Remarques de la directrice générale de l’UNICEF, Catherine Russell, lors du lancement de l’appel de l’UNICEF pour l’Action Humanitaire en faveur des Enfants de 2025.
New York, le 5 décembre 2024 – « Excellences, collègues, bienvenue au lancement de l’appel de l’UNICEF pour l’Action Humanitaire en faveur des Enfants de 2025.
Permettez-moi tout d’abord de vous remercier – amis et donateurs de l’UNICEF – pour votre soutien continu à l’UNICEF et à notre action en faveur des enfants les plus vulnérables dans le monde. Alors que les besoins humanitaires atteignent des niveaux historiques dans les crises du monde entier, votre soutien est plus important que jamais.
À l’heure où nous parlons, des millions d’enfants sont privés de leurs droits fondamentaux en raison de multiples crises étroitement liées, qu’il s’agisse de conflits, des conséquences du changement climatique, d’urgences en matière de santé publique ou de l’aggravation de la pauvreté.
Nous estimons qu’à l’heure actuelle, plus de 460 millions d’enfants vivent dans des conflits dévastateurs ou cherchent à les fuir. Ils se font blesser et tuer chez eux et dans leurs communautés. Leurs écoles et leurs hôpitaux sont attaqués. Ils n’ont pas non plus accès aux services dont ils ont besoin, comme la protection, l’eau potable, l’assainissement, les vaccinations et l’éducation.
Les enfants, premières victimes des violences
Cela concerne également l’État de Palestine et Israël, où plus d’un an après la violente attaque contre Israël, la situation des enfants dans la région est presque indescriptible. Des enfants israéliens ont été tués et pris en otage, tandis que des milliers d’entre eux ont dû quitter leur foyer.
À Gaza, plus de 44 000 Palestiniens auraient été tués, dont près de 60 % de femmes et d’enfants. Les quelque 1,1 million d’enfants de Gaza ont absolument besoin d’une aide humanitaire pour survivre, et la plupart d’entre eux sont aujourd’hui déplacés à l’intérieur d’une zone de moins de 50 kilomètres carrés. La faim et la malnutrition aiguë sont très répandues, surtout dans le nord, et des milliers d’enfants ont été victimes de graves violations de leurs droits.
Au Liban, nous espérons que le cessez-le-feu récemment annoncé mettra fin à la guerre qui a tué plus de 240 enfants, en a blessé environ 1 400 autres et a bouleversé la vie d’un nombre incalculable d’autres personnes. Il s’agit d’une première étape essentielle pour permettre aux communautés de guérir et de se reconstruire après des mois de détresse et de pertes.
Les conséquences dévastatrices du conflit au Soudan
Pendant ce temps, le conflit armé au Soudan fait rage, causant de graves dommages à la population civile du pays. Le conflit, les déplacements massifs et les contraintes d’accès à l’aide humanitaire ont entraîné une insécurité alimentaire dévastatrice, un taux de malnutrition élevé et de graves violations des droits de l’homme.
En juin, je me suis rendue à Port-Soudan et j’ai pu constater de mes propres yeux que les enfants, en particulier les filles, subissent chaque jour les conséquences du conflit et que plus de la moitié des 24 millions d’enfants du pays ont besoin d’une aide humanitaire urgente.
Pendant mon séjour, j’ai rencontré une fillette de 11 ans nommée Areeg. Elle m’a raconté qu’elle et sa famille avaient été déplacées à de multiples reprises par la guerre civile en cours, et que l’un de ses amis les plus proches avait été tué. La vie est difficile pour Areeg, mais elle et sa famille sont désormais en sécurité. Chaque jour, elle se rend dans un Espace Ami des Enfants géré par l’UNICEF où elle peut dessiner, jouer et être une enfant pendant quelques heures. « J’adore dessiner« , m’a-t-elle dit, cela lui permet d’exprimer ses émotions à travers ses œuvres.
Je dois réitérer qu’en termes d’échelle, les conséquences humanitaires de la guerre au Soudan sont les plus importantes que nous ayons connues au cours des vingt dernières années.
Les enfants piégés dans des crises oubliées
Excellences, au-delà des crises qui font la une de l’actualité mondiale, nous continuons d’observer des niveaux historiques d’enfants ayant besoin d’une aide humanitaire dans des situations d’urgence dites « oubliées ».
Au Myanmar, par exemple, on estime que 3,4 millions de personnes – dont près de 40 % d’enfants – ont été déplacées par la violence. Cela concerne notamment l’intensification du conflit dans l’État de Rakhine, où l’UNICEF a reçu des rapports alarmants selon lesquels des civils, en particulier des enfants et des familles, sont pris pour cible ou pris entre deux feux, entraînant des décès et des blessures graves.
Ou encore en Haïti, où plus de 700 000 personnes, dont 365 000 enfants, sont aujourd’hui déplacées à l’intérieur du pays en raison de violences terribles perpétrées par des groupes armés. Dans tout le pays, six millions de personnes, dont 3,3 millions d’enfants, ont besoin d’une aide humanitaire et la plupart d’entre eux sont confrontés à une grave insécurité alimentaire.
En République démocratique du Congo, près de 15 millions d’enfants touchés par le conflit ont besoin d’aide humanitaire et de protection.
La menace croissante du changement climatique
Parallèlement, les enfants sont de plus en plus menacés par l’intensification de la crise climatique. Aujourd’hui, plus d’un milliard d’enfants, soit près de la moitié des enfants du monde, vivent dans des pays où le risque d’impact du changement climatique est extrêmement élevé.
Par conséquent, ils sont de plus en plus exposés aux sécheresses et aux vagues de chaleur, à des tempêtes plus puissantes et à des inondations plus importantes, à la pollution de l’air et aux maladies. Les catastrophes liées au changement climatique perturbent l’approvisionnement des enfants en aliments nutritifs et en eau salubre et compromettent la fourniture de services sociaux essentiels.
Le changement climatique et les conflits déplacent également les enfants de leurs foyers et de leurs communautés, souvent à plusieurs reprises. À la fin de l’année 2023, près de 50 millions d’enfants étaient déplacés en raison de conflits, de violences et de catastrophes naturelles, soit 40 % de l’ensemble des personnes déplacées de force dans le monde.
Nous estimons que les conditions météorologiques extrêmes, notamment les inondations, les sécheresses et les tempêtes, entraînent le déplacement de 20 000 enfants chaque jour. Et, en moyenne, le déplacement des enfants dure cinq ans, ce qui signifie que de nombreux enfants passent jusqu’à un quart de leur enfance dans des lieux d’accueil, où leurs droits fondamentaux sont souvent bafoués.
Des besoins humanitaires sans précédent
Une fois de plus, l’ampleur des besoins humanitaires des enfants atteint un niveau sans précédent, et de plus en plus d’enfants sont touchés chaque jour. À l’horizon 2025, nous estimons que 213 millions d’enfants dans 146 pays et territoires auront besoin d’une aide humanitaire au cours de l’année – un chiffre effarant.
L’UNICEF a pour mission de fournir à chacun de ces enfants les services et les fournitures essentiels dont ils ont besoin, de veiller à ce qu’ils soient protégés et à ce que leurs droits soient respectés.
Partout dans le monde, notre organisation dispose d’une présence sur le terrain, d’un personnel dévoué et de partenaires qui lui permettent de remplir ce mandat, même dans les endroits les plus difficiles d’accès. Au cours du premier semestre de cette année, l’UNICEF et ses partenaires ont apporté une aide humanitaire à des millions d’enfants et de familles.
Cela comprend la fourniture de soins de santé primaires à plus de 26 millions d’enfants et de femmes, l’approvisionnement en eau potable de plus de 17 millions de personnes, l’aide apportée à près de 10 millions d’enfants pour qu’ils accèdent à des services d’éducation et le dépistage de l’émaciation chez plus de 12 millions d’enfants.
Renforcer les systèmes pour protéger les enfants
Au travers de nos opérations humanitaires, nous renforçons les systèmes dont dépendent les enfants – notamment les soins de santé, l’eau, l’assainissement et l’éducation – afin de soutenir les objectifs de développement à plus long terme.
L’UNICEF investit également de manière significative dans les systèmes d’alerte précoce, les actions d’anticipation et les mesures de prévention. Cela nous aide à protéger les communautés contre les chocs futurs, tout en permettant à nos équipes de répondre plus rapidement et plus efficacement aux crises émergentes.
Ces résultats démontrent notre capacité à agir en faveur des enfants. Mais pour réussir pour chaque enfant, l’UNICEF a besoin d’un financement flexible, prévisible et en temps voulu.
L’importance d’un financement flexible
Un financement flexible nous permet de répondre rapidement aux crises émergentes et d’anticiper les risques futurs. Il nous permet également d’allouer équitablement les ressources là où elles sont le plus nécessaires, ce qui est essentiel pour atteindre les enfants dans les situations d’urgence qui ont été largement oubliées par la communauté internationale.
Malgré notre appel continu en faveur d’un financement flexible, celui-ci ne représente que 9 % du financement humanitaire total reçu par l’UNICEF à ce jour, la majorité étant réservée à des urgences spécifiques, ce qui laisse de nombreux enfants de côté. Nous devons de toute urgence inverser cette tendance afin de pouvoir atteindre tous les enfants qui ont besoin d’aide humanitaire, où qu’ils se trouvent.
L’UNICEF lance un appel de fonds de 9,9 milliards de dollars pour soutenir son action humanitaire en faveur des enfants en 2025. Ces fonds nous aideront à atteindre 109 millions d’enfants en situation de crise humanitaire en leur fournissant des services immédiats de survie et en investissant dans leur développement à plus long terme.
Un appel mondial à la solidarité
J’ai vu de mes propres yeux tout ce qui est possible lorsque nous plaçons les enfants au premier plan et que nous travaillons ensemble pour apporter à ceux qui vivent des crises humanitaires le soutien dont ils ont le plus besoin. L’UNICEF s’engage auprès de ces enfants, et notre personnel et nos partenaires resteront sur le terrain pour travailler sans relâche en leur faveur.
J’espère que vous nous soutiendrez dans ces efforts et que vous saurez faire preuve de générosité et de courage pour les enfants. Ils restent le meilleur investissement pour notre monde. Imaginez ce que nous pourrions accomplir pour les enfants en travaillant ensemble dans le cadre d’une action humanitaire régie par des principes. Nous pourrions créer un monde où les droits de chaque enfant seraient protégés et respectés, et où chaque enfant pourrait se développer et s’épanouir. Nous pouvons créer un monde digne de chaque enfant.
Merci. »
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