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Gaza : la guerre incessante continue d'infliger des horreurs aux enfants

Amman / Genève, le 9 août 2024 – « La guerre incessante à Gaza continue d’infliger des horreurs à des milliers d’enfants, et beaucoup trop d’entre eux sont séparés de leurs proches.

Samedi, j’ai rencontré Yahya, 8 mois. Après plusieurs tentatives et quatre jours d’un long et dangereux trajet ensemble, à travers les points de contrôle militaires au nord de la bande de Gaza, Yahya a rencontré son père, Zakaria, pour la première fois.

Le petit Yahya est né à l’hôpital Kamal Adwan le 27 novembre 2023. Il est né prématurément et a été transféré à l’hôpital Shifaa pour des soins médicaux néonatals. Peu après, une opération militaire a eu lieu autour de l’hôpital Shifaa et il a été évacué vers l’hôpital Al-Aqsa à Deir al-Balah, au milieu de la bande de Gaza. Mais ses parents ont été contraints de rester dans le nord.

Une fois rétabli, Yahia a finalement été placé dans une structure d’accueil temporaire et mis en sécurité avec le soutien de l’UNICEF et de ses partenaires, qui ont réussi à rester en contact avec sa famille. Le moment était enfin venu de le réunir avec sa mère et son père, qui ont dû endurer des mois d’incertitude et de peur avant de pouvoir le serrer dans leurs bras.

Cette mission réussie, dont ont bénéficié sept enfants de quatre familles, a été l’un des rares moments de joie dans un environnement par ailleurs si sombre. Mais cela n’a pas été sans difficultés. Avant d’aboutir, notre mission de réunification s’est vue refuser l’accès par trois reprises, malgré la coordination préalable et les approbations initiales. Deux semaines auparavant, une autre voiture de l’UNICEF en mission de réunification avait été touchée par trois balles alors qu’elle attendait à un point d’arrêt, en route vers le nord. Mais notre petite victoire, voir Zakaria pleurer de joie et de soulagement, est la raison pour laquelle nous persistons malgré les nombreux défis.

Lors de ce déplacement, j’ai été profondément choqué par l’ampleur des souffrances, des destructions et des déplacements de population à Gaza. Les images que le monde voit à la télévision donnent un aperçu important de l’enfer que les gens endurent depuis plus de dix mois. Ce qu’elles ne montrent pas complètement, c’est que derrière les bâtiments effondrés, ce sont des quartiers entiers, des moyens de subsistance et des rêves qui ont été réduits à néant.

Lorsque l’on voit une mère déplacée portant son enfant et tous ses biens sur son dos, on ne voit pas les centaines de personnes déracinées la suivre sur la route.

Un enfant perdu, comme Yahya, est en réalité l’histoire de milliers de personnes.

La vie d’un enfant à Gaza, au dixième mois de ce conflit, n’est pas une vie. Nous ne le dirons jamais assez : il n’y a pas d’endroit sûr, et tout vient à manquer, la nourriture, l’eau, le carburant, les médicaments. Tout.

Lorsque vous marchez dans les dédales des abris de fortune, vous avez du mal à escalader le sable sur lequel ils reposent et vous sentez l’odeur forte des eaux usées qui envahit les chemins alentours. Vous êtes frappés par les nombreux enfants qui errent autour et vous posent une seule question : « Monsieur, quand la guerre se terminera-t-elle ? ».

On estime qu’à Deir al-Balah, où la plupart des personnes déplacées ont fui ces derniers mois, le système d’assainissement qui fonctionne partiellement, est sept fois plus sollicité qu’il ne le devrait en raison des vagues massives de déplacements dans la région. Par conséquent, le réseau d’égouts, vieux de plusieurs décennies, est en grande partie obstrué et présente des fuites.

Les familles m’ont demandé d’urgence du savon et des produits d’hygiène. Elles utilisent de l’eau et du sel pour nettoyer leurs enfants ou font bouillir de l’eau avec des citrons pour essayer de traiter les éruptions cutanées. Elles me disent que les médecins n’ont pas la capacité ou les médicaments nécessaires pour les traiter, que des cas médicaux plus graves arrivent toutes les heures et qu’il n’y a plus de fournitures sur les étagères. C’est ainsi que les éruptions cutanées se propagent.

Il y a également une grave pénurie de médicaments pour les enfants souffrant de maladies préexistantes telles que le cancer et les maladies congénitales.

À l’hôpital Al-Aqsa, j’ai rencontré Abdel Rahman, 10 ans, qui avait été blessé à la jambe lors d’une frappe aérienne. Sa jambe n’a jamais guéri et, après avoir consulté les médecins, on lui a diagnostiqué un cancer des os. Sa mère, Samar, m’a dit d’une voix brisée : « J’aimerais que mon enfant meure et qu’il ne souffre pas comme il le fait maintenant, pouvez-vous croire que je souhaite cela maintenant ? »

Dans la bande de Gaza, un enfant atteint d’une maladie est condamné à une mort lente parce qu’il ne peut pas recevoir le traitement dont il a besoin et qu’il a peu de chances de survivre assez longtemps pour s’en sortir.

Le seul espoir de survie de ces enfants est un cessez-le-feu. Les enfants de Gaza s’accrochent encore à la conviction que ce jour viendra, et l’UNICEF partage cet espoir. L’obtention d’un cessez-le-feu est toujours possible, plus nécessaire que jamais et se fait attendre depuis trop longtemps. Chacun doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour plaider en sa faveur. »

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Dalal, 4 ans. La crise qui ne cesse de s'aggraver au Liban a un impact disproportionné sur les plus vulnérables de la société. © UNICEF/UN0553706/Choufany

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