Les chocs climatiques au Brésil, en Colombie et au Pérou privent les enfants d’éducation, de nourriture et d’autres services essentiels alors que les cours d’eau s’assèchent de manière catastrophique.
Panama/ New York, le 7 novembre 2024 – Plus de 420 000 enfants sont actuellement affectés par des niveaux dangereux de pénurie d’eau et de sécheresse dans trois pays de la région amazonienne selon de nouvelles estimations de l’UNICEF.
La sécheresse sans précédent qui frappe le Brésil, la Colombie et le Pérou depuis l’année dernière, entraînant un niveau historiquement bas des cours d’eau du bassin amazonien, a de lourdes conséquences sur les enfants et les communautés riveraines et autochtones de ces pays, où les familles dépendent de ces cours d’eau pour se déplacer et acheminer de la nourriture, de l’eau, du carburant et des fournitures médicales de base, ainsi que pour se rendre à l’école.
Ce phénomène perturbe également fortement les services essentiels dans la région, notamment ceux ayant trait à la santé, à l’éducation et à la protection de l’enfance, ainsi que l’agriculture et les moyens de subsistance, compromettant ainsi la vie des populations.
Les services publics essentiels dépendent de la bonne santé de l’écosystème d’Amazonie
« Cela fait des siècles que l’Amazonie abrite de précieuses ressources naturelles. Nous assistons à la destruction d’un écosystème essentiel indispensable aux familles et cette situation prive de nombreux enfants d’un accès adéquat à la nourriture, à l’eau, aux soins de santé et à l’éducation », affirme Catherine Russel, directrice générale de l’UNICEF. « Nous devons atténuer les effets des crises climatiques extrêmes afin de protéger les enfants d’aujourd’hui et les générations à venir. La santé de l’Amazonie a des répercussions sur la santé de chacune et chacun d’entre nous. »
L’Amazonie s’étend sur neuf pays d’Amérique du Sud et constitue la plus grande forêt tropicale de la planète. Dans la région amazonienne brésilienne, plus de 1 700 écoles 760 centres de santé ont dû fermer leurs portes ou sont devenus inaccessibles en raison de la baisse des niveaux d’eau. Dans le cadre de la dernière évaluation menée par l’UNICEF sur le terrain dans 14 communautés dans le sud de l’Amazonie au Brésil, la moitié des familles ont déclaré que leurs enfants étaient actuellement déscolarisés en raison de la sécheresse.
En Amazonie colombienne, le niveau des cours d’eau a chuté de plus de 80 %, restreignant l’accès à l’eau potable et aux denrées alimentaires, et provoquant la suspension de l’enseignement en présentiel dans plus de 130 écoles. Une situation qui expose les enfants à un risque accru de recrutement, d’utilisation et d’exploitation par des groupes armés non étatiques, et provoque une hausse des infections respiratoires, des maladies diarrhéiques, du paludisme et de la malnutrition aiguë chez les enfants de moins de 5 ans.
Au Pérou, cet épisode de sécheresse touche particulièrement la région de Loreto, dans le nord-est du pays, et met en danger les communautés reculées, pour la plupart autochtones et déjà vulnérables. Plus de 50 centres de santé sont devenus inaccessibles, tandis que les feux incontrôlés, souvent d’origine humaine mais dont la propagation est favorisée par les sécheresses qui sévissent depuis deux mois, entraînent également des dommages et une perte de biodiversité jamais vus auparavant dans 22 des 26 régions du pays, en plus d’aggraver la pollution de l’air à l’échelle locale et régionale.
Cercle vicieux
L’insécurité alimentaire induite par la sécheresse accroît les risques de malnutrition, de retard de croissance, d’émaciation et de décès chez les enfants, en particulier chez ceux de moins de 5 ans, tandis que les pénuries d’eau exacerbées par les sécheresses entravent l’accès à l’eau salubre et peuvent provoquer des flambées de maladies infectieuses. Des études ont également montré que les femmes enceintes exposées à la sécheresse étaient davantage susceptibles de donner naissance à des enfants présentant un plus faible poids à la naissance.
L’UNICEF estime à 10 millions de dollars les fonds nécessaires au cours des prochains mois pour répondre aux besoins les plus urgents des communautés affectées par les sécheresses qui frappent le Brésil, la Colombie et le Pérou, notamment pour assurer la distribution d’eau et d’autres fournitures essentielles, mobiliser des brigades de santé, et renforcer la résilience des systèmes de proximité et des services publics locaux dans les communautés autochtones affectées.
Les enfants doivent être au centre des négociations à la COP29
À l’approche de la COP29, l’UNICEF appelle les dirigeants à prendre quatre mesures essentielles pour les enfants et les jeunes, à savoir :
- Veiller à ce que la décision de couverture de la COP29 prenne en compte les effets particuliers et disproportionnés des changements climatiques sur les enfants ;
- Accroître considérablement le financement de l’action climatique pour les enfants, notamment les fonds consacrés à l’adaptation et aux pertes et dommages ;
- Garantir que toutes les contributions déterminées au niveau national 3.0 tiennent compte des besoins des enfants et luttent contre les effets disproportionnés des changements climatiques sur les enfants ;
- Donner aux enfants et aux jeunes les moyens d’être présents et de participer activement aux prises de décisions climatiques à tous les niveaux.
« Dans toutes les régions du monde, les enfants subissent les conséquences dévastatrices des crises climatiques », ajoute Catherine Russell. « Nous nous trouvons à un carrefour décisif. Il est impératif de placer les enfants au centre des négociations sur le climat. »
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Consulter le rapport récemment publié par l’UNICEF : Des progrès menacés