Alors qu’un premier cas de COVID-19 vient d’être déclaré au Yémen, dans la province de Hadramout, la pandémie risque d’avoir un impact catastrophique dans le pays qui connait l’une des crises les plus graves et complexes du monde.
Le conflit que connaît actuellement le Yémen est l’une des crises humanitaires les plus graves du monde, avec plus de 22 millions de personnes en attente d’une aide d’urgence, et près de 3 millions de personnes déplacées intérieurement. Avec une économie en déclin et un très faible accès aux infrastructures de santé et sanitaires, l’apparition de cas de COVID-19 dans le pays pourrait avoir des conséquences potentiellement dévastatrices pour les enfants et les familles les plus vulnérables.
Une situation déjà très préoccupante pour des millions d’enfants
Près de 24 millions de Yéménites, soit 80% de la population, dépendent d’une forme d’aide humanitaire pour vivre. Le manque de nourriture, les déplacements de population et l’impossibilité d’accéder aux services essentiels sont le quotidien de millions d’enfants. S’y ajoutent d’autres défis majeurs tels que les conséquences du conflit sur la santé, comme la malnutrition ou encore l’exposition à des maladies infectieuses.
Aujourd’hui, aucun cas d’infection due au COVID-19 n’est recensé parmi les enfants yéménites. Pour autant, il est évident qu’ils seront les plus touchés par les effets de la pandémie : arrêt des campagnes de vaccination, ralentissement des acheminements humanitaires, fermeture des écoles… Dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.
Au Yémen, un risque particulièrement élevé en raison du manque d’accès à des infrastructures sanitaires
Au risque de famine s’ajoutent les épidémies de dengue et de choléra qui frappent régulièrement le pays en raison du système de santé très faible et du manque d’accès à l’eau potable . Alors que le lavage de mains à l’eau et au savon est un geste essentiel pour se protéger et protéger les autres des risques de contamination, pour une grande partie des Yéménites, c’est impossible. Pour s’approvisionner en eau, un grand nombre de familles dépendent des puits et fontaines publiques. Ces sources publiques sont souvent très fréquentées, et la collecte d’eau est, de manière générale, assurée par les femmes et les filles, les exposant à un risque élevé de propagation du COVID-19.
Dans une situation déjà critique – un cessez le feu a été demandé par les Nations unies mais le conflit ne s’est pas arrêté – des millions d’enfants sont face à une menace encore plus grande avec l’arrivée du COVID-19 et les mesures de confinement limitant la présence du personnel humanitaire. Plus de 9 millions d’enfants n’ont pas directement accès à l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène et seul un tiers de la population à accès à l’eau courante. « Le Yémen continue d’être l’un des pays les plus pauvres en eau du monde. L’accès à l’eau potable a été gravement affecté par des années de sous-investissement et le conflit », explique Bismarck Swangin, Directeur de la communication d’UNICEF au Yémen.
UNICEF est engagé dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord pour soutenir les efforts de lutte contre le COVID-19
En lien avec un vaste réseau de partenaires, UNICEF travaille chaque jour sur le terrain pour soutenir les efforts de lutte contre le COVID-19 dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, où l’on estime que 74 millions de personnes sont à risque. La circulation d’informations sur les pratiques permettant de réduire les risques d’infection, l’acheminement de fournitures médicales et sanitaires essentielles ou encore du savon et des désinfectants pour les mains sont parmi les actions menées pour aider les enfants et les familles les plus vulnérables.
Malgré la fermeture des frontières et la perturbation des services aériens dans la région, UNICEF a livré jusqu’à présent 1,6 millions de matériel dans toute la région. Cela comprend le soutien aux personnels de santé en première ligne par la livraison de fournitures médicales et sanitaires essentielles comme des équipements de protection individuelle et des produits d’hygiène, ainsi que la formation des travailleurs de la santé à la prévention des infections.