Les enfants sont tués, recrutés par des groupes armés et victimes de violences sexuelles tandis que le conflit paralyse les écoles, les services de santé et compromet l’accès à l’eau potable.
Bukavu, le 14 mars 2025 – La résurgence du conflit dans la province du Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a forcé plus de 850 000 personnes – parmi lesquelles près de la moitié sont des enfants – à fuir leurs foyers. Beaucoup vivent dans des conditions précaires, s’abritant dans des écoles, des églises ou dehors, avec un accès limité à l’eau potable et à l’assainissement, aux soins de santé et à l’éducation.
La violence actuelle dans la province a entraîné une forte augmentation des violations graves commises à l’encontre des enfants. Les cas vérifiés ont explosé depuis janvier 2025, marquant une augmentation d’environ 150 % par rapport à décembre 2024. Ces violations concernent des cas de violences sexuelles, de meurtres, de mutilations, ainsi que de recrutement et d’utilisation d’enfants par des groupes armés.
Le représentant de l’UNICEF en RDC s’est rendu dans l’est du pays au début du mois de mars pour évaluer l’impact de la crise à Bukavu et faire le point sur l’intensification de la réponse de l’UNICEF.
« J’ai rencontré des enfants non accompagnés qui cherchent refuge dans les cliniques universitaires ; des enfants qui ont tout perdu. Leur détresse est immense, et chaque jour sans une intervention humanitaire renforcée aggrave leurs souffrances », prévient Jean François Basse, représentant par intérim de l’UNICEF en RDC. « Nous sommes confrontés à une crise de protection sans précédent. Les enfants sont pris pour cible. Ils sont tués, recrutés, arrachés à leur famille et exposés à d’horribles violences sexuelles et physiques ».
Les combats ont également considérablement limité les opérations humanitaires. La fermeture de l’aéroport de Kavumu, situé à 25 kilomètres au nord de Bukavu – un point d’entrée vital pour l’acheminement des fournitures essentielles – et la fermeture des banques ont perturbé les opérations sur le terrain et retardé les paiements et les distributions.
Le secteur de la santé est débordé, avec des hôpitaux surchargés et des pénuries de médicaments et d’équipements. Plus de 15 établissements de santé ont été partiellement détruits, tandis que les épidémies de choléra, de rougeole et de variole se propagent. Depuis janvier 2025, 377 cas de choléra ont été signalés, avec un pic inquiétant de 146 nouvelles infections fin février, affectant particulièrement les sites de déplacement et les zones de santé de Minova et d’Uvira.
L’éducation a également été fortement impactée, puisque plus de 1 000 écoles ont dû fermer dans la région, perturbant ainsi la scolarité de plus de 300 000 élèves. Rien qu’à Bukavu, 19 écoles ont été transformées en abris de fortune pour les familles déplacées, soulignant le besoin urgent de mettre en place des solutions alternatives pour répondre aux besoins éducatifs et humanitaires.
Face à cette situation alarmante, l’UNICEF et ses partenaires intensifient leur aide d’urgence aux enfants et aux familles. Des efforts sont déployés pour réunir les enfants non accompagnés avec leur famille, et 40 % d’entre eux ont déjà bénéficié d’un tel soutien. Quatre « points d’écoute » opérationnels fournissent désormais un soutien psychosocial et orientent les enfants et les familles touchés vers les services appropriés.
L’accès à l’eau potable et à l’assainissement s’améliore également, grâce à trois stations d’épuration qui fournissent 180 000 litres d’eau potable par jour. Parallèlement, les équipes mobiles de l’UNICEF travaillent dans les zones touchées par le choléra à la désinfection, à la sensibilisation et à l’orientation médicale.
L’UNICEF et ses partenaires travaillent également à la réouverture des écoles, plaident en faveur du déminage et évaluent les infrastructures endommagées en vue d’une réhabilitation rapide. Enfin, l’UNICEF renforce son soutien aux centres de santé pour lutter contre les épidémies de variole et de choléra, principalement par le biais de traitements médicaux, de soins nutritionnels et d’un soutien en matière de santé mentale.
« Nous appelons toutes les parties au conflit à cesser immédiatement les hostilités, à protéger les enfants, à respecter le Droit international humanitaire et à garantir un accès humanitaire rapide, sécurisé et sans entrave », a déclaré Jean François Basse.
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