Il y a dix ans, dans la nuit du 18 au 19 avril, un naufrage catastrophique au large des côtes italiennes tuait plus de 1 000 personnes, parmi lesquelles des enfants.
Genève/ New York/ Paris, le 15 avril 2025 – Selon les dernières estimations de l’UNICEF, au cours des dix dernières années, environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus après avoir tenté de traverser la Méditerranée centrale pour rejoindre l’Italie. Cela représente un décès d’enfant chaque jour depuis dix ans.
Défaut de protection pour les enfants en situation de migration
Environ sept enfants sur dix effectuent cette traversée sans parent ni tuteur légal. Ainsi, la plupart des enfants qui ont péri ou disparu sur cette route voyageaient seuls. Leur périple peut être particulièrement éprouvant. D’après les données de notre enquête, plus de la moitié des enfants et des jeunes interrogés déclarent avoir subi des violences physiques et un tiers affirment avoir été détenus contre leur gré, à un moment donné.
Beaucoup d’enfants qui tentent de traverser la Méditerranée centrale fuient la guerre, les conflits, la violence et la pauvreté ; autant de facteurs à l’origine de ces déplacements qui les poussent à partir en quête de sécurité et d’opportunités à l’étranger.
« Il y a dix ans, un naufrage au large des côtes italiennes a tué plus de 1 000 personnes et a provoqué une onde de choc dans la région » a déclaré Regina De Dominicis, directrice régionale de l’UNICEF pour l’Europe et l’Asie centrale et coordinatrice spéciale pour la réponse aux réfugiés et aux migrants en Europe. « Les gouvernements doivent protéger les droits et l’intérêt supérieur des enfants conformément à leurs obligations en vertu du droit national et international. Les droits consacrés par la Convention relative aux droits de l’enfant ne s’arrêtent pas aux frontières ou aux rivages, ils accompagnent les enfants lorsqu’ils les traversent. »
Un funeste bilan pourtant sous-estimé
Au moins 20 803 personnes sont mortes ou ont disparu en Méditerranée centrale au cours des dix dernières années. De nombreux naufrages sur cette dangereuse route migratoire au départ de l’Afrique du Nord ne laissent aucun survivant capable de témoigner et certains ne sont même pas enregistrés, ce qui rend pratiquement impossible la vérification du nombre réel de personnes qui meurent ou disparaissent. Aussi, le bilan humain est-il probablement bien plus élevé.
La grande majorité des personnes mortes ou disparues ne sont jamais identifiées, ce qui rend encore plus difficile la collecte ou la vérification d’informations sur leur profil.
Les obligations légales ne sont pas des options
L’UNICEF rappelle que, si l’adoption du Pacte européen sur la migration et l’asile peut permettre de mieux organiser la gestion des migrations, ce dernier doit être mis en œuvre en parfaite conformité avec les obligations légales de défense de l’intérêt supérieur de l’enfant.
Afin de prévenir de nouveaux décès en mer, l’UNICEF appelle à renforcer les opérations de recherche et de sauvetage en tenant compte des besoins spécifiques des enfants. À son arrivée, chaque enfant doit immédiatement bénéficier d’une représentation juridique et de solides mesures de protection. Les mesures de restriction des déplacements ne doivent jamais permettre la détention d’un enfant dans un centre de rétention, que ce soit lors des procédures de contrôle, de passage des frontières, de demande d’asile ou de renvoi.
L’action de l’UNICEF
L’UNICEF aide les pays à renforcer leurs systèmes nationaux de protection de l’enfance, de protection sociale, de migration et d’asile afin de garantir la sécurité des enfants lors de leurs déplacements. L’UNICEF travaille également avec les pays concernés pour fournir un soutien et des services inclusifs pour tous les enfants, quel que soit leur statut juridique ou celui de leurs parents.
En Italie, l’UNICEF travaille avec le gouvernement et d’autres partenaires pour offrir aux enfants et aux femmes un accès à un soutien psychosocial, à des services de santé et à des services spécialisés pour les personnes exposées à la violence, à l’exploitation et aux abus.
Notes aux rédactions :
Cette analyse des données s’appuie sur les informations fournies par le « Operational Data Portal » du HCR relatives aux arrivées en Italie (en date du 8 avril 2025) et sur les données issues du projet « Missing Migrants » de l’OIM relatives à la route migratoire de la Méditerranée centrale (en date du 5 avril 2025, consultées le 8 avril 2025). L’analyse couvre la période allant du 8 avril 2015 au 8 avril 2025.
Selon les estimations, environ 3 500 enfants (3 474) sont morts ou ont disparu le long de cette route au cours de la dernière décennie. Cette estimation est obtenue en appliquant la proportion d’enfants parmi les arrivants (16,7 %) au nombre total de personnes portées disparues sur la même route durant cette même période.
L’UNICEF préside le secrétariat de l’International Data Alliance for Children on the Move (IDAC) ; une initiative mondiale visant à améliorer la disponibilité et la qualité des données afin d’améliorer la situation des enfants en situation de déplacement. Pour en savoir plus, cliquez ici.