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Faisons de la lutte contre la pauvreté des enfants une priorité

Dans une tribune parue aujourd’hui dans le Journal du Dimanche, Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF France, Michèle Peyron et Isabelle Santiago, députées et vice-présidentes de la Délégation aux droits des enfants appellent à faire de la lutte contre la pauvreté des enfants une priorité nationale.

Paris, le 12 mars 2023 – Aujourd’hui en France, plus d’un enfant sur cinq vit en situation de pauvreté. Combien seront-ils demain, dans un contexte économique et social marqué par les crises économiques et sociales qui ont aggravé les inégalités ?

Si les données sur la pauvreté des enfants sont loin d’être assez documentées, un certain nombre d’indicateurs – notamment les indicateurs de « grande pauvreté » – sont au rouge et doivent nous alerter. C’est notamment le cas du nombre d’enfants sans-abri, en hausse depuis plusieurs années, mais également de la situation préoccupante de la grande pauvreté des enfants dans certaines collectivités territoriales d’Outre-mer.

Le 5 décembre 2022, la Fédération des acteurs de la solidarité dénombrait 1 346 enfants sans solution d’hébergement et donc potentiellement contraints de dormir dans la rue ou des abris de fortune. Plus récemment, la Nuit de la Solidarité a permis de recenser 105 enfants dans les rues de Paris. C’est la première fois depuis l’existence de ce dispositif que l’on décompte un nombre aussi élevé de familles et d’enfants sans-abri.

La pauvreté des parents conditionne l’avenir de leurs enfants

La pauvreté des enfants est souvent la conséquence immédiate de la précarité de leurs parents. Mais elle a des conséquences encore plus graves sur leur vie. Elle affecte leur bien-être et leur développement, entrave l’effectivité de leurs droits fondamentaux comme le droit à la santé ou à l’éducation, et aura une incidence durable et déterminante sur leur avenir. La pauvreté des enfants mérite ainsi donc une attention particulière qui doit se concrétiser par la mise en œuvre d’une politique ambitieuse tenant pleinement compte de leurs droits et de leur intérêt supérieur.

L’heure est à l’action !

La pauvreté n’est pas une fatalité, elle est la conséquence de choix politique et économique. C’est la raison pour laquelle, à chaque niveau de décision, des communes jusqu’à à l’Union européenne, il importe d’activer les leviers existant afin de mener des politiques structurelles de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale des enfants.

L’Union européenne s’est fixée pour objectif de réduire de 15 millions le nombre de personnes menacées de pauvreté d’ici 2030, parmi lesquelles 5 millions d’enfants. Nous nous sommes ainsi réjouis de l’adoption par les États membres en juin 2021, pendant la présidence française de l’Union européenne, d’une Garantie européenne pour l’enfance visant à lutter contre la pauvreté des enfants en leur garantissant un accès effectif aux services essentiels. Cependant, force est de constater que près de deux années plus tard, celle-ci n’a toujours pas trouvé de traduction concrète à l’échelle nationale.

Dans un contexte de renouvellement des politiques nationales de lutte contre la pauvreté, nous appelons le Gouvernement à se saisir de l’opportunité que représente le nouveau Pacte des Solidarités, pour réaffirmer et mettre en œuvre les engagements pris dans le cadre de la Garantie européenne pour l’enfance, et de faire de la lutte contre la pauvreté des enfants une priorité nationale, sur l’ensemble du territoire et sans oublier les territoires ultra-marins.

La lutte contre la pauvreté des enfants est une responsabilité collective et doit ainsi mobiliser l’ensemble des acteurs, tant à l’échelon national qu’à celui des collectivités, départements et des villes où elle prend tout son sens. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons garantir à chaque enfant des conditions de vie dignes et respectueuses de leurs droits.