« En tant qu’enfants, nous ne sommes pas vraiment écoutés. » confie un garçon de 16 ans aux équipes de l’UNICEF.
En France et partout dans le monde, les enfants et les adolescents ne cessent d’affirmer leur souhait d’être entendus au niveau politique. Grèves, manifestations, mobilisations collectives, débats, sit-in… ils s’impliquent dans la vie démocratique de leurs villes, régions, et pays.
Alors même qu’ils représentent un habitant sur cinq en France et que les décisions politiques ont un impact sur leur vie quotidienne, les mineurs se heurtent à une opinion publique qui les perçoit souvent comme trop jeunes pour être concernés par la politique, dépolitisés, voire vecteurs d’agitation plutôt qu’acteurs du changement.
Le droit pour les enfants d’être entendus, un droit trop peu appliqué
En France :
73 % des enfants et des adolescents estiment qu’ils ne sont pas assez ou mal associés aux décisions politiques les concernant
Seuls 37 % des lycéens se sentent en capacité d’intervenir dans la vie politique
Un élève de Terminale sur quatre n’a pas du tout, ou peu, confiance dans le système démocratique
2/3 des membres de conseils d’enfants ou de jeunes dans les collectivités territoriales estiment que leurs contributions n’ont pas d’influence sur les décisions prises
Ces chiffres font écho à la réalité de millions d’enfants et d’adolescents dont la parole et l’opinion sont peu considérées. Les causes sont multiples : freins culturels, manque de ressources humaines ou financières, absence de sensibilisation et de formation ou simple impensé.
« C’est important d’échanger des idées entre grands et petits parce que nous on vit des choses que les adultes ne vivent pas. » – poursuit un autre jeune.
Pour les enfants qui habitent dans les collectivités d’Outre-mer, ceux en situation de pauvreté ou d’exclusion sociale, ces difficultés sont accrues. À la croisée des privations, ils sont d’autant plus éloignés des processus de prise de décision et rencontrent de nombreux obstacles pour faire entendre leurs voix.
Pourtant, tous les enfants, sans aucune distinction, doivent pouvoir participer à la vie démocratique de leur pays. C’est un droit fondamental et un des 4 principes directeurs de la Convention internationale des droits de l’enfant.
Malgré les progrès réalisés en France depuis l’adoption de la CIDE il y a 35 ans, ce droit est encore loin d’être effectif.
La majorité des décisions publiques qui ont un impact sur la vie des enfants est prise sans les consulter ou sans tenir compte de leur avis.
Garantir la prise en compte de l’opinion des enfants et des adolescents, une priorité pour l’UNICEF
À travers son nouveau rapport, l’UNICEF France demande au gouvernement de garantir aux enfants et adolescents la pleine effectivité du droit d’être entendu, et ce, à tous les niveaux.
Parce qu’elles ont un impact indéniable sur la vie des enfants et des jeunes, les politiques publiques doivent être construites avec eux.
Nos recommandations
- Définir un cadre juridique commun pour encadrer les processus de participation citoyenne via une « loi-cadre » prenant en compte les mineurs
- Créer une clause impact enfance qui garantit la consultation des enfants et adolescents dans le cadre de l’examen des textes de loi ayant une incidence directe sur leurs vies
- Développer la recherche sur la participation politique des mineurs et rendre les données existantes plus visibles
- Recenser les conseils d’enfants et/ou de jeunes mis en place dans les collectivités territoriales
- Désigner un référent national sur la participation des enfants au sein de la Délégation interministérielle de la transformation publique (DITP), appuyé par le Centre interministériel de la participation citoyenne (CIPC) et chargé de proposer un accompagnement stratégique et méthodologique aux acteurs publics dans la mise en œuvre de démarches de participation citoyenne avec des enfants
- Sensibiliser les enfants à leurs droits, et notamment leur droit d’être entendus et leur droit à la liberté de réunion pacifique
- Favoriser l’apprentissage de la démocratie par la pratique en généralisant les visites d’institutions républicaines, rencontres avec les élus ou encore simulations parlementaires dans le parcours de formation des élèves, et en privilégiant des pédagogies actives
- Abaisser l’âge de vote à 16 ans aux élections municipales
- Développer les instances formelles de participation des enfants et des adolescents à l’élaboration, au suivi et à l’évaluation des politiques publiques, au niveau national et au niveau local, en s’appuyant sur les critères de qualité énoncés par le Comité des droits de l’enfant
- Adopter un indicateur relatif à l’inclusivité et à la mixité sociale lors de la mise en place de démarches participatives associant des enfants et des adolescents, et faciliter l’accès de ces enfants aux dispositifs participatifs en levant les freins (financiers, techniques, matériels…) à leur participation