Résumé des propos de Toby Fricker, chef du plaidoyer et de la communication de l’UNICEF en Ukraine – à qui toute citation peut être attribuée – lors du point de presse s’étant tenu aujourd’hui au Palais des Nations à Genève.
Zaporijia/ Genève, le 21 février 2025 – « Un enfant sur cinq en Ukraine a déclaré avoir perdu un proche ou un ami depuis l’escalade de la guerre il y a trois ans. Un enfant sur trois a rapporté se sentir si désespéré et triste qu’il ne pouvait plus s’adonner à ses activités habituelles.
Ces réponses proviennent d’une enquête menée par l’UNICEF auprès de plus de 23 000 enfants, publiée aujourd’hui. Elles rappellent brutalement la perte et le chagrin qui imprègnent l’enfance en Ukraine.
Trois ans après le début de l’escalade de la guerre, plus de 2 520 enfants ont été tués ou blessés, selon des chiffres vérifiés par l’ONU – le nombre réel étant probablement bien plus élevé.
Et la situation ne fait qu’empirer. En 2024, le nombre de victimes infantiles a augmenté de 50 % par rapport à 2023.
Aucun endroit n’est sûr
Les écoles, les maternités et les hôpitaux pour enfants ont tous été touchés par des attaques. Au total, environ 780 établissements de santé et plus de 1 600 écoles ont été endommagés ou détruits, selon des données vérifiées par l’ONU.
À Odessa, cette semaine, une clinique de santé offrant ses services à près de 40 000 enfants ainsi qu’une école maternelle accueillant 250 enfants en bas-âge ont été gravement endommagées lors d’une attaque.
Lorsqu’un hôpital pour enfants est touché, une école bombardée ou un réseau électrique détruit, les enfants souffrent, même lorsqu’ils survivent. Leur bien-être et leur développement sont une fois de plus affectés.
L’impact sur l’éducation des enfants est immense…
Les écoles sont des lieux d’apprentissage pour les enfants, mais aussi des bouées de sauvetage qui leur offrent un sentiment de sécurité, de normalité et d’espoir pour l’avenir. Pourtant, près de 40 % des enfants en Ukraine étudient uniquement en ligne ou par le biais d’une combinaison de cours en personne et à distance.
Aujourd’hui, je vous parle depuis une école souterraine à Zaporijia. Les salles de classe installées dans des sous-sols et des abris comme celui-ci sont devenues la norme. Mais cela ne devrait pas être la norme.
L’impact sur l’éducation est immense : les évaluations montrent une perte moyenne d’apprentissage équivalente à deux années dans certaines matières.
L’UNICEF soutient la réhabilitation des abris afin de les rendre aussi sûrs que possible. Nous avons formé des enseignants et mis en place des classes de rattrapage pour aider les enfants à rattraper leurs lacunes scolaires le plus rapidement possible.
… et celui sur le développement et la santé mentale des enfants est tout aussi préoccupant
N’oublions pas que les enfants et les jeunes de l’est de l’Ukraine ont vécu près de 11 ans de guerre.
C’est le cas de Daryna, 18 ans, que j’ai rencontrée pour la première fois il y a cinq ans à Zolote, une ville minière de l’est, proche de ce qui était alors la ligne de front.
Nous avons récemment repris contact près de Dnipro, où elle a été déplacée. « J’avais des projets pour l’avenir », m’a-t-elle confié. « Mais la guerre a tout détruit, et maintenant l’avenir n’existe tout simplement plus ».
Il y a aujourd’hui 3,7 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays et plus de 6,8 millions de personnes réfugiées à l’extérieur du pays. Dans les pays d’accueil voisins, la moitié des enfants ukrainiens en âge d’être scolarisés ne sont pas inscrits dans les systèmes éducatifs nationaux.
Si les enfants et les jeunes de tous âges sont menacés, ceux qui sont nés au moment où l’escalade de la guerre a commencé ont aujourd’hui trois ans. Ils ont passé leurs premières années de vie – période critique où le cerveau se développe le plus rapidement et où les jalons de leur futur sont posés – dans un contexte de stress extrême et de perte. Cela les expose à un risque accru de troubles psychologiques et de problèmes de santé physique tout au long de leur vie.
Inventer la vie familiale sous les bombes
Les conséquences peuvent également être intergénérationnelles. C’est pourquoi une intervention précoce est essentielle. Comme les équipes mobiles soutenues par l’UNICEF, qui incluent des conseillers intervenant immédiatement après les attaques, ou encore les visites à domicile effectuées par des infirmières dans les zones de front et d’autres régions du pays. Ces initiatives fournissent des soins de santé vitaux et une prise en charge holistique, notamment en identifiant les troubles du développement et en apportant des conseils aux parents. Nous travaillons avec ces équipes non seulement dans le cadre de notre réponse humanitaire, mais aussi à travers des efforts de développement.
Nous savons que lorsque nous investissons dans la santé et le développement de la petite enfance, le retour sur investissement à long terme est grand (ratio de 9:1). Améliorer l’accès et la qualité de ces services contribuera également à créer un environnement dans lequel les gens auront envie de revenir.
Reconstruire pour un jour revenir
Nous avons vu comment, malgré les défis considérables, les enfants, les jeunes et les familles d’Ukraine, ainsi que les extraordinaires travailleurs sociaux, les enseignants et les techniciens spécialistes du traitement de l’eau, ont fait preuve d’une incroyable détermination. Nous travaillons avec eux non seulement dans le cadre de notre réponse humanitaire, mais aussi dans le cadre de nos efforts de développement.
L’école souterraine ici à Zaporijia est une initiative des autorités de la ville, s’appuyant sur un guide de bonnes pratiques fourni par l’UNICEF.
Le programme de réforme « Better Care », qui vise à garantir que chaque enfant grandisse dans une famille et non dans une institution, est mis en œuvre non seulement dans l’ouest de l’Ukraine, mais aussi ici, dans les zones de première ligne.
Investir dans les enfants et les jeunes en Ukraine est non-négociable, non seulement parce que c’est la bonne chose à faire pour leur protection et leur bien-être, mais aussi pour l’avenir du pays. Ce qu’il faut en définitive, c’est une paix réelle et durable dans laquelle chaque enfant pourra exercer ses droits. »
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