« La guerre m’a privée de mes rêves ; je n’ai jamais songé à l’avenir ; tout ce que je souhaitais, c’était rester en vie », livre Sondus, une jeune fille irakienne, âgée de 16 ans. Son témoignage fait écho à la mémoire d’un peuple meurtri par les guerres.
La première, la guerre Iran-Irak, de septembre 1980 à août 1988, puis les deux guerres du Golfe, l’embargo, la chute du régime de Saddam Hussein en 2003 ; enfin les heures sombres, meurtrières et sanglantes consécutives à la conquête par Daesh d’une immense partie du territoire, le massacre des populations et la destruction des villes et des villages. Puis la libération en 2017 d’un pays exsangue qui peine toujours à se relever, et vit dans la peur, chaque jour qui passe, du retour des miliciens islamistes.
La situation actuelle est l’héritage d’une succession de conflits, longs et complexes. Pendant des décennies, l’Irak a été le théâtre d’exactions et de violences. Des millions de familles ont été affectées, des enfants ont perdu leurs parents, un oncle, une tante ou des copains. Certains Irakiens n’ont connu que le bruit des bombardements, la peur et les déplacements réguliers. Entre 2013 et 2017, 6 millions de personnes ont quitté leurs villages, leurs maisons, leurs repères pour survivre.
Depuis, le pays a entamé un processus de reconstruction et bien que la majorité des habitants déplacés soient revenus dans leurs régions d’origine, la situation humanitaire demeure fragile. On dénombre aujourd’hui 1, 2 millions de personnes déplacées.
La guerre prive d’école des milliers d’enfants
Quand une guerre éclate, l’école s’arrête. Et malheureusement, même quand les armes se taisent, l’éducation des enfants est bien souvent la dernière à reprendre dans la vie quotidienne des populations affectées.
Les périodes de reconstruction des établissements scolaires sont longues et couteuses ; les enfants absents des bancs de l’école sont longtemps privés des apprentissages qui leur permettraient de se construire un avenir.
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680 000 enfants déplacés n’ont pas accès à l’éducation
L’UNICEF travaille avec le gouvernement irakien et ses partenaires pour permettre aux enfants de poursuivre leur apprentissage. Nos actions sont soutenues par l’aide humanitaire de l’Union Européenne. Ainsi, nous avons pu mettre en place des « Espaces amis des enfants » afin que des jeunes comme Samah, Ahmed et Sondus apprennent à nouveau à lire, écrire ou compter.
Samah, 13 ans, vit dans le camp de déplacés de Hassan Sham, à environ 35 kilomètres de Mossoul, au nord du pays. Depuis 2018, elle y partage une tente avec toute sa famille. Bien que les combats aient pris fin, ils ne peuvent toujours pas retourner chez eux pour des raisons de sécurité.
Après plusieurs années en dehors de l’école, elle apprend à lire et à écrire dans un « Espace ami des enfants », soutenu par l’UNICEF.
En 2014, Ahmed et sa famille ont été contraints d’abandonner leur maison à cause du conflit. Après avoir vécu à Erbil, à 77 km de Mossoul, au Kurdistan irakien, ils se sont installés eux aussi dans le camp de Hassan Sham. Déplacé à plusieurs reprises, sans accès à l’école et sans repères stables, le jeune garçon de 12 ans fait partie des nombreux adolescents pour qui les séquelles des conflits sont encore palpables.
« Mon fils est triste, son père a été tué et il n’a connu que les violences de la guerre », témoigne sa mère.
En dépit des obstacles, Ahmed veut continuer à apprendre. Malheureusement, il n’est plus en âge de retourner à l’école primaire. Mais, il reste déterminé et comme Samah, il apprend à lire et à écrire dans « l’Espace ami des enfants » de l’UNICEF.
Peu à peu, il retrouve un semblant de normalité dans son quotidien et reprend sa vie d’adolescent, pratique du sport et joue au football.
« Grâce à l’école, je peux réaliser mes rêves »
Après avoir tout laissé derrière elle, et contrainte d’abandonner son école, Sondus a de nouveau la possibilité de suivre des cours dans le centre d’apprentissage de l’UNICEF à Talafar, au nord-ouest du pays.
« Je me sens bien ici car je peux de nouveau croire en mes rêves. Je veux être indépendante et devenir médecin » dit-elle d’un air déterminé.
Comme des milliers d’enfants, Sondus est résiliente et refuse de faire partie d’une génération abandonnée. Comme elle, ils sont nombreux à être inscrits dans les centres d’apprentissage de l’UNICEF. Peu à peu, ils retrouvent leur âme d’enfant et peuvent, à nouveau, imaginer un futur où leurs rêves sont possibles.
L’école, clé d’un avenir meilleur
L’accès à l’éducation est crucial pour soigner les blessures visibles et invisibles d’une génération marquée par les violences de la guerre. Pour se reconstruire, les enfants doivent retourner à l’école et évoluer dans un environnement sûr.
Grâce à nos actions en 2022 :
245 182 enfants ont eu accès à l’éducation
149 382 enfants ont reçu des kits scolaires
14 330 jeunes âgés de 10 à 24 ans ont acquis des compétences professionnelles, digitales et entrepreneuriales
Au cours de l’année 2023, nous prévoyons de
• Distribuer des kits scolaires à 160 000 enfants
La situation en Irak est bien plus qu’une crise de l’apprentissage. Loin de l’attention médiatique, 3 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire.