Une nouvelle évaluation mondiale des conditions d’hygiène révèle le risque de propagation de maladies et d’infections pour les patients et les prestataires de soins de santé.
New York, Genève, le 30 août 2022 – Selon le dernier rapport du Programme Commun de Surveillance (PCS) de l’OMS et de l’UNICEF, la moitié des établissements de santé dans le monde ne disposent pas de services d’hygiène de base incluant de l’eau et du savon ou des solutions de désinfection des mains à base d’alcool dans les espaces de consultation et dans les toilettes de ces établissements. Environ 3,85 milliards de personnes utilisent ces installations, ce qui les expose à un risque accru d’infection, parmi elles, 688 millions reçoivent des soins dans des installations dépourvues de tout service d’hygiène.
« Les installations et pratiques d’hygiène dans les établissements de santé ne sont pas négociables. Leur amélioration est essentielle pour le rétablissement, la prévention et la préparation aux pandémies. Il est impossible de garantir l’hygiène dans les établissements de santé sans augmenter, en parallèle, les investissements dans les mesures de base qui comprennent l’accès à l’eau potable, aux toilettes propres et au traitement sécurisé des déchets médicaux », a déclaré le Dr Maria Neira, directrice du Département environnement, changement climatique et santé de l’OMS. « J’encourage les États Membres à intensifier leurs efforts pour mettre en œuvre l’engagement qu’ils ont pris en 2019 à l’Assemblée mondiale de la Santé pour renforcer les services d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH) dans les établissements de santé, et à superviser ces efforts. »
Un tableau alarmant des conditions d’hygiène dans les établissements de santé
Le dernier rapport, « Progress on WASH in health care facilities 2000-2021 : special focus on WASH and infection prevention and control » (« Progrès en matière d’eau, d’hygiène et d’assainissement dans les établissements de soins de santé 2000-2021 : focus spécifique sur la WASH et la prévention et le contrôle des infections »), a pour la première fois établi une base de données mondiale sur les services d’hygiène – laquelle évalue l’accès à l’hygiène dans les espaces de consultation ainsi qu’aux toilettes – alors que les pays sont plus nombreux que jamais à communiquer sur la nécessité des services WASH dans les hôpitaux et autres centres de santé. En matière d’hygiène, les données sont désormais disponibles pour 40 pays, représentant 35 % de la population mondiale, contre 21 pays en 2020 et 14 en 2019.
Cette nouvelle évaluation mondiale dresse un tableau plus précis et plus alarmant des conditions d’hygiène dans les établissements de soins de santé. Bien que 68 % des établissements de santé disposent d’installations d’hygiène dans les espaces de consultation et que 65 % disposent d’installations de lavage des mains avec de l’eau et du savon aux toilettes, seuls 51 % des établissements disposent des deux et répondent donc aux critères des services d’hygiène de base. En outre, 1 établissement de santé sur 11 (9 %) dans le monde ne dispose ni de l’un ni de l’autre.
Un piège mortel pour les femmes enceintes et les enfants
« Si les prestataires de soins de santé n’ont pas accès à un service d’hygiène, les patients ne disposent pas d’un réel établissement de santé », a déclaré Kelly Ann Naylor, directrice de l’UNICEF pour la WASH, le climat, l’environnement, l’énergie et la réduction des risques de catastrophe. « Les hôpitaux et cliniques dépourvus d’eau potable et de services d’hygiène et d’assainissement de base sont un potentiel piège mortel pour les femmes enceintes, les nouveau-nés et les enfants. Chaque année, environ 670 000 nouveau-nés perdent la vie à cause de la septicémie. C’est une hérésie – d’autant plus que ces décès sont évitables ».
Le rapport souligne que les mains et les environnements contaminés jouent un rôle important dans la transmission des agents pathogènes dans les établissements de santé ainsi que dans la propagation du phénomène de résistance antimicrobienne. Les initiatives visant à améliorer l’accès au lavage des mains à l’eau et au savon et la décontamination des espaces de santé constituent la pierre angulaire des programmes de prévention et de lutte contre les infections et sont essentielles à la fourniture de soins de qualité, notamment pour garantir un accouchement sans risque.
De fortes disparités à l’échelle globale
La couverture des installations WASH demeure inégale selon les régions et les catégories de revenus :
- Les installations en Afrique subsaharienne sont à la traîne en matière de services d’hygiène. Alors que les trois quarts (73 %) des établissements de santé de la région disposent globalement de produits de désinfection des mains à base d’alcool ou d’eau et de savon dans les espaces de consultation, seul un tiers (37 %) dispose d’installations de lavage des mains avec eau et savon aux toilettes. La grande majorité (87 %) des hôpitaux disposent d’installations d’hygiène des mains dans les espaces de consultation, contre 68 % dans les autres structures de soins.
- Dans les pays les moins avancés, seuls 53 % des établissements de santé ont directement accès à une source d’eau salubre. À titre de comparaison, le chiffre mondial est de 78 %, les hôpitaux (88 %) faisant mieux que les petits établissements de soins (77 %), tandis que le chiffre pour l’Asie de l’Est et du Sud-Est est de 90 %. Au niveau mondial, environ 3 % des établissements de soins de santé dans les zones urbaines et 11 % dans les zones rurales ne disposent pas de service d’eau.
- Parmi les pays pour lesquels des données sont disponibles, 1 établissement de santé sur 10 dans le monde ne dispose pas de services d’assainissement. La proportion d’établissements de santé dépourvus de services d’assainissement varie de 3 % en Amérique latine, dans les Caraïbes et en Asie de l’Est et du Sud-Est, à 22 % en Afrique subsaharienne. Dans les pays les moins avancés, seul 1 pays sur 5 (21 %) dispose de services d’assainissement de base dans les établissements de santé.
- Les données révèlent en outre que de nombreux établissements de santé ne disposent pas d’un système de nettoyage de base dans leurs locaux, ni d’un système sûr de tri et d’élimination des déchets médicaux.
Ce rapport sera présenté à l’occasion de la Semaine mondiale de l’eau qui se déroule à Stockholm, en Suède. Cette conférence annuelle, qui se tient du 23 août au 1er septembre, explore de nouvelles façons de relever les plus grands défis de l’humanité : de la sécurité alimentaire à la santé en passant par l’agriculture, la technologie, la biodiversité et le climat.