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Des enfants jouent dans les décombres des maisons détruites lors du tremblement de terre de 2021 aux Cayes, en Haïti.©UNICEF/UN0695565/RogerLeMoyne

Près de 3 millions d’enfants ont besoin d’une aide humanitaire urgente en Haïti, le nombre le plus élevé jamais enregistré

Menacés par des niveaux inédits de violence, de malnutrition et de pauvreté, les enfants courent un grave danger.

Port-au-Prince, le 15 juin 2023 – Près de 3 millions d’enfants – un nombre record – ont besoin d’une aide humanitaire en Haïti, où ils sont confrontés à une vague de violence stupéfiante qui a exacerbé la faim et la malnutrition dans un pays déjà marqué par la pauvreté et la résurgence du choléra.

« Les enfants en Haïti traversent aujourd’hui une épreuve sans précédent dans l’histoire contemporaine et sont plus que jamais exposés au danger. Les menaces et les difficultés auxquelles ils font face sont tout simplement inimaginables. Ces enfants ont désespérément besoin de protection et d’assistance », a déclaré Bruno Maes, représentant de l’UNICEF en Haïti.

Les enfants, premières victimes des conflits armés

Les enfants se retrouvent pris au piège des tirs croisés – quand ils ne sont pas directement visés – lors des affrontements qui opposent les groupes armés cherchant à prendre le contrôle du territoire et semant la terreur au passage. D’abord concentrées principalement dans la capitale, Port-au-Prince, les hostilités touchent de plus en plus le département voisin de l’Artibonite.

Des enfants sont tués ou blessés sur le chemin de l’école. Des femmes et des filles sont victimes d’atroces actes de violence sexuelle. Le nombre d’enlèvements contre rançon (dont les étudiants, les enseignants et les agents de santé sont notamment la cible) a grimpé en flèche, tout comme les attaques contre les écoles, et la violence a contraint des dizaines de milliers d’habitants à se déplacer.

L’augmentation dramatique des cas de malnutrition

Dans le même temps, la faim et la malnutrition – laquelle fait courir des risques mortels aux enfants – atteignent des taux record à l’échelle du pays. Des fléaux qui sévissent principalement dans les quartiers les plus pauvres, les moins sécurisés et les plus densément peuplés de la capitale, où certaines familles sont littéralement prises au piège et privées d’accès aux services essentiels. Le nombre d’enfants atteints d’une forme potentiellement mortelle de malnutrition a bondi de 30 % depuis l’an dernier, et près d’un enfant sur quatre dans le pays souffre de malnutrition chronique.

La violence, la pauvreté et le désespoir viennent aggraver davantage la situation en poussant les enfants entre les mains des groupes armés. En effet, beaucoup d’enfants et de jeunes se déclarent contraints de rejoindre leurs rangs en échange de protection, de nourriture ou d’un moyen de subsistance pour leur famille. Certains affirment également trouver auprès d’eux un sentiment d’identité et d’appartenance.

La menace constante des catastrophes naturelles

Outre la violence, la faim et la maladie, Haïti et ses enfants vivent sous la menace constante des violentes tempêtes et des séismes. Début juin, le pays a subi des inondations destructrices et mortelles à la suite des pluies diluviennes qui ont marqué le début de la saison des ouragans. À peine quelques jours plus tard, un séisme a frappé le département de la Grand’Anse, où les stigmates du tremblement de terre de 2021 sont toujours visibles.

Haïti subit les conséquences de décennies marquées par un développement inadapté des services de base et du capital humain, qui, conjuguées à un niveau extrême d’inégalité, de marginalisation et d’exclusion sociale, empêchent ce pays – le plus pauvre et le moins avancé des Amériques – de gérer une telle multitude de chocs.

Une présence sur le terrain renforcée malgré un manque de financement

Cette année, près de 3 millions d’enfants sont dans le besoin en Haïti, soit le nombre le plus élevé jamais enregistré. Or, les financements sont loin d’être à la hauteur des enjeux humanitaires. Sur les 246 millions de dollars requis par l’UNICEF au titre des interventions en Haïti cette année, seuls 15 % des fonds ont été recueillis.

Malgré ces déficits de financement, l’UNICEF intensifie ses interventions et renforce sa présence sur le terrain. Aux côtés des partenaires, nous apportons une aide vitale et contribuons à maintenir sur pied les systèmes et les services essentiels pour les enfants. Nous axons nos efforts sur la fourniture de vaccins et d’aliments thérapeutiques, l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement, la poursuite de la scolarité des enfants et la protection de ceux qui ont survécu à la violence. Enfin, nous appuyons le déploiement de milliers d’enseignants et d’agents de santé fraîchement diplômés dans les régions du pays où les systèmes sont au bord de l’effondrement.

« Malgré l’ampleur des défis, l’aide humanitaire a permis d’éviter que la faim et la malnutrition n’atteignent des proportions catastrophiques. Mais les besoins restent immenses. La communauté internationale ne peut ignorer le sort des enfants en Haïti à l’heure où ils ont plus que jamais besoin d’elle », a insisté Bruno Maes.