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Un bébé est pesé, mesuré et vacciné dans le centre de santé de Gonzagueville, une banlieue d'Abidjan, dans le sud de la Côte d'Ivoire. ©UNICEF/UN0492544/Dejongh
Un bébé est pesé, mesuré et vacciné dans le centre de santé de Gonzagueville, une banlieue d'Abidjan, dans le sud de la Côte d'Ivoire. ©UNICEF/UN0492544/Dejongh

L'UNICEF et l'OMS alertent sur le risque d'apparition de flambées de rougeole

Genève/Paris/New York, le 27 avril 2022 – Alors que le nombre de cas de rougeole recensés à travers le monde a augmenté de 79% au cours des deux premiers mois de 2022, comparativement à la même période en 2021, l’OMS et l’UNICEF préviennent que les conditions actuelles sont propices à l’apparition de graves flambées épidémiques de maladies évitables par la vaccination.

L’augmentation préoccupante des cas de rougeole entre janvier et février 2022 indique un risque accru de propagation des maladies évitables par la vaccination et pourrait engendrer d’importantes flambées épidémiques, en particulier de rougeole. Des millions d’enfants pourraient ainsi être touchés en 2022, avertissent l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’UNICEF.

Les perturbations liées à la pandémie, l’aggravation des inégalités en matière d’accès aux vaccins et la réaffectation des ressources destinées à la vaccination de routine laissent trop d’enfants sans protection contre la rougeole et d’autres maladies évitables par la vaccination.

Le risque de flambées épidémiques de grande ampleur s’est accentué à mesure que les communautés ont relâché la mise en œuvre des règles de distanciation physique et d’autres mesures de prévention de la COVID-19 imposées au plus fort de la pandémie. En outre, le déplacement de millions de personnes déclenché par les conflits et les crises qui font rage en Ukraine, en Éthiopie, en Somalie et en Afghanistan, entre autres pays, se traduit par la perturbation des services de vaccination de routine et contre la COVID-19, un manque d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, et l’augmentation du risque d’épidémies de maladies évitables par la vaccination dans un contexte de promiscuité.

La rougeole est un signe avant-coureur qui révèle des lacunes dans la couverture vaccinale

Près de 17 338 cas de rougeole ont été signalés dans le monde entre janvier et février 2022, contre 9 665 au cours des deux premiers mois de 2021. Or, la rougeole étant très contagieuse, les cas ont tendance à se manifester rapidement lorsque les niveaux de vaccination diminuent. Les organisations s’inquiètent du fait que les flambées de rougeole puissent également laisser présager d’autres épidémies de maladies se propageant plus lentement.

Outre ses effets directs sur l’organisme, qui peuvent être mortels, le virus de la rougeole affaiblit également le système immunitaire pendant plusieurs mois et rend l’enfant plus vulnérable à d’autres maladies infectieuses comme la pneumonie et la diarrhée. La plupart des cas de rougeole surviennent dans des contextes ayant connu des difficultés sociales et économiques en raison de la COVID-19, d’un conflit ou d’autres crises, et touchés de manière chronique par la fragilité des infrastructures de santé et l’insécurité.

« En plus d’être une maladie dangereuse et potentiellement mortelle, la rougeole est un signe avant-coureur qui révèle des lacunes dans la couverture vaccinale à l’échelle du globe – des lacunes dont pâtiront les enfants vulnérables », a déclaré Catherine Russell, directrice générale de l’UNICEF. « S’il est encourageant de constater que les habitants de nombreuses communautés commencent à se sentir suffisamment protégés contre la COVID-19pour reprendre leurs interactions sociales, cette reprise des activités dans les pays où les enfants ne bénéficient pas d’une vaccination de routine contribue à créer le terrain idéal pour la propagation de maladies telles que la rougeole. »

En 2020, 23 millions d’enfants (3,7 millions de plus qu’en 2019) n’ont pas reçu les vaccins infantiles de base dans le cadre des services de santé de routine, soit le chiffre le plus élevé depuis 2009.

Des retards de vaccination en partie imputables à la pandémie de COVID-19

PaysCas de rougeole recensésTaux par million d’habitantsCouverture de la 1ère dose de vaccin contre la rougeole (%), 2019Couverture de la 1ère dose de vaccin contre la rougeole (%), 2020
Somalie9 0685544646
Yémen3 6291196768
Afghanistan3 628916466
Nigeria12 341585454
Ethiopie3 039266058

En avril 2022, les organisations signalaient, dans le monde, au cours des 12 derniers mois, 21 flambées épidémiques majeures de rougeole ayant eu des effets perturbateurs, l’Afrique et la Méditerranée orientale étant les régions les plus touchées. Toutefois, ces chiffres sont probablement sous-estimés car, la pandémie ayant mis à mal les systèmes de surveillance à l’échelle du globe, il est fort probable que la totalité des cas n’aient pu être signalés.

Parmi les pays où la rougeole a le plus sévi depuis l’an dernier figurent la Somalie, le Yémen, le Nigéria, l’Afghanistan et l’Éthiopie. L’insuffisance de la couverture vaccinale contre la rougeole est la principale cause de ces épidémies, quel que soit le pays concerné.

« La surcharge des systèmes de santé, dans le sillage de la pandémie de COVID-19, a conduit à l’interruption des services de vaccination. Or, nous constatons aujourd’hui la résurgence de maladies mortelles telles que la rougeole, et les conséquences de ces perturbations se feront sentir pendant plusieurs décennies en ce qui concerne d’autres maladies », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé. « Il est urgent de remettre les services essentiels de vaccination sur les rails et de lancer des campagnes de rattrapage afin que chacun puisse avoir accès à ces vaccins vitaux. »

Au 1er avril 2022, on déplorait toujours le report, en raison de la pandémie, de 57 campagnes contre des maladies évitables par la vaccination prévues dans 43 pays, au détriment de 203 millions de personnes, principalement des enfants. Parmi celles-ci, 19 sont des campagnes contre la rougeole, une situation qui expose 73 millions d’enfants au risque de contracter cette maladie. En Ukraine, la campagne de rattrapage contre la rougeole commencée en 2019 a été interrompue en raison de la pandémie de COVID-19, puis de la guerre. Il est essentiel de mener des campagnes de vaccination de routine et de rattrapage partout où l’accès est possible afin de veiller à ce que la situation observée dans le pays entre 2017 et 2019, une période marquée par des flambées épidémiques à répétition qui ont touché plus de 115 000 personnes et entraîné 41 décès – soit le taux d’incidence le plus élevé en Europe –, ne se reproduise pas.

Des partenaires engagés pour soutenir les efforts de renforcement des systèmes de vaccination

Atteindre une couverture vaccinale d’au moins 95 % de la population avec deux doses de vaccin est un moyen sûr et efficace de protéger les enfants contre la rougeole. Or, dans de nombreux pays, les perturbations engendrées par la pandémie de COVID-19 ont retardé l’administration de la deuxième dose de vaccin.

Alors que les pays s’efforcent de répondre aux flambées de rougeole et d’autres maladies évitables par la vaccination, et de regagner le terrain perdu, l’UNICEF, l’OMS, et leurs partenaires, à l’instar de Gavi, l’Alliance du vaccin, de l’Initiative contre la rougeole et la rubéole, de la Fondation Bill & Melinda Gates et d’autres, poursuivent leurs efforts visant à renforcer les systèmes de vaccination en :

  • Rétablissant des services et des campagnes de vaccination afin que les pays puissent mener en toute sécurité des programmes de vaccination de routine et ainsi rattraper le retard accumulé ;
  • Aidant les agents de santé et les responsables communautaires à communiquer activement avec les soignants pour leur expliquer l’importance des vaccinations ;
  • Comblant les lacunes en matière de couverture vaccinale, notamment en identifiant les communautés et les personnes qui ont été oubliées pendant la pandémie ;
  • Veillant à ce que la vaccination contre la COVID-19 fasse l’objet d’un financement distinct et soit bien intégrée dans la planification générale des services de vaccination, de sorte qu’elle ne soit pas menée au détriment d’autres vaccinations, notamment de celles contre les maladies infantiles ;
  • Mettant en œuvre les plans nationaux de prévention et de lutte contre les flambées de maladies évitables par la vaccination et en renforçant les systèmes de vaccination dans le cadre des efforts de relance liés à la COVID-19.

Pour plus d’informations sur la campagne de la Semaine mondiale de la vaccination de l’OMS du 24 au 30 avril et toutes les ressources.