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Mohammed, 9 ans, marche sur les décombres de sa maison détruite dans la rue Omar Al-Mukhtar, à Gaza. © UNICEF/UNI501985/Al-Qattaa
Mohammed, 9 ans, marche sur les décombres de sa maison détruite dans la rue Omar Al-Mukhtar, à Gaza. © UNICEF/UNI501985/Al-Qattaa

Gaza : dix conditions pour éviter une catastrophe plus grave encore

Genève/ New York/ Rome, le 21 février 2024 – Moins de cinq mois après les attaques brutales du 7 octobre et l’escalade qui a suivi, des dizaines de milliers de Palestiniens – principalement des femmes et des enfants – ont été tués et blessés dans la bande de Gaza. Plus des trois quarts de la population ont été forcés de quitter leurs maisons, souvent à plusieurs reprises, et sont confrontés à de graves pénuries de nourriture, d’eau, d’installations sanitaires et de soins de santé – les besoins fondamentaux pour survivre.

Le système de santé continue de se dégrader progressivement, entraînant des conséquences catastrophiques. Au 19 février, seuls 12 des 36 hôpitaux dotés d’une capacité d’accueil fonctionnaient encore, et ce partiellement. Depuis le 7 octobre, plus de 370 attaques ont été dirigées contre les structures de santé à Gaza.

Les maladies se répandent. La famine est imminente. L’eau arrive au compte-gouttes. Les infrastructures de base ont été détruites. La production alimentaire s’est arrêtée. Les hôpitaux sont devenus des champs de bataille. Un million d’enfants sont confrontés à des traumatismes quotidiens.

Rafah, le dernier refuge de plus d’un million de personnes déplacées, affamées et traumatisées, entassées sur cette petite parcelle de terre, s’est transformée en un nouveau champ de bataille dans ce conflit meurtrier. Une nouvelle escalade de la violence dans cette zone densément peuplée ferait des victimes en masse. Elle pourrait également porter un coup fatal à une réponse humanitaire déjà largement compromise.

Il n’y a pas d’endroit sûr à Gaza.

Les travailleurs humanitaires, eux-mêmes déplacés et confrontés aux bombardements, à la mort, aux restrictions de mouvement et à l’effondrement de l’ordre civil, poursuivent leurs efforts pour venir en aide aux populations dans le besoin. Mais face à tant de barrières, y compris les restrictions de sécurité et de mouvement, ils ne peuvent agir pleinement.

Aucune réponse humanitaire ne pourra compenser les mois de privation que les familles de Gaza ont endurés. Cet appel est notre tentative de sauver les opérations humanitaires afin de pouvoir fournir, au minimum, les produits de première nécessité : des médicaments, de l’eau potable, de la nourriture et des abris, alors que les températures chutent.

Pour cela, nous demandons :

  1. un cessez-le-feu immédiat,
  2. la protection des civils et des infrastructures dont ils dépendent,
  3. la libération immédiate des otages,
  4. des points d’entrée sûrs qui nous permettraient d’acheminer l’aide depuis tous les points de passage possibles, y compris vers le nord de la bande de Gaza,
  5. des garanties de sécurité et un passage sans entrave pour distribuer l’aide, à grande échelle, dans toute la bande de Gaza, sans refus, sans retards et sans restrictions d’accès,
  6. un système de notification humanitaire opérationnel pour que le personnel et les fournitures humanitaires puissent se déplacer à l’intérieur de la bande de Gaza et acheminer l’aide en toute sécurité,
  7. des routes praticables et de zones nettoyées des engins explosifs,
  8. un réseau de communication stable qui permette aux humanitaires de se déplacer en toute sécurité,
  9. que l’UNRWA*, pilier des opérations humanitaires à Gaza, reçoive les ressources nécessaires pour fournir une assistance vitale,
  10. de mettre un terme aux campagnes visant à discréditer les Nations unies et les organisations non gouvernementales qui font de leur mieux pour sauver des vies.

Malgré les risques, les organisations humanitaires restent mobilisées. Mais elles ne peuvent pas être livrées à elles-mêmes et recoller seules les morceaux.

Nous demandons à Israël de remplir son obligation légale, en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme, de fournir des denrées alimentaires et des fournitures médicales ainsi que de faciliter les opérations d’aide, et nous demandons aux dirigeants du monde entier d’empêcher qu’une catastrophe encore plus grave ne se produise.

  • M. Martin Griffiths, coordinateur des secours d’urgence et secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires (OCHA)
  • Mme Sofia Sprechmann Sineiro, secrétaire générale, CARE International
  • Dr. Qu Dongyu, directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
  • Mme Jane Backhurst, Présidente, ICVA (Christian Aid)
  • M. Jamie Munn, directeur exécutif, Conseil international des agences bénévoles (ICVA)
  • M. Tom Hart, directeur général et président, InterAction
  • Mme Amy E. Pope, directrice générale, Organisation internationale pour les migrations (OIM)
  • Mme Tjada D’Oyen McKenna, directrice générale, Mercy Corps
  • M. Volker Türk, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (OHCHR)
  • Mme Janti Soeripto, présidente et directrice générale, Save the Children
  • Mme Paula Gaviria Betancur, Rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays
  • M. Achim Steiner, administrateur, Programme des Nations unies pour le développement (PNUD)
  • Mme Natalia Kanem, directrice exécutive, Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP)
  • M. Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR)
  • M. Michal Mlynár, directeur exécutif a.i., Programme des Nations unies pour les établissements humains (UN-Habitat)
  • Mme Catherine Russell, directrice exécutive, Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF)
  • Mme Sima Bahous, secrétaire générale adjointe et directrice exécutive, ONU Femmes
  • Mme Cindy McCain, directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM)
  • M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)