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Le 4 mars 2023, des garçons regardent leur école inondée à Bentiu, dans l'État de l'Unité, au Sud-Soudan. D'importantes inondations ont touché des milliers de personnes dans l'État de l'Unité et beaucoup ont dû fuir leur maison.© UNICEF/UNI424890/Naftalin
© UNICEF/UNI424890/Naftalin

L'expression artistique pour soigner les blessures invisibles des enfants soldats

Le Soudan du sud, situé à l’est du continent africain, indépendant depuis le 9 juillet 2011 est le plus jeune pays du monde. Il est aussi malheureusement une terre de conflit perpétuel. En 2013, éclate une sanglante guerre civile, qui provoque l’exode de milliers de personnes, familles et enfants forcés de quitter leur terre.

Cette guerre connue aujourd’hui comme ayant conduit à la plus grave crise des réfugiés en Afrique, est aussi celle de la tragédie des enfants soldats. Des milliers d’entre eux ont été kidnappés, arrachés de force à leurs familles et enrôlés dans les groupes armés.

A l’occasion de la Journée internationale des enfants soldats, Jonathan Veitch, représentant de l’UNICEF au Soudan du sud de 2013 à 2016, témoigne.

Depuis plusieurs années, le Soudan du sud est dévasté par la guerre. Les victimes ont été innombrables et parmi elles, des milliers d’enfants. Pouvez-vous nous exposer leur situation ?

Le Soudan du sud a vu le jour en 2011 après de longues années de guerre civile avec le nord. Ses immenses terres, sa position géographique et ses ressources naturelles le prédestinaient à une forte croissance, à condition bien sûr que règnent la paix et la stabilité.
Malheureusement, l’espoir a été de courte durée. Les conflits internes entre différentes tribus ont relancé la guerre, plongeant le pays dans une situation absolument horrible. Des centaines de milliers de personnes ont été tuées, déplacées ou ont dû fuir le pays.

Certains ont trouvé refuge dans des camps mis en place par l’ONU, comme celui de Bentiu, au nord du pays.

Au cœur de la guerre, certains enfants ont été enrôlés de force par les groupes armés. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Malheureusement, le Soudan du sud a connu une longue histoire d’enfants soldats, recrutés pendant les conflits armés. Certains ont été enrôlés de force lorsque leurs villages sont tombés aux mains d’une autre tribu. D’autres, sont devenus enfants soldats en désespoir de cause. L’extrême pauvreté a conduit certains parents à laisser leurs enfants aux mains des groupes armés, dans l’espoir qu’ils y trouvent au moins de quoi se nourrir et survivre.

Lorsque ces groupes attaquent un village, ils font de nombreuses victimes, kidnappent des femmes, des filles et des garçons. Les enfants enrôlés, les plus jeunes notamment, s’occupent du ménage ou de la cuisine. Mais une fois adolescents, ils sont contraints à porter une arme pour se battre.

Vous avez évoqué le sort des enfants soldats et les dures réalités auxquels ils sont confrontés. Parmi les enfants kidnappés, se trouvent de nombreuses filles. Quelle est la situation des filles enrôlées dans les groupes armés ?

Leur réalité est encore plus dramatique. Elles ne vont pas au front mais elles subissent des violences d’un autre genre. Elles peuvent être abusées sexuellement et battues surtout si elles sont issues d’une tribu rivale. Au Soudan du sud, les taux de violences basées sur le genre sont parmi les plus élevés au monde et le viol a longtemps été une arme de guerre.
La situation des filles enrôlées de force dans les groupes armés demande donc une attention particulière.

Quel rôle joue l’UNICEF dans la prise en charge de ces enfants ?

L’enrôlement des enfants dans les groupes et forces armés est une violation du droit international humanitaire. L’UNICEF surveille la situation de très près notamment en collectant des données sur le nombre d’enfants tués, kidnappés et ceux arrachés de force à leur famille. Ces données sont ensuite communiquées au Conseil de sécurité de l’ONU qui se charge de rappeler à l’ordre les parties concernées.

Avec nos partenaires, nous œuvrons à libération, à la réinsertion et à la protection de chaque enfant. L’UNICEF négocie la libération de nombreux enfants soldats en travaillant en étroite collaboration avec la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé. C’est un travail qui se poursuit encore aujourd’hui.

La guerre a un impact sur la santé des enfants et provoque des traumatismes profonds qui peuvent les suivre toute une vie. Que fait l’UNICEF pour les accompagner dans leur reconstruction et leur réinsertion ?

Une fois libérés, on s’assure qu’ils ont de nouveau accès à l’éducation, et ce, le plus rapidement possible. Le personnel enseignant est formé afin de comprendre leurs traumatismes et de faciliter leur réintégration en douceur. Nous travaillons également avec des psychologues pour assurer un suivi psychosocial.

Par ailleurs, nos équipes mettent tout en œuvre pour permettre aux enfants de retrouver leurs familles. Mais avant, plusieurs paramètres sont analysés : savoir si les parents sont toujours en vie, s’ils ont les moyens de s’occuper de l’enfant, etc. C’est donc une approche globale qui intègre la santé, l’éducation et la reconstruction psychologique de l’enfant.

En 2016, vous invitiez Jean-Denis Pendanx dans le camp de Bentiu, au Soudan du sud, pour organiser des ateliers d’art pour les enfants. C’est d’ailleurs ce séjour qui a inspiré le roman graphique « L’œil du Marabout » paru le 7 février 2024. Quelle a été la place de ces ateliers d’art dans le processus de reconstruction des enfants soldats ?

La thérapie par l’art a fait un bout de chemin depuis plusieurs années et est souvent utilisée par les psychologues de l’enfance pour aider les plus jeunes à surmonter leurs traumatismes.
Lorsqu’un enfant traumatisé ne peut plus parler ou écrire, il peut encore s’exprimer grâce à l’art.

Jean-Denis Pendanx, auteur de « L’œil du Marabout » est un artiste exceptionnel avec une immense empathie.
Lorsque j’étais représentant de l’UNICEF au Soudan du sud, nous étions ravis qu’il puisse organiser ces ateliers d’art. C’était une expérience extraordinaire. Les enfants ont créé de belles œuvres, pleines de couleurs avec des matières différentes sur les murs du camp de Bentiu. C’était une chance de travailler avec Jean-Denis et je suis très heureux que ce roman graphique en soit le résultat.

Son art rend de façon poignante et fidèle la situation de ces enfants et la réalité des conditions dans lesquelles ils vivent.

Nous lui sommes donc très reconnaissants, ainsi qu’à l’UNICEF France, pour ce projet qui permettra de soutenir les actions de l’UNICEF en faveur des enfants affectés par les conflits armés.

Page de couverture BD L’œil du marabout.
Cases de la BD L’œil du Marabout

L’Œil du marabout, de Jean-Denis Pendanx 
© Éditions Daniel Maghen, 2024 
Ouvrage soutenu par le Centre national du livre 

Avez-vous un dernier message pour conclure ?

En 2023, il ne s’est pas passé un jour sans que les enfants ne soient victimes des pires horreurs, sous nos yeux, devant nos écrans, et parfois loin de l’attention médiatique. Des milliers ont été tués, d’autres blessés, abusés et privés de leurs droits fondamentaux. Pourtant, ils sont innocents. Nous devons continuer à lutter, pour que chaque enfant soit protégé, traité avec dignité et respect.

Le travail de l’UNICEF n’a jamais été aussi important et nous continuerons à nous mobiliser.