New York, le 26 mai 2022 – À l’approche de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, l’UNICEF rappelle que la stigmatisation, la pauvreté et le manque d’accès aux services de base tels que les toilettes et l’eau, empêchent de répondre aux besoins en matière de santé et d’hygiène menstruelles et augmentent le risque d’infections chez les femmes et les filles. Ces problèmes sont particulièrement aigus chez les plus pauvres, les groupes ethniques, les réfugiés et les personnes handicapées.
« La prise en charge de la santé et de l’hygiène menstruelles, lorsqu’elle est accessible à tous, peut contribuer à lever les obstacles et accompagner les adolescentes à devenir des femmes en bonne santé, éduquées et autonomes », a déclaré Kelly Ann Naylor, directrice des programmes Eau, assainissement et hygiène (WASH) et Climat, environnement, énergie et réduction des risques de catastrophe (CEED) à l’UNICEF. « Pourtant, jusqu’à récemment, peu d’attention a été accordée à la définition, à la prise en charge et à l’investissement dans la santé menstruelle. »
L’importance de la prise en charge de la santé et de l’hygiène menstruelles est lentement mais sûrement reconnue et suivie. En 2020, 42 pays disposaient de données représentatives au niveau national sur au moins un des quatre indicateurs*, dont 31 possédaient des informations sur au moins trois indicateurs. Près de la moitié des pays se trouvaient en Afrique subsaharienne. Quant aux pays à revenu élevé, aucun ne disposait de données nationales sur ces indicateurs.
Des données révélatrices d’une grande disparité en matière d’accès à la santé et l’hygiène menstruelles
Selon les dernières études, les obstacles à la participation à l’école, au travail et aux activités sociales pendant la période de menstruation varient en fonction des caractéristiques géographiques, socio-économiques et individuelles. Parmi les personnes restreintes durant la période de menstruation, la stigmatisation et le manque d’accès aux produits d’hygiène menstruelle sont des facteurs communs. De nombreuses filles ignoraient également l’existence des règles avant leur premier cycle, ce qui peut affecter leur perception et leur compréhension des menstruations.
- En moyenne, la non-participation scolaire était plus élevée chez les filles et les jeunes femmes : 15 % des filles au Burkina Faso, 20 % en Côte d’Ivoire et 23 % au Nigeria avaient manqué l’école au cours des 12 derniers mois à cause de leurs règles.
- Plus de la moitié des femmes au Bangladesh et plus des deux tiers au Népal ont déclaré ne pas participer aux activités quotidiennes pendant leurs menstruations. Au Tchad et en République centrafricaine, cela concernait une femme sur trois.
- Au Bangladesh et en Egypte, deux pays disposant de données nationales, respectivement 32 % et 66 % seulement des filles connaissaient l’existence des menstruations avant leurs premières règles. En Égypte, 74 % des filles qui n’avaient pas été sensibilisées au sujet des menstruations ont déclaré avoir été choquées, avoir eu peur ou avoir pleuré lors de leurs premières règles. De même, au Bangladesh, 69 % ont déclaré avoir eu peur.
L’utilisation de produits menstruels et la possibilité de disposer d’un endroit privé pour se laver et se changer sont élevées dans la plupart des pays ayant répondu. Cependant, les femmes et les filles les plus vulnérables continuent de faire face à des défis majeurs.
- L’utilisation de produits menstruels allait de 81 % à universelle dans la plupart des pays. Toutefois, 6 % des femmes utilisaient du papier au Niger, 12 % n’utilisaient que des sous-vêtements au Burkina Faso et 11 % n’utilisaient rien en Éthiopie.
- La possibilité de disposer d’un endroit privé pour se laver et se changer variait de 80 % à 99 % dans la plupart des pays pour lesquels des données étaient disponibles. Cependant, au Niger, en Tunisie et au Burkina Faso respectivement, seuls 52 %, 56 % et 74 % des personnes interrogées disposaient de tels espaces.
- Peu de variation dans l’utilisation des produits menstruels entre les zones urbaines et rurales a été constatée, à l’exception de la République démocratique populaire lao, de l’Éthiopie et du Niger, où l’utilisation des produits menstruels était supérieure de plus de 10 % dans les zones urbaines par rapport aux zones rurales.
- L’accès à d’espaces privés était toutefois moins disponible en milieu rural qu’en milieu urbain. Dans 12 pays disposant de données, au moins 1 femme et 1 fille sur 10 en milieu rural ne disposait pas d’un endroit privé pour se laver et se changer lors de leurs dernières règles.
Des défis encore plus grands pour groupes marginalisés et les personnes en contexte d’urgence
Les groupes ethniques et les personnes vivant dans des contextes d’urgence sont confrontés à des défis encore plus importants, avec un accès moindre aux produits menstruels et aux installations de base et des obstacles plus importants à leur participation aux activités quotidiennes en comparaison au reste de la population.
- En République démocratique populaire lao, la proportion de femmes disposant d’un endroit privé pour se laver et se changer et disposant de produits menstruels varie de 30 % entre Mon-Khmer et Lao-Tai. En République centrafricaine, les femmes Haoussa sont en moyenne 20 % plus susceptibles de participer à la vie quotidienne pendant leurs règles que les femmes Mboum.
- Des données provenant des camps de réfugiés de huit pays révèlent un éventail de niveaux de satisfaction. Au Mozambique et en Irak, presque toutes les femmes ont déclaré être satisfaites des produits et installations menstruels contre moins de la moitié des femmes des camps de réfugiés du Cameroun, du Malawi et du Sud-Soudan.
« L’investissement dans la prise en charge de l’hygiène menstruelle profitera aux filles d’aujourd’hui, aux femmes qu’elles deviendront demain et à la génération suivante », a ajouté Kelly Ann Naylor.