L’UNICEF estime que 160 000 enfants pourraient traverser cette dangereuse route cette année, soit 34 % de plus qu’en 2023, où le nombre d’enfants était de 113 000.
Panama City, le 15 mai 2024 – L’augmentation du nombre d’enfants traversant le dangereux détroit de Darien depuis le début de l’année indique que cet itinéraire devrait connaître, pour la cinquième année consécutive, un niveau record de migration d’enfants, selon une analyse de l’UNICEF.
Au cours des quatre premiers mois de 2024, plus de 30 000 enfants ont traversé le détroit du Darien, soit une augmentation de 40 % par rapport à la même période de l’année dernière.
La migration des enfants à travers la jungle du Darien est devenue une crise prolongée. En se basant sur les tendances observées au cours des quatre premiers mois et du contexte régional, on estime que 800 000 personnes, dont 160 000 enfants et adolescents, pourraient traverser la jungle en 2024, et qu’un grand nombre d’entre elles pourraient avoir besoin d’une aide humanitaire vitale.
Une traversée périlleuse
« Le détroit de Darien n’est pas un endroit pour les enfants. De nombreux enfants sont morts au cours de cette dangereuse traversée. Des femmes ont accouché en cours de route, donnant naissance dans les circonstances les plus difficiles. Parmi ceux qui survivent au voyage, nombreux arrivent malades, affamés et déshydratés, souvent blessés ou atteints d’infections, et ayant désespérément besoin d’aide », a déclaré Ted Chaiban, Directeur Général Adjoint de l’UNICEF. « Les enfants représentant un cinquième des migrants, la présence et la réponse de l’UNICEF sont plus importantes que jamais. Un financement adéquat est essentiel pour nous permettre de soutenir les enfants, quel que soit leur pays d’origine ou de destination. »
Sur les 30 000 enfants en déplacement depuis le début de l’année, près de 2 000 étaient non accompagnés ou séparés de leur famille. Ce nombre a triplé par rapport à la même période en 2023. Le nombre d’enfants en déplacement augmente également cinq fois plus vite que le nombre d’adultes.
« Les témoignages des enfants et des parents qui ont entrepris cette traversée sont extrêmement poignants » a déclaré Ted Chaiban. « Lors de ma visite le mois dernier dans la communauté de Bajo Chiquito, j’ai rencontré Esmeira, une fillette vénézuélienne de 11 ans, qui a été séparée de sa mère pendant la traversée de la jungle. Elle m’a raconté en pleurant combien il a été difficile pour elle d’être seule dans la jungle. Elle a dû traverser des rivières en crue, voir des personnes blessées et affamées, et la nuit m’a-t-elle dit, il faisait très sombre et elle entendait des bruits effrayants. Esmeira avait faim, elle n’avait pas mangé depuis deux jours. Elle n’avait pas étudié depuis des mois et elle espérait que sa mère arriverait bientôt pour reprendre leur chemin. Aucun enfant ne devrait vivre ou être témoin de telles épreuves. »
La nécessité de financements
L’UNICEF soutient les enfants en déplacement dans le Darien et au Panama depuis 2018, lorsque 522 enfants et adolescents avaient traversé la forêt tropicale. Avec le soutien financier du gouvernement des États-Unis et de l’Union Européenne, ainsi qu’avec ses propres fonds, l’UNICEF fournit des services dans les points d’enregistrement le long de la route migratoire en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH), de protection de l’enfance, de gestion des dossiers, de santé infantile et maternelle et de violence sexiste. Les actions comprennent également un soutien à dix communautés d’accueil que les migrants traversent.
En 2024, l’UNICEF a lancé un appel pour obtenir 7,64 millions de dollars américains pour répondre aux besoins urgents du nombre croissant d’enfants et de familles en déplacement au Panama. Actuellement, seuls 10 % de ces financements ont été perçus.
« Je félicite les communautés d’accueil, les donateurs et le gouvernement du Panama d’avoir contribué à fournir des services essentiels aux enfants en déplacement et à leurs familles, en veillant à ce qu’ils ne soient pas abandonnés » déclare Ted Chaiban. « Les menaces qui pèsent sur les enfants et leurs besoins négligés ne cessent d’augmenter. Nous devons continuer à veiller à ce qu’aucun enfant ne soit oublié. Si la réponse est insuffisamment-financée, la portée de nos actions sera limitée ».
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