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Maha et Taline, toutes deux âgées de 10 ans, ont pu reprendre le chemin de l'école malgré la guerre qui se poursuit au Liban.© UNICEF/UNI678207/Choufany
© UNICEF/UNI678207/Choufany

Proche-Orient : les enfants pris au piège d'une guerre sans fin

En octobre 2023, l’interminable conflit entre Israël et l’État de Palestine a pris une tournure dramatique.

Les attaques du 7 octobre en Israël et la guerre qui s’en est suivie dans la bande de Gaza ont détruit des millions de vies et ébranlé l’équilibre de toute la région.

Conflit israélo-palestinien : le bilan, plus d’un an après

En plus d’un an de guerre, le nombre de victimes a battu de sombres records. Parmi elles, un nombre ahurissant d’enfants. Pourtant, le tableau ne cesse de s’assombrir. Alors que les combats s’intensifient et s’étendent au-delà de la bande de Gaza, des millions d’enfants au Proche-Orient sont prisonniers d’une guerre qui les dépasse.

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« Les enfants sans nom de Gaza », un reportage de La Croix avec nos équipes

Pendant trois mois, La Croix L’Hebdo a suivi un père de famille, Mohammed Labbad, jusqu’aux retrouvailles avec sa fille, Jana. Recevez ce numéro gratuitement chez vous !
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En Israël

Les attaques du 7 octobre en Israël ont blessé 7 500 personnes et coûté la vie à plus de 1 200 personnes, dont 37 enfants. Au 19 décembre, on estime qu’encore 101 personnes sont retenues en otage, dont 2 enfants.

Dans la bande de Gaza

L’escalade des hostilités qui dure depuis plus d’un an est la plus meurtrière qu’ait connue l’enclave palestinienne depuis 2006. Selon les estimations :

45 059 personnes ont été tuées, dont plus de 14 100 enfants

107 041 personnes ont été blessées, dont plus de 23 420 enfants

Plus de 10 000 autres sont portées disparues et seraient probablement sous les décombres

Sur place, un enfant est tué ou blessé toutes les dix minutes

Les survivants, eux, vivent un exode sans fin. Ils sont 1,9 million à avoir été déplacés à plusieurs reprises, à la recherche d’un refuge. Entassées dans des abris étroits, les familles déplacées vivent dans un dénuement total. Les multiples ordres d’évacuation et l’arrivée de l’hiver ne font qu’accentuer leur cauchemar.

« Nous avions l’habitude d’être au chaud dans nos maisons, mais maintenant nous vivons dans des tentes dans le froid et sous la pluie. Nous n’avons pas de couvertures. Même les tentes sont déchirées. » confie Youssef, 11 ans.

Plus d’un an après l’escalade des hostilités, la bande de Gaza est sans aucun doute un des endroits les plus dangereux au monde pour un enfant.

Depuis le début de la guerre à Gaza, des échanges de tirs et bombardements se sont multipliés entre Israël et la branche armée du groupe libanais Hezbollah.

Le 23 septembre, l’embrasement tant redouté du conflit est devenu réalité. Plusieurs régions, dont le sud du Liban, la région de la Bekaa et la banlieue sud de Beyrouth se sont retrouvés sous le feu des raids israéliens.

Selon les dernières estimations :

  • Au moins 4 047 personnes auraient été tuées, dont 316 enfants et 736 femmes depuis octobre 2023
  • Plus de 16 638 personnes ont été blessées, dont 1 456 enfants et 2 827 femmes
  • 84 % des décès ont eu lieu en quelques semaines, depuis mi-septembre
  • 1,2 million de personnes ont été déplacées par le conflit
  • Plus de 610 000 autres ont fui vers la Syrie et 33 138 autres vers l’Iraq

Un accord de cessez-le-feu, validé le 26 novembre au soir, est entré en vigueur le 27 novembre. Cette trêve qui devrait durer 60 jours est une étape essentielle dans la reconstruction des milliers de familles dont les vies ont été ébranlées par la guerre.

“L’UNICEF se réjouit de l’annonce d’un cessez-le-feu au Liban, qui, nous l’espérons, mettra fin à la guerre qui a tué plus de 240 enfants, blessé environ 1 400 d’entre eux et bouleversé la vie d’innombrables autres.”
déclare Catherine Russell, Directrice Générale de l’UNICEF

En Cisjordanie

Située entre Israël et la Jordanie, la Cisjordanie est également le théâtre de violences. Depuis le début des hostilités, au moins 178 enfants auraient été tuées, 1 170 autres blessés et des milliers d’autres, obligés de fuir.

Une situation sanitaire alarmante

  • La catastrophe s’amplifie au fur et à mesure que la faim et les épidémies s’installent dans l’enclave.
    Selon l’IPC, organisme mondial d’analyse de l’insécurité alimentaire, 96 % de la population est au bord de la famine. Ces derniers mois, 37 personnes, dont 31 enfants, seraient mortes à cause de la malnutrition.
  • Dans des zones de refuge désormais saturées, le manque de services d’hygiène et d’assainissement, les eaux stagnantes et la promiscuité ont créé les conditions parfaites à la résurgence d’un autre fléau : la poliomyélite.
    Alors que la maladie avait été éradiquée de la bande de Gaza il y a plus de 25 ans, le virus a été détecté en juillet dernier à Khan Younis et à Deir el Balah. Depuis, 3 enfants présentant une suspicion de paralysie flasque aiguë (PFA), symptôme courant de la polio, ont été identifiés.
  • Pour éviter une potentielle épidémie, l’UNICEF, l’UNRWA et l’OMS ont déployé plusieurs campagnes de vaccination. 94 % de la population cible comprenant 591 714 enfants de moins de 10 ans ont reçu leur deuxième dose de vaccin antipoliomyélitique oral : un résultat remarquable compte tenu des circonstances extrêmement difficiles.

Le conflit a privé des milliers de familles d’un accès sûr à l’eau potable et aux soins de santé. Selon les dernières estimations :

  • 56 centres de santé et dispensaires ont été fermés. 
  • 40 infrastructures d’accès à l’eau ont été endommagées, privant ainsi plus de 390 000 personnes d’eau potable. La menace des maladies hydriques telles que le choléra pèse de plus en plus sur les populations. Le 16 octobre dernier, un premier cas a déjà été détecté dans le district d’Akkar au nord du pays.

En Syrie

Le conflit syrien qui dure depuis 14 ans a détruit le pays, traumatisé la population et appauvri les familles. A ce jour, on estime que plus de 17 millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire pour survivre.

Le 27 novembre 2024 et dans les jours qui ont suivi, l’offensive menée par les rebelles du groupe Hay’at Tahrir el-Sham dit « HTS » parvient a faire chuter le régime. En quelques jours, ils prennent Idlib, Alep, Homs et Damas, la capitale, mettant fin à 60 d’un règne sans partage de la famille Assad.

Néanmoins, le pays continue de faire face à une grande instabilité politique et pour des millions de Syriens, l’avenir reste incertain.

Protéger inconditionnellement chaque enfant

Les images et les récits sont sans équivoque. Les enfants sont les premières victimes de ce conflit. Ils sont confrontés à une violence extrême, à des scènes d’horreurs et à des traumatismes profonds qui affectent leur développement et leur avenir.

Dès les premiers instants du conflit, l’UNICEF n’a cessé de plaider pour un cessez-le-feu humanitaire et la protection des enfants. Qu’ils soient Israéliens, Gazaouis ou Libanais, ils vivent des traumatismes profonds et sont victimes de violations graves.

L’UNICEF mobilisé sur le terrain

La guerre au Proche-Orient, c’est aussi l’histoire d’une aide humanitaire insuffisante, d’un personnel qui peine à opérer et de plusieurs collègues qui ont perdu la vie en apportant un soutien vital aux enfants.

En plus d’un an, 343 travailleurs humanitaires ont été tués. L’OMS, le Programme de Développement des Nations Unies et le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui au projet ont chacun perdu un ou plusieurs membres de leurs équipes.

En dépit des défis, les équipes de l’UNICEF restent mobilisées pour apporter une aide vitale aux populations.

L’aide humanitaire apportée par l’UNICEF au 30 novembre 2024

  • 1,8 millions de personnes, dont 700 000 enfants, ont eu accès à l’eau potable grâce aux interventions de l’UNICEF et ses partenaires
  • Nous avons fourni 271 000 litres d’essence pour le fonctionnement des camion-citerne, des puits municipaux et des stations de dessalement
  • 274 877 personnes ont bénéficié d’un meilleur accès aux services d’assainissement et d’hygiène
  • Au moins 165 000 personnes ont reçu des fournitures d’hygiène telles dont 420 000 pains de savon, jerrycans, kits hygiène, etc.

  • Le deuxième campagne de vaccination menée par l’UNICEF et ses partenaires a permis de vacciner 556 774 enfants contre la polio
  • En novembre, nous avons déployé 7 nouvelles équipes mobiles qui permettent à plus de 5000 personnes d’avoir accès aux soins de santé primaires chaque mois
  • Pour garantir la continuité des programmes de vaccination, l’UNICEF a fourni 3 000 doses de vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP). Nous avons également fourni 5 250 doses de vaccin contre l’hépatite B pour répondre aux besoin de 52 500 personnes et 25 700 doses de vaccin contre le pneumocoque qui serviront à vacciner 128 500 personnes.

  • 84 119 enfants âgés de 2 à 10 ans ont reçu des suppléments en vitamine A
  • Nos équipes ont distribué 312 834 boîtes d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi dans le nord de la bande de Gaza
  • En novembre 68 000 enfants ont été examinés pour identifier les potentiels cas de malnutrition. Plus de 3 578 ont été pris en charge pour malnutrition aiguë

Au cours des dernières semaines :

  • Plus de 52 158 enfants ont bénéficié d’activités récréatives à travers 99 espaces d’apprentissage temporaires  l’éducation formelle ou non formelle
  • 55 084 enfants ont bénéficié de kits ludiques et de fournitures scolaires

  • L’UNICEF et ses partenaires ont fourni une aide psychosociale à 11 553 enfants
  • 123 995 enfants ont bénéficié d’actions de sensibilisation contre les mines et autres explosifs
  • L’UNICEF et ses partenaires ont poursuivis leurs actions de réunification des familles

  • Depuis octobre 2023, plus de 1 million de personnes ont reçu des transferts d’argent pour se procurer des biens de première nécessité, tels que de l’eau potable, de la nourriture et des produits d’hygiène
Depuis le début de la guerre, 1,7 millions de personnes sont déplacées dans la bande de Gaza. La majorité étant des femmes et des enfants. © UNICEF/UNI472245/Zaqout

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Nos réponses à vos questions

Le conflit en Israël et l’État de Palestine est particulièrement complexe. Pour comprendre ses origines, il faut remonter jusqu’aux évènements qui se sont produits à la fin de la Première Guerre mondiale. En savoir plus ici

L’enlèvement d’enfants constitue une violation grave. L’UNICEF condamne fermement ces tragiques atteintes aux droits des enfants. Tout enfant détenu par une partie au conflit doit être protégé et libéré immédiatement et sans condition. L’UNICEF rappelle à toutes les parties l’obligation qui leur incombe, en vertu du droit international humanitaire, d’accorder une protection spéciale aux enfants.

Nous saluons la libération des otages ayant eu lieu pendant le cessez-le-feu temporaire. Cependant, il reste encore beaucoup à faire : 2 enfants israéliens, dont l’un a fêté son premier anniversaire le 18 janvier en détention, sont toujours retenus en otage. Nous demandons leur libération immédiate.

L’UNICEF est une organisation impartiale et neutre. Nous avons pour objectif de soutenir tous les enfants vulnérables, où qu’ils se trouvent et quels que soient leur origine ethnique, leur sexe, leur nationalité.

L’UNICEF est profondément préoccupé par l’impact physique et mental de la violence sur les enfants et leurs familles. Nous appelons à la fin de la violence et exhortons toutes les parties à protéger inconditionnellement les enfants, en vertu du droit international humanitaire.

Depuis le 21 octobre 2023, plus de 923 camions ont pu rentrer transportant de l’eau, des fournitures médicales et des kits d’hygiène. Ces réserves s’épuisent aujourd’hui en raison des grands besoins humanitaires à Gaza. Les camions transportant de nouvelles fournitures de secours passent au compte-goutte.  L’UNICEF se tient prêt à intensifier son aide avec des fournitures de secours prépositionnées à la frontière entre l’Égypte et Gaza.

Dans les pays à haut revenu, comme Israël, le gouvernement s’acquitte lui-même des tâches que l’UNICEF soutient dans les pays moins prospères. Dans ce pays, les services publics de l’État répondent aux besoins des enfants, tant en matière de santé, que d’accès à l’éducation, de participation ou de protection. Le Fonds UNICEF en Israël n’a pas d’actions programmatiques opérationnelles sur son territoire qui requerraient un appel à la générosité publique.

Par ailleurs, le mandat de l’action de l’UNICEF s’inscrit toujours en pleine coopération avec les gouvernements. À ce jour, les autorités israéliennes n’ont pas fait appel à l’UNICEF pour répondre à la crise actuelle.

  1. Un cessez-le-feu immédiat et durable.
  2. Un accès humanitaire sûr et sans entrave pour atteindre les populations affectées où qu’elles soient dans la bande de Gaza. Tous les points de passage vers la bande de Gaza doivent être ouverts. Les travailleurs humanitaires doivent pouvoir circuler en toute sécurité pour apporter des fournitures essentielles et une aide vitale aux populations.
  3. La libération immédiate et inconditionnelle de tout enfant séquestré. Nous demandons également l’arrêt de toute violation grave contre les enfants, y compris les meurtres et les blessures.
  4. Le respect et la protection des infrastructures civiles telles que les abris, les écoles, les installations sanitaires, électriques, d’eau et d’assainissement. Toutes les parties au conflit doivent respecter le droit humanitaire international.
  5. Les cas médicaux urgents à Gaza doivent pouvoir accéder en toute sécurité aux services de santé essentiels ou être autorisés à quitter la bande de Gaza. Les enfants blessés ou malades qui sont évacués doivent être accompagnés par des membres de leur famille.