Les enfants ont perdu en moyenne un jour et demi d’école par semaine en janvier.
Port-au-Prince /Panama City/New York, le 9 février 2023 – Les actes de violence armée contre les écoles en Haïti, notamment les fusillades, les saccages, les pillages et les enlèvements, ont été multipliés par neuf en un an, alors que l’insécurité croissante et les troubles généralisés commencent à paralyser le système éducatif du pays, a averti l’UNICEF aujourd’hui.
Les écoles devenues cibles de violence
Au cours des quatre premiers mois de l’année scolaire (octobre – février), 72 écoles auraient été prises pour cible, contre 8 au cours de la même période l’année dernière. Selon les rapports des partenaires de l’UNICEF, au moins 13 écoles ont été prises pour cible par des groupes armés, une école a été incendiée, un élève a été tué et au moins deux membres du personnel ont été enlevés. Rien qu’au cours des six premiers jours de février, 30 écoles ont été fermées en raison de l’escalade de la violence dans les zones urbaines, alors que plus d’une école sur quatre est restée fermée depuis octobre dernier.
« En Haïti, les écoles ont toujours été considérées et respectées comme des refuges sûrs, mais au cours des derniers mois, elles sont devenues des cibles de violence », a déclaré le représentant de l’UNICEF en Haïti, Bruno Maes. « Dans certaines zones urbaines du pays, des groupes armés considèrent le pillage des écoles comme une alternative lucrative à d’autres formes d’extorsion et de criminalité. Cela doit cesser. Le ciblage des écoles par les groupes armés a un impact énorme sur la sécurité, le bien-être et la capacité d’apprentissage des enfants. »
On estime qu’un million d’enfants ne sont pas scolarisés en Haïti en raison des troubles sociaux et de l’insécurité, du coût élevé de l’éducation, du manque de soutien aux plus vulnérables et de la médiocrité des services éducatifs, tandis que la violence contre les écoles devient rapidement une raison pour les parents de garder leurs enfants à la maison.
Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), 60 % de Port-au-Prince est contrôlé par des groupes armés. Lorsque les groupes ciblent les écoles, ils pillent fréquemment le matériel scolaire, notamment les bureaux, les bancs, les tableaux, les ordinateurs portables, les photocopieurs, les batteries et les panneaux solaires. Les sacs de riz, de pâtes et de maïs utilisés pour les repas scolaires – une bouée de sauvetage pour d’innombrables enfants en Haïti – ont également été volés, ainsi que le matériel de cantine.
Une action urgente immédiate pour protéger les écoles de la violence
Avec la montée de l’agitation sociale ces dernières semaines, de nombreux directeurs d’école ont pris la décision de fermer les écoles pour protéger les enfants d’éventuelles attaques. En conséquence, en janvier 2023, les enfants ont perdu en moyenne un jour et demi d’école par semaine. Sans action urgente pour protéger les écoles de la violence, l’UNICEF prévoit que les élèves perdront environ 36 jours d’école d’ici la fin du mois de juin.
Outre la violence armée, les troubles sociaux ont également eu un impact sur la capacité des enfants à apprendre à l’école. Le 26 janvier, par exemple, les enfants ont été contraints d’évacuer les écoles alors que de violentes manifestations de rue, suite au meurtre de 14 membres de la police, se sont propagées dans tout le pays.
« Alors que les enfants se remettent des effets de la violence armée, l’insécurité en Haïti ne montre aucun signe d’apaisement », a déclaré M. Maes. « La violence continue de faire payer un lourd tribut à la vie des enfants à Port-au-Prince et dans ses environs, et les écoles ne sont plus épargnées. Un enfant qui a peur d’aller à l’école est un enfant qui risque davantage d’être recruté par des groupes armés. Nous devons agir de toute urgence pour protéger la vie et l’avenir des enfants. »
Malgré l’escalade de la violence et de l’insécurité dans le pays, le ministère haïtien de l’Éducation a intensifié ses efforts pour ouvrir les écoles, avec 3 écoles sur 4 rouvertes d’ici décembre 2022, contre moins de 1 sur 10 en octobre.
L’UNICEF exhorte tous les acteurs à s’abstenir de toute action mettant en péril le droit des enfants à l’éducation. L’UNICEF demande également au gouvernement d’Haïti de veiller à ce que les écoles soient sûres et de tenir pour responsables les groupes et les individus qui font du mal aux enfants ou les menacent à l’école.