Au cœur de l’océan Indien, Mayotte, 101e département français, possède un des plus beaux lagons au monde. Située entre Madagascar et la côte du Mozambique, l’île offre un portrait idyllique.
Pourtant, sur place, la réalité est plus sombre.
Pauvreté extrême, habitats précaires, manque d’infrastructures, difficulté d’accès aux soins…la liste des crises qui accablent Mayotte s’allonge. Le département le plus jeune et le plus pauvre de France a été frappé par une sécheresse sans précédent, la pire depuis 1997. Les problèmes systémiques d’accès à l’eau se sont alors aggravés.
Des gestes aussi simples que boire, se laver les mains ou cuisiner relèvent du défi.
Mayotte, paralysée par des pénuries d’eau récurrentes
Depuis plusieurs mois, on observe la même scène à Mamoudzou, capitale de l’île. Le jour à peine levé, des dizaines d’habitants se précipitent pour faire la queue devant des conteneurs. Dans ces caissons métalliques se trouve la ressource vitale qui se fait de plus en plus rare : des packs d’eau potable. Malgré la chaleur étouffante, les populations sont prêtes à attendre des heures, dans l’espoir de repartir avec quelques bouteilles.
À Mayotte, depuis le début de la sécheresse en mars 2023, les pénuries d’eau se sont intensifiées. Les retenues collinaires, réserves artificielles qui fournissaient 80 % de la population en eau ont atteint un seuil critique en fin d’année dernière. Les familles passent alors plusieurs heures voire des jours sans eau au robinet. Et lorsqu’elle est disponible, elle est parfois blanchâtre ou contaminée.
« Avoir de l’eau potable à Mayotte est vraiment compliqué. On essaye de trouver des packs d’eau dans les supermarchés mais il n’y en a pas toujours et ça coûte cher » témoigne Wakidine, un habitant.
Le constat est sans appel, Mayotte frôle la catastrophe. Et cette épreuve pèse lourd sur la santé et l’éducation des enfants.
Selon le Centre Hospitalier, les cas de diarrhées aiguës, de déshydratation et de gastro-entérites se sont multipliés, surtout chez les plus petits. La menace du choléra plane également sur l’île avec un premier cas détecté le 19 mars. Dans les quartiers aux airs de bidonvilles, la promiscuité des habitations, l’absence de services d’hygiène adaptés et le manque d’eau potable favorisent une propagation rapide des bactéries. Une telle épidémie serait un désastre.
Sans eau potable, le droit à l’éducation est lui aussi mis en péril. Les élèves, surtout les jeunes filles, ont la lourde tâche d’aller chercher de l’eau potable pour faire des réserves. Résultat, ils manquent des heures de cours et prennent du retard dans leur cursus.
Aussi, les établissements scolaires peinent à assurer des conditions d’hygiène sûres pour accueillir les élèves. À Mamoudzou par exemple, la présence de métaux lourds dans l’eau a poussé 7 écoles à fermer leurs portes, laissant des centaines d’enfants livrés à eux-mêmes.
A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, l’UNICEF France alerte
Sans eau potable, les services essentiels peinent à opérer. Les conditions d’hygiène se dégradent à une vitesse affolante et les hôpitaux, sous tension, craignent une crise sanitaire majeure.
Dans sa dernière tribune et son rapport Grandir dans les Outre-Mer, l’UNICEF France appelle les autorités à garantir un accès effectif à l’eau potable en déployant des mesures urgentes :