A l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, le 10 octobre, l’UNICEF France et une quinzaine d’associations de la société civile adressent une lettre ouverte à la Première ministre Elisabeth Borne pour rappeler l’urgence d’adopter une stratégie nationale interministérielle ambitieuse pour la santé mentale des enfants et des jeunes.
Paris, le 9 septembre 2023 – Alors que les données ne manquent pas pour illustrer une dégradation inquiétante de l’état de santé mentale des enfants et des jeunes – notamment depuis la crise du Covid-19 –, force est de constater que les efforts du gouvernement sont insuffisants au regard des besoins et du retard accumulé.
Ainsi, en 2021, près d’un jeune sur cinq aurait traversé un épisode dépressif ; un chiffre en augmentation de 80 % par rapport à 2017. Le nombre d’appels passés à SOS Amitié par des jeunes de moins de 14 ans en détresse a, lui, augmenté de 40 %. A Mayotte, la dépression touche 26 % des filles et 23 % des garçons de 15 à 19 ans. Le consensus scientifique, médical et social sur la détérioration de cette problématique de santé publique est indiscutable et les statistiques pour en démontrer l’urgence sont innombrables.
Face à ces chiffres alarmants et à la succession de nombreuses actualités tragiques en Une des médias, le 27 septembre dernier, Elisabeth Borne avait déclaré que « la santé mentale des jeunes victimes de harcèlement, et plus généralement de tous les jeunes, est une priorité ». Pourtant la santé mentale des jeunes générations fait l’objet de mesures sporadiques et désaccordées sans pour autant constituer une stratégie interministérielle ou un plan d’urgence qui sont absolument essentiels. Il n’en demeure pas moins que ces jeunes sont les adultes de demain.
Les besoins en matière de prévention, de détection des troubles, de prise en charge, d’accès et de qualité des soins et d’accompagnement explosent mais demeurent sans réponse et laissent démunis enfants, familles et professionnels de la santé et de l’éducation. Des solutions coordonnées doivent leur être apportées sans délai.
L’UNICEF France et les associations cosignataires appellent donc le gouvernement à garantir la tenue des Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant – maintes fois reportées au cours des derniers mois – en portant une attention particulière à la santé mentale. Ces Assises doivent aboutir à l’établissement de mesures fortes et ambitieuses et inscrire cette priorité de santé publique dans une dynamique interministérielle et intersectorielle.
« La santé mentale constitue évidemment un enjeu de santé publique, mais il s’agit d’abord d’un droit fondamental pour chaque enfant. Alors que la situation ne cesse de s’aggraver, je réitère notre appel pour que la santé mentale soit une priorité absolue afin que chaque enfant puisse bénéficier du soutien et des soins dont il a besoin », appelle Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF France.
Notes aux rédactions :
L’UNICEF France et les associations signataires ont formulé 10 recommandations au gouvernement; les « 10 mesures clés pour agir urgemment en faveur de la santé mentale des enfants » :
- Élaborer une stratégie nationale en faveur de la santé mentale des enfants et des jeunes ;
- Développer l’obtention de données détaillées sur la santé de l’enfant et de l’adolescent ;
- Augmenter les ressources allouées aux services de soins, en particulier la pédopsychiatrie, en
prévoyant des financements pérennes à la hauteur des besoins ; - Renforcer les dispositifs de prévention et de soutien à la parentalité et mettre en place des
dispositifs de soutien aux aidants ; - Mettre en place des campagnes de sensibilisation en faveur d’une vision positive de la santé
mentale et promouvoir la santé mentale dans tous les espaces de vie des enfants ; - Soutenir la coordination des différents corps de métiers contribuant au bien-être et au
développement de l’enfant ; - Renforcer les dispositifs d’aller vers les enfants les plus éloignés du système de prise en charge,
notamment par le biais des équipes mobiles de pédopsychiatrie et de la médiation en santé ; - Garantir une adaptation des Stratégies nationales et des dispositifs de prise en charge en
fonction des besoins de chaque territoire, en portant une attention spécifique sur les enfants des
territoires d’Outre-mer ; - Créer des dispositifs de participation des enfants et des jeunes dans leurs parcours de soins,
mais aussi en concertation avec les proches/la famille des enfants et des jeunes ; - Améliorer le dispositif Mon soutien Psy afin que les enfants, en particulier les plus vulnérables
puissent en bénéficier.
Télécharger les recommandations détaillées ICI.
Consulter la lettre ouverte ICI.
Signataires :
- Adeline Hazan, Présidente d’UNICEF France
- Farouk Amri, Président de l’AKATIJ
- Pr Gisèle Apter, Présidente de la Société d’information psychiatrique
- Patrick Baudouin, Président de la Ligue des droits de l’homme
- Amandine Buffière, Présidente de la Fédération des centres médico-psycho-pédagogiques
- Pascal Brice, Président de la Fédération des acteurs de la solidarité
- Patrick Cottin, Président d’honneur de l’Association nationale des Maisons des adolescents
- Pr Bruno Falissard, Président de la Société Française de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent et des Disciplines Associées
- Daniel Goldberg, Président de l’Union Nationale Interfédérale des Œuvres Privées Sanitaires et Sociales
- Dr Christophe Libert, Président de l’Association des Psychiatres Infanto-juvéniles de secteur sanitaire et médico-social
- Gladys Mondière, Présidente de la Fédération Française des psychologues et de psychologie
- Alexandre Prouteau, Président de l’Association Française des Psychomotriciens Libéraux
- Marie-Jeanne Richard, Présidente de l’Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques
- Hélène Roche, Secrétaire de l’association Protéger l’enfant
- Dr Deborah Sebbane, Présidente de l’Association des jeunes pédopsychiatres et jeunes addictologues
- Romain Zupranski, Président de la Fédération Française des Psychomotriciens