La faim et la malnutrition à des niveaux inédits sévissent dans tout le pays.
Port-au-Prince, le 20 juin 2023 – Les responsables de l’UNICEF et du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) ont conclu aujourd’hui leurs missions en Haïti, appelant la communauté internationale à apporter un soutien beaucoup plus important aux enfants et aux familles très vulnérables qui sont confrontés à une violence endémique, à des catastrophes naturelles meurtrières et à une résurgence du choléra.
Une crise alimentaire oubliée
« La crise alimentaire en Haïti n’est ni vue, ni entendue, ni prise en compte. La violence et les chocs climatiques font les gros titres, mais nous n’entendons pas souvent parler des 4,9 millions d’Haïtiens qui luttent pour se nourrir au quotidien », a déclaré Cindy McCain, directrice exécutive du PAM. « Proportionnellement à la population, la part d’Haïtiens confrontés à une insécurité alimentaire urgente (niveau 4 de l’IPC) est la deuxième plus élevé au monde – nous ne pouvons pas les abandonner ».
« Les besoins humanitaires sont encore plus importants aujourd’hui qu’après le tremblement de terre dévastateur de 2010, mais les ressources pour y répondre sont bien moindres », a déclaré la directrice générale de l’UNICEF, Catherine Russell. « J’ai vu et écouté les témoignages de ces enfants et familles haïtiennes qui surmontent des défis inimaginables, sans jamais renoncer. Au moment où le pays a le plus besoin d’aide, la communauté internationale ne devrait pas non plus baisser les bras. »
La violence des gangs aux racines du mal
Au total, 5,2 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence, dont près de 3 millions d’enfants. Quelque 4,9 millions de personnes ont du mal à se nourrir et les projections indiquent que plus de 115 000 enfants de moins de cinq ans souffriront de malnutrition potentiellement mortelle cette année, soit une augmentation de 30 % par rapport à l’année dernière. Le système de santé est au bord de l’effondrement, les écoles ont été attaquées par des groupes armés et les civils sont terrorisés et privés de leurs moyens de subsistance. Dans les quartiers les plus dangereux de la capitale, les femmes et les enfants subissent des violences sexuelles d’une ampleur stupéfiante. Par ailleurs, les inondations meurtrières et le tremblement de terre du mois de juin ont rappelé la vulnérabilité d’Haïti au changement climatique et aux catastrophes naturelles.
Catherine Russell et Cindy McCain se sont entretenues avec le Premier ministre Ariel Henry et d’autres représentants du gouvernement et ont visité une école soutenue par l’UNICEF et le PAM.
Passer de l’aide d’urgence à l’aide au développement
Dans la ville de Jérémie, Madame McCain a rencontré des agriculteurs et des industriels de l’agroalimentaire qui fournissent aux écoles des denrées alimentaires produites en Haïti et a échangé avec des bénéficiaires de prestations mensuelles en espèces dans le cadre d’un programme de sécurité sociale. Elle a également visité un centre de conditionnement alimentaire à Port-au-Prince, où le PAM et son partenaire fournissent des repas chauds qui sont acheminés quotidiennement vers les écoles des zones touchées par la violence armée à Cité Soleil.
Madame Russell, qui a récemment été nommée Défenseure principale d’Haïti pour le Comité permanent interorganisations – un organe collectif regroupant de hauts responsables humanitaires – a visité un site pour les familles déplacées en raison des violences, où l’UNICEF soutient un dispensaire mobile. Elle s’est également entretenue en privé avec des enfants et des femmes victimes de violences sexuelles perpétrées par les groupes armés, ainsi qu’avec les agents d’un centre de nutrition où des enfants souffrant d’émaciation sévère reçoivent des soins thérapeutiques vitaux grâce à l’UNICEF.
Malgré l’ampleur des besoins, seuls 23 % des 720 millions de dollars requis pour financer la réponse de l’ONU en 2023 ont été collectés. Le PAM quant à lui demande 330 millions de dollars pour réaliser son objectif d’aider 2,3 millions de personnes en 2023, tandis que l’UNICEF demande 246 millions de dollars pour atteindre 1,7 million d’enfants cette année.
Soutenir et renforcer les services publics essentiels
Catherine Russell et Cindy McCain ont appelé à un financement rapide et flexible qui puisse être dirigé sans délai là où les besoins sont les plus urgents.
« Haïti ne sera jamais en paix si près de la moitié de la population a faim. Avec la paix vient l’espoir d’une table bien garnie et d’un avenir meilleur », a déclaré la directrice exécutive du PAM. « Nous ne pouvons pas attendre que les Haïtiens meurent de faim pour agir, nous devons financer l’avenir du pays dès aujourd’hui. »
Madame Russell a souligné l’urgence d’apporter une réponse humanitaire forte aux plus démunis, de rétablir les services de base et de trouver des solutions de développement à plus long terme. « Les secteurs privé et public ainsi que les institutions financières internationales doivent renforcer leur soutien à Haïti avec un sentiment d’urgence renouvelé », a-t-elle déclaré.
« Les Haïtiens vivent dans un état perpétuel de survie, sans le moindre filet de sécurité », a-t-elle ajouté. « La communauté internationale peut contribuer à assurer la mise en place des services de base dont les familles haïtiennes nous disent avoir tant besoin, tels que les services de santé, d’éducation, d’aide sociale et de protection. Mais, par-dessus tout, ce dont ces familles ont désespérément besoin, c’est que cessent la violence et l’insécurité ».
Notes aux rédactions
La réponse de l’UNICEF :
L’UNICEF et ses partenaires prévoient d’apporter un traitement vital aux 115 000 enfants qui devraient souffrir de malnutrition aiguë sévère cette année. L’UNICEF est le seul fournisseur d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi, qu’il se procure auprès d’un partenaire local. L’UNICEF travaille avec le ministère de la Santé pour renforcer les systèmes de la chaîne d’approvisionnement et avec les communautés pour renforcer la première ligne de défense contre la malnutrition – les mères et les agents de santé communautaires qui sont les mieux placés pour dépister les enfants et référer ceux qui ont besoin d’un traitement. Dans les zones où l’accès est difficile, les équipes de l’UNICEF déploient des cliniques mobiles pour fournir un ensemble intégré de services de santé et de nutrition.
L’UNICEF et ses partenaires ont apporté à des dizaines de milliers d’enfants et de familles des soins de santé, de l’eau potable, des installations sanitaires et un soutien à l’éducation. L’UNICEF s’efforce de maintenir les systèmes à flot, notamment en fidélisant les enseignants nouvellement diplômés et les agents de santé communautaires afin de renforcer les systèmes dont dépendent les enfants. Le travail de l’UNICEF se concentre spécifiquement sur les enfants et les familles les plus vulnérables – et souvent les plus difficiles à atteindre.
La réponse du PAM :
Le PAM continue à soutenir l’économie alimentaire haïtienne en achetant directement aux agriculteurs et en effectuant des transferts d’argent à grande échelle, ce qui stimule les marchés locaux et permet à la population de décider elle-même de ses achats. Dans le même temps, le PAM continue de fournir des denrées alimentaires vitales aux personnes les plus vulnérables, en particulier dans les zones d’extrême violence.
Depuis le début de l’année, le PAM a aidé 1,4 million de personnes en Haïti avec plus de 31 millions de dollars de transferts monétaires et plus de 5,5 millions de tonnes de produits alimentaires. Plus de 217 000 repas chauds ont été distribués dans les sites de déplacés, les centres de traitement du choléra et les postes frontières. Le programme de repas scolaires du PAM fournit des repas chauds à 450 000 enfants. Près de la moitié des aliments achetés pour les repas scolaires sont cultivés en Haïti.
Défenseure principale d’Haïti pour le Comité permanent interorganisations :
La directrice générale de l’UNICEF, Catherine Russell, est la Défenseure principale d’Haïti pour le Comité permanent interorganisations, un organe collectif regroupant de hauts responsables humanitaires. En tant que Défenseure principale pour Haïti, à la demande du Coordinateur des secours d’urgence des Nations Unies, Martin Griffiths, Madame Russell contribuera à diriger les efforts de la communauté humanitaire internationale pour galvaniser l’attention, le soutien et les ressources à un moment où le pays connaît des besoins sans précédent. Elle s’engagera auprès de la société civile haïtienne, du gouvernement et des partenaires internationaux afin d’élargir l’accès à une aide humanitaire sûre, adaptée et prévisible et à la protection des enfants et de leurs familles, et afin d’ouvrir la voie à des solutions nouvelles.
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