre, le risque pour les enfants augmente de manière exponentielle », explique Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF. « Dans l’ensemble de la Corne de l’Afrique et du Sahel, des millions d’enfants sont au bord de la catastrophe. »
Le nombre de personnes touchées par la sécheresse en Éthiopie, au Kenya et en Somalie sans accès fiable à de l’eau potable est passé de 9,5 millions en février à 16,2 millions en juillet, exposant les enfants et leurs familles à un risque accru de contracter des maladies comme le choléra et la diarrhée[1].
Hausse du prix de l’eau
Au Burkina Faso, au Mali, au Niger, au Nigeria et au Tchad, la sécheresse, les conflits et l’instabilité sont à l’origine de l’insécurité hydrique qui sévit dans la région et 40 millions d’enfants sont confrontés à des niveaux de vulnérabilité hydrique élevés, voire extrêmement élevés[2]. Le nombre d’enfants qui décèdent en raison de l’insalubrité de l’eau et de l’absence d’assainissement est déjà plus élevé au Sahel que dans toute autre région du monde, selon les dernières données publiées par l’OMS.
La plupart des habitants de la Corne de l’Afrique dépendent de l’eau livrée par des vendeurs à l’aide de camions ou de charrettes tirées par des ânes. Dans les zones les plus touchées par la sécheresse, de nombreuses familles n’ont plus l’argent nécessaire pour acheter de l’eau[3].
- Au Kenya, 23 comtés ont enregistré d’importantes hausses de prix, en particulier dans celui de Mandera, où ces derniers ont augmenté de 400 %, et dans celui de Garissa, où ils ont subi une hausse de 260 % par rapport à janvier 2021.
- En Éthiopie, le coût de l’eau a doublé en juin dans la région d’Oromia et augmenté de 50 % dans la région Somali par rapport au début de la sécheresse en octobre 2021.
- En Somalie, le prix moyen de l’eau a augmenté de 85 % dans le Sud-Mudug, et de 55 et 75 % respectivement à Buurhakaba et Ceel Berde, par rapport aux prix de janvier 2022.
Une crise aux causes multiples
Plus de 2,8 millions d’enfants dans ces deux régions souffrent déjà de malnutrition aiguë sévère. Ils sont donc 11 fois plus exposés au risque de mourir de maladies transmises par l’eau que les enfants bénéficiant d’une bonne nutrition.
En Somalie, des épidémies de diarrhée aqueuse aiguë et de choléra ont été signalées dans la quasi-totalité des districts touchés par la sécheresse. Les 8 200 cas relevés entre janvier et juin représentent plus du double du nombre de cas signalés au cours de la même période l’année dernière.
Près des deux tiers des enfants affectés sont âgés de moins de cinq ans. Entre juin 2021 et juin 2022, l’UNICEF et ses partenaires ont traité plus de 1,2 million de cas de diarrhée chez les enfants de moins de cinq ans dans les régions éthiopiennes les plus touchées par la sécheresse, à savoir Afar, Somali, RNNPS et Oromia. Au Kenya, plus de 90 % des sources d’eau libre – telles que les étangs et les puits à ciel ouvert – dans les zones touchées par la sécheresse sont soit épuisées soit asséchées, ce qui pose un grave risque d’épidémie.
Dans tout le Sahel, l’eau disponible a également diminué de plus de 40 % au cours des 20 dernières années en raison des changements climatiques et de facteurs complexes tels que les conflits, qui exposent des millions d’enfants et de familles à un risque accru de maladies transmissibles par l’eau. L’année dernière encore, l’Afrique de l’Ouest et centrale a connu la pire épidémie de choléra de ces six dernières années, 5 610 cas et 170 décès ayant été recensés dans la région centrale du Sahel.
Financer la résilience des populations face aux effets du changement climatique
L’UNICEF fournit une aide vitale et des services multisectoriels résilients aux enfants et à leurs familles dans le besoin dans la Corne de l’Afrique et au Sahel, notamment en améliorant l’accès à des services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène résilients aux changements climatiques, en forant pour trouver des sources d’eau souterraine fiables et en développant l’utilisation de l’énergie solaire, en identifiant et en traitant les enfants souffrant de malnutrition et en renforçant les services de prévention.
L’appel de l’UNICEF pour améliorer la résilience à long terme des familles dans la région de la Corne de l’Afrique – et pour empêcher la sécheresse de détruire des vies pendant de nombreuses années à venir – n’est actuellement financé qu’à hauteur de 3 %. La section consacrée à l’eau, à l’assainissement et à la résilience aux changements climatiques n’a reçu pratiquement aucune part de ce financement. L’appel lancé pour la région centrale du Sahel afin de répondre aux besoins des enfants et des familles vulnérables grâce à des programmes d’eau, d’assainissement et d’hygiène n’est financé qu’à hauteur de 22 %.
« Imaginez devoir choisir entre acheter du pain ou acheter de l’eau pour un enfant affamé, assoiffé et déjà malade, ou entre regarder votre enfant souffrir d’une soif extrême ou le laisser boire de l’eau contaminée pouvant causer des maladies mortelles », a déclaré Mme Russell. « Des familles de toutes les régions touchées par la sécheresse sont contraintes de faire des choix impossibles. Pour en finir avec cette crise, les gouvernements, les donateurs et la communauté internationale doivent augmenter les financements pour répondre aux besoins les plus urgents des enfants et fournir un soutien flexible à long terme pour briser le cycle de la crise. »
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Note aux rédactions :
- La sécurité hydrique fait référence à la capacité d’une population à garantir un accès durable à une eau de qualité acceptable et en quantité suffisante pour assurer les moyens de subsistance, le bien-être humain et le développement socioéconomique, pour garantir une protection contre la pollution d’origine hydrique et les catastrophes liées à l’eau, et pour préserver les écosystèmes dans un climat de paix et de stabilité politique. L’insécurité hydrique survient lorsqu’un ou plusieurs de ces besoins ne sont pas satisfaits.
- La vulnérabilité hydrique est liée aux risques physiques de pénurie d’eau (stress hydrique de référence ; variations saisonnières et d’une année à l’autre ; diminution des eaux souterraines et sécheresses) et au niveau des services d’approvisionnement en eau.
- Les sources comprennent des rapports du Cluster mondial EAH, des fournisseurs et de données probantes anecdotiques recueillies auprès de communautés touchées.
À propos de la Semaine mondiale de l’eau:
La Semaine mondiale de l’eau, qui a lieu chaque année depuis 1991, est la principale conférence sur les questions liées à l’eau. Cet événement à but non lucratif est né d’un effort commun auquel contribuent plusieurs organisations de premier plan et attire une multitude de participants provenant de nombreux horizons professionnels différents et des quatre coins du monde. Ensemble, nous développons des solutions aux plus grands problèmes mondiaux liés à l’eau, en couvrant des sujets allant de la sécurité alimentaire et la santé à l’agriculture, en passant par la technologie, la biodiversité et la crise climatique.