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Près de 20 000 enfants et adolescents révèlent des inégalités et un sentiment d'exclusion sociale préoccupant

Paris, le 19 novembre 2024 – Ces résultats exceptionnels reposent sur la participation directe de près de 20 000 enfants et adolescents, de 6 à 18 ans, qui ont partagé leurs perceptions et vécus entre octobre 2023 et mars 2024. Cette consultation se distingue non seulement par son échelle, mais aussi par la profondeur des questions abordées : avec en fil rouge de cette édition la pauvreté et l’exclusion, elle fournit également des éléments sur tous les champs de leurs droits et de leur bien-être au quotidien.

Ils permettent d’explorer des dynamiques rarement analysées : l’impact cumulatif des privations matérielles et sociales sur les enfants et adolescents, selon leur lieu de résidence, leur environnement familial et leurs conditions de vie. Grâce à une analyse détaillée, menée en collaboration avec les chercheurs du Centre Maurice Halbwachs, dont Serge Paugam, membre du comité scientifique de l’UNICEF France, cette enquête offre un éclairage unique sur les différences de perception des enfants en matière d’éducation, de protection, et de reconnaissance sociale, en fonction de leur quartier d’habitation et de leur contexte socio-économique.

Ces résultats révèlent des inégalités préoccupantes, qui affectent profondément la jeunesse de notre pays, et mettent en lumière des enjeux cruciaux pour l’avenir des enfants et adolescents, en particulier ceux issus des milieux les plus précaires.

Les résultats de la Consultation nationale des 6-18 ans révèlent qu’un nombre significatif d’enfants et d’adolescents éprouvent des privations matérielles (16,2 %), d’accès à la connaissance (25,7 %), ainsi que des opportunités sociales et culturelles (44,4 % pour les activités sportives et 66,7 % pour les activités culturelles, par exemple). Ces privations, souvent cumulatives, engendrent un sentiment d’exclusion profond chez ces enfants et adolescents, qui se sentent contraints par un écart par rapport à la norme, sans nécessairement être plongés dans une détresse absolue.

Par ailleurs, l’enquête met en évidence des chiffres alarmants concernant le déficit de protection et le rejet social. En effet, 31,3 % des jeunes participants ont déjà subi des insultes, des moqueries blessantes, ou des violences verbales, que ce soit de la part d’autres enfants ou d’adultes. De plus, 30 % ont déclaré avoir été blessés physiquement, frappés ou avoir subi des attouchements non désirés par d’autres enfants, et 13,1 % par des adultes. Ces statistiques illustrent l’ampleur des violences auxquelles sont confrontés les enfants et adolescents, et soulignent la nécessité d’agir pour assurer leur protection et leur bien-être.

« Il est urgent de prendre la mesure des privations que subissent ces enfants et ces jeunes. Leur exclusion sociale ne relève pas seulement de manques matériels ; elle est aussi la conséquence de l’insuffisance d’accès à des opportunités d’épanouissement culturel et social, ainsi que de l’absence de reconnaissance dont ils sont souvent victimes ; ils ne peuvent pas grandir dans des conditions satisfaisantes », déclare Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF France.

Les privations matérielles et sociales s’accompagnent d’un déficit de protection qui affecte près de 12 % des enfants et adolescents interrogés. Les enfants et adolescents en proie à des privations matérielles ont 2,7 fois plus de risque d’être exposés à un déficit de protection. Insécurité, manque de soutien et agressions verbales ou physiques engendrent une détresse psychologique chez les enfants concernés, renforçant ainsi leur exclusion.

Environ 11 % des participants sont confrontés à des formes de rejet social, marqué par un déni de reconnaissance et un sentiment de ne pas compter pour la société. Les enfants et adolescents confrontés à des privations matérielles ont 2,5 fois plus de risques de faire face à une forme de rejet social, tandis que ceux subissant un déficit de protection présentent un risque accru (9,4 fois plus de risque que les autres). Ce rejet s’ajoute aux privations et au déficit de protection, formant ainsi un triptyque structurel d’exclusion.

Les enfants hébergés en dehors de leur foyer familial, ceux vivant en quartiers de la politique de la ville, ainsi que les enfants vivant en famille monoparentale, sont les plus durement frappés par le cumul des difficultés, et donc par toutes les composantes de l’exclusion sociale.

Près de 23 % des jeunes consultés, soit plus d’un enfant sur 5, souffrent également d’insuffisance alimentaire, ne mangeant pas trois repas par jour.

« Ce rapport met en évidence une dynamique inquiétante de cumul des inégalités. Les enfants qui vivent dans des familles monoparentales ou dans des quartiers défavorisés sont beaucoup plus susceptibles de subir un cumul de privations, de manque de protection et de rejet social, ce qui les place dans une situation d’exclusion durable », analyse Serge Paugam.

La Consultation nationale révèle qu’environ 25,4 % des enfants et adolescents ne se sentent pas écoutés ni reconnus par les adultes de leur établissement scolaire. Ce chiffre pointe une lacune majeure dans le bien-être scolaire, élément clé pour un parcours éducatif réussi.

Le sentiment de privation de droits est prégnant chez 16 % des jeunes participants, qui considèrent que leurs droits ne sont pas respectés dans leur ville, village ou quartier, remettant en cause l’égalité fondamentale des droits des enfants.

« Cette Consultation nationale donne directement la parole aux enfants et adolescents, leur permettant d’exprimer leurs besoins, leurs espoirs, mais aussi leurs difficultés quotidiennes. Les réponses qu’ils nous ont apportées doivent guider nos actions en faveur d’une société plus juste et protectrice pour tous les enfants. La privation des droits, particulièrement en matière d’éducation et de protection, est inacceptable. Ces enfants ont le droit à un avenir, et il est de notre devoir de leur offrir les moyens de le construire », insiste Adeline Hazan.

Ces résultats interpellent sur l’urgence de renforcer la protection et les droits des enfants en France, alors que la pauvreté, l’insécurité et l’exclusion continuent de creuser les inégalités. L’UNICEF France appelle les décideurs à agir pour inverser ces tendances inquiétantes.

Les recommandations de l’UNICEF France

Suite aux résultats de la Consultation nationale des 6-18 ans, qui a mis en lumière les défis et les besoins pressants des enfants et adolescents en France, l’UNICEF France formule les recommandations suivantes :

  1. Faire de la lutte contre l’exclusion sociale des enfants une priorité gouvernementale en adoptant une approche multidimensionnelle prenant en compte la lutte contre les privations matérielles, le déficit de protection et le rejet social.
  2. Poursuivre les actions en faveur d’une meilleure mesure de la pauvreté des enfants et renforcer les connaissances sur son caractère multidimensionnel.
  3. Faire du respect des droits de l’enfant la boussole de l’action publique destinée aux enfants (en particulier pour les plus vulnérables d’entre eux) et assurer une meilleure prise en compte de leur opinion.
  4. Poursuivre les efforts pour l’accompagnement des familles monoparentales.
  5. Renforcer l’éducation aux droits de l’enfant dans les établissements scolaires.
  6. Favoriser une participation active des enfants dans les décisions les concernant.

Ces recommandations doivent être mises en œuvre d’urgence pour protéger les droits des enfants et garantir leur épanouissement dans une société plus juste.

Accéder au rapport ICI.

Accéder à la synthèse du rapport ICI.

Notes aux rédactions :

En parallèle, l’UNICEF France lancera officiellement l’Observatoire des droits de l’enfant, une plateforme numérique centralisant un certain nombre de données essentielles sur la situation des droits de l’enfant en France. Cette initiative répond à un besoin crucial de données sur l’enfance, permettant à l’UNICEF de remplir sa mission en fournissant des indicateurs pertinents et en prenant en compte l’enfant dans sa globalité. Grâce à cette interface unique, des statistiques fiables sur les droits des enfants seront rendues accessibles, tout en favorisant la recherche sur le sujet et en facilitant l’utilisation des données pour développer des politiques publiques à destination des enfants plus pertinentes. A découvrir ici.

L’UNICEF France a mis en place tous les deux ans la Consultation nationale des 6-18 ans pour mesurer l’application de la Convention internationale des droits de l’enfant au quotidien (en général, en famille, à l’école, dans la ville, dans des structures) et permettre aux enfants et adolescents de s’exprimer et de prendre part aux décisions qui les concernent.

En partant de notre besoin de connaissances sur l’application des droits de l’enfant (et du manque de données existantes), des indicateurs sont établis et permettent d’analyser en profondeur un sujet, grâce à la collaboration de chercheurs et spécialistes. Ces indicateurs sont transformés en une centaine de questions, posées directement aux enfants et aux jeunes, en ligne ou sur papier. Cette année, des groupes de discussion avec des enfants et une enquête par entretiens auprès d’enfants et d’adolescents, ainsi que de leurs parents, dans un quartier de la politique de la ville, ont également été conduits.

  • 2014 : le malaise adolescent
  • 2016 : le lieu de vie comme marqueur social
  • 2018 : les inégalités et relations filles/garçons
  • 2021 : l’éducation et les apprentissages
  • 2023 : la pauvreté et l’exclusion sociale