Quand on est un enfant pauvre, profiter de loisirs culturels ou sportifs n’est pas perçu comme nécessaire : pourtant, ces activités contribuent au développement de l’enfant et à son épanouissement.
Au sein de l’association des Enfants du canal, elle s’occupe plus particulièrement des enfants qui vivent dans des bidonvilles. Souvent déscolarisés, ces enfants ne disposent pas du même accès que les autres aux loisirs et à la culture, et ils passent à côté d’apprentissages pourtant basiques.
Apprendre les bases et trouver les moyens de s’exprimer
Clélia Chopinaud, présidente de l’association ASET93, a été enseignante auprès d’enfants déscolarisés et elle a pu le constater de ses propres yeux : « Certains enfants rencontrés ne savaient pas tenir un crayon correctement », souligne-t-elle. Parfois, des adolescents n’étaient même pas en mesure d’utiliser une paire de ciseaux. Pour que ces enfants s’approprient ces gestes du quotidien, elle a privilégié une approche par la culture. « Nous avons organisé des ateliers avec des artistes, car la pratique artistique – comme la peinture ou la poterie – permet de développer des compétences de motricité fine. »
Au-delà de ces techniques, les enfants ainsi rapprochés du monde de la culture et des loisirs évoluent. Médecin, Marina Lavigne a vu des changements s’opérer chez des enfants migrants, par exemple : « Les adolescents qui font de l’art-thérapie sont ensuite capables d’exprimer leur mal-être, rapporte-t-elle. Dans le cadre d’une exposition, on a un jeune qui a vécu une migration très traumatique, qui a dessiné un tout petit bateau sur une grande page bleue. Et il y avait un peu de rouge pour figurer le sang. Réaliser ce dessin l’a aidé à en parler. »
Développer son potentiel
C’est dans cette optique que l’UNICEF et les Enfants du canal ont organisé pour plusieurs enfants des bidonvilles une rencontre avec des musiciens de l’Orchestre de Radio France. « C’est un vecteur qui permet d’avoir accès aux émotions, à la colère et ça leur permet de se détacher de leurs préoccupations. » Elle a par ailleurs observé que les enfants concernés dormaient mieux et étaient plus détendus.
En permettant à tous les enfants d’accéder aux loisirs et à la culture, on leur permet de se réaliser pleinement. « Des enfants éloignés de l’art et du divertissement sont comme amputés de leur enfance, insiste Livia Otal. Sans la partie ludique, l’enfance et l’adolescence n’existent pas. » Clélia Chopinaud voit également dans ces apprentissages non-scolaires l’occasion de développer des aptitudes de vie : « Quand on emmène des enfants à la médiathèque, par exemple, ils entrent dans un lieu qui leur était jusque-là inaccessible, explique-t-elle. Ces sorties en groupe permettent de se familiariser avec l’usage des transports en commun et de développer des compétences sociales comme le sens de la responsabilité, le respect des autres et des règles ainsi que la civilité. Grâce à cela, ils deviennent plus autonomes. »
C’est justement pour que chaque enfant développe son potentiel que l’UNICEF s’engage : accéder aux loisirs et à la culture est un droit dont tous les enfants doivent bénéficier, quel que soit leur statut migratoire où l’endroit où ils vivent. Tous les obstacles qui empêchent les enfants et les jeunes d’exercer ce droit doivent être combattus.