Dans le rapport « Innocenti 13 » de l’UNICEF, la France est classée 28e sur 35 pays de l’UE/OCDE en matière d’inégalités de bien-être entre les enfants, juste au-dessus de la Belgique, la Bulgarie, l’Italie, le Luxembourg et la Slovaquie – alors que c’est le Danemark qui ouvre le classement. Découvrez les résultats de la France pour chaque domaine : revenus, éducation, santé et satisfaction dans la vie.
[Revenus : 13e sur 41]
La France plutôt bien classée
Avec un taux global d’enfants vivant dans la pauvreté de 9 %, la France occupe le 13e rang sur 41 pays de l’UE/OCDE en matière d’écart relatif de revenu, au-dessous des pays scandinaves (sauf la Suède) de l’Autriche, de l’Allemagne et du Royaume-Uni, mais avant la Suède, les USA et les pays d’Europe de l’Est et du Sud.
L’écart aurait été plus important encore (35,9 % de plus) sans les transferts sociaux disponibles. Et pourtant, environ la moitié des enfants de ce groupe vivent dans des foyers défavorisés.
Entre 2008 et 2013, le revenu des enfants du décile le plus bas a augmenté plus lentement que le revenu des enfants à la médiane de la répartition.
• Relativement peu d’écarts de revenus sont observés entre les enfants les plus pauvres et les enfants « moyens ».
• Relativement peu d’enfants (9%) vivent dans des ménages dont les revenus s’élèvent à moins de 50% du revenu médian français.
• L’impact des politiques de transferts sociaux est clairement identifié comme l’une des explications de ces résultats honorables.
• Si la France est bien classée dans le domaine des revenus, ses résultats dans les trois autres domaines étudiés sont, eux, très préoccupants.
[Education : 35e sur 37]
La France en bas de tableau
La France rejoint la Belgique en tant que pays à haut revenu mais présentant un écart important entre les enfants à la médiane et ceux du centile le plus bas du groupe des enfants de 15 ans qui passent les examens PISA d’évaluation des compétences en mathématiques, lecture et sciences ; ce retard scolaire n’a pas diminué depuis 2006.
En 2012, près de 13 % des enfants de 15 ans en France n’ont pas atteint le niveau 2 dans les trois disciplines, ce qui signifie qu’ils subissent un handicap scolaire très important. Le nombre des garçons de ce groupe est supérieur de 5 % à celui des filles.
Le faible niveau de réussite scolaire est une des conséquences les plus troublantes d’un faible niveau socio-économique. La France ne précède que six autres pays européens (Autriche, Bulgarie, Islande, Norvège, Roumanie et Slovaquie) si on considère la probabilité que les enfants les plus défavorisés économiquement n’atteignent pas les compétences requises en lecture, mathématiques et sciences (24 %).
• Les écarts de performance scolaire observés pour la France ne sont pas en adéquation avec les faibles écarts de revenus mentionnés dans la première partie. En effet, si la France présente un faible écart en matière de revenus, elle se situe à la 35e place sur 37 dans le classement des écarts de performance scolaire.
• La France se situe presque à la dernière place du classement en terme d’écarts, auprès de pays à revenus faibles tels qu’Israël, le Mexique ou la Turquie : le fossé entre les performances des élèves en fonction de leur milieu social est très important.
• De plus, le pourcentage d’élèves qui n’ont pas atteint le niveau de compétences attendu (niveau 2 dans les trois matières évaluées) est légèrement en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE.
[Santé : 13e sur 41]
La France moyenne en écarts relatifs, mais des données absolues inquiétantes
En France, plus de 30 % des enfants âgés de 11, 13 et 15 ans signalent qu’ils sont touchés quotidiennement par un ou plusieurs problèmes de santé : douleurs à la tête, au dos ou au ventre, vertiges, sentiment d’être nerveux ou déprimé, irritabilité, impossibilité à dormir, classant le pays au 27e rang, au même niveau que Malte ; seules la Roumanie et la Turquie ont un pourcentage plus élevé d’enfants signalant des troubles de santé.
Parmi ces enfants on compte 12 % de plus de filles que de garçons.
Dans le décile le plus bas on constate une augmentation de l’inégalité concernant la qualité de l’alimentation : les données démontrent que la mauvaise hygiène alimentaire est prédominante parmi ces enfants et que l’écart relatif en France est plus élevé que dans 24 autres pays de l’UE/OCDE.
La France occupe le 4e rang des pays où l’écart entre la pratique d’activités physiques des enfants du plus bas de l’échelle et ceux dans la médiane s’est réduit de 8 % entre 2002 et 2014. En revanche, appartenir à la catégorie des familles les plus défavorisées a aussi un impact préjudiciable en matière d’activité physique : la probabilité que ces enfants participent à 60 minutes d’activité physique par jour est inférieure de 14 %.
• Tout comme dans le secteur de l’éducation, les inégalités concernant la santé des enfants ne correspondent pas aux inégalités de revenus plutôt faibles observées en France dans le domaine des revenus.
• La France se situe légèrement au dessus de la moyenne des pays observés en ce qui concerne les écarts de santé relatifs : le fossé entre les enfants signalant relativement souvent des problèmes de santé et les enfants « moyens » en France est un peu au dessus de la moyenne.
• En revanche, les données absolues sont plus inquiétantes. En effet, près d’un tiers des enfants en France signalent au moins un problème de santé par jour.
[Satisfaction dans la vie : 28e sur 35]
Un fort taux d’enfants qui ne sont pas satisfaits de leur vie en France
8,5 % d’enfants en France ont donné à leur satisfaction à l’égard de la vie une note de 4 ou moins sur 10, une proportion légèrement inférieure à celle de l’Allemagne et supérieure à celle de la Belgique.
Comparés à leurs pairs, environ deux fois plus d’enfants ayant une satisfaction médiocre à l’égard de la vie signalent qu’ils pratiquent des comportements à risque multiples (+3) tels que le fait de fumer et de boire, les blessures, les brimades et les bagarres (13 % et 7 % respectivement).
Entre l’âge de 11 et 15 ans, l’écart de satisfaction se creuse entre les filles et les garçons : à l’âge de 15 ans près de 30 % des filles sont insatisfaites de leur vie contre 14 % des garçons.
• En France, il existe un fort taux d’enfants qui ne sont pas satisfaits de leur vie, et un grand fossé entre les moins satisfaits et leurs pairs.
• La France se situe à la 28e place sur 35 en ce qui concerne les écarts de satisfaction relatifs.
• Alors que les enfants des pays observés déclarent un niveau de satisfaction de 8 sur 10 en moyenne, un fort taux d’enfants en France (8,5%) déclarent être peu satisfait (4/10 ou moins). Les enfants les plus défavorisés économiquement voient leur probabilité d’être peu satisfaits augmenter de 13%.
• A l’âge de 15 ans, les plus fortes disparités de genre en matière de bien-être sont observées en France et en Pologne.
Conclusions
Inégalité globale
Sur l’ensemble des critères d‘inégalité indiqués ci-dessus, la France occupe le 28e rang sur 35 pays de l’UE/OCDE, juste au-dessus de 5 autres pays européens : la Belgique, la Bulgarie, l’Italie, le Luxembourg et la Slovaquie. Le seul pays classé dans le tiers supérieur sur tous les critères est le Danemark.
Des pays, tels la Finlande, les Pays-Bas, la Norvège et la Suisse, qui présentent des inégalités moindres sur les indicateurs du bien-être de l’enfant ont tendance à avoir des résultats globalement supérieurs sur ce critère.
Inégalités France
En France, les inégalités de revenus entre les enfants sont relativement faibles. Toutefois, malgré cette égalité relative des revenus, les retombées en termes d’éducation, de santé, et de satisfaction varient largement. Ce décalage est tout à fait préoccupant. Le problème ne se situe donc pas au niveau purement économique : il s‘agit plutôt d’un déploiement inégal des services et des ressources au détriment des enfants les plus vulnérables, ayant pour conséquence une accumulation des difficultés pour ces derniers. Les transferts sociaux et politiques publiques doivent donc prioriser les services et ressources envers les enfants les plus démunis.
Evolutions dans le temps
Certaines difficultés méthodologiques rendent délicate la comparaison entre les résultats du bilan 9 et ceux du bilan 13, toutefois il est probable que la France ait vu sa position relative chuter ces dernières années au classement général. En effet, la France se situait auparavant au milieu du classement général, et se retrouve maintenant dans le dernier tiers.
Recommandations de l’UNICEF
Au niveau mondial, le Bilan 13 préconise la réduction des inégalités dans la partie inférieure de la distribution comme levier efficace d’amélioration du bien-être de tous les enfants.
– Protéger les revenus des ménages dans lesquels vivent les enfants les plus pauvres
– Se concentrer sur l’amélioration des résultats scolaires des élèves défavorisés
– Agir davantage pour favoriser la participation des enfants les plus démunis à des activités physiques
– Améliorer les collectes de données sur le bien-être des enfants, notamment en ce qui concerne les études longitudinales