Résumé des propos du représentant de l’UNICEF en RDC, Grant Leaity, et de la représentante du HCR en RDC, Angele Dikongue-Atanga – à qui toutes citations peuvent être attribuées – lors de la conférence de presse s’étant tenue aujourd’hui au Palais des Nations à Genève.
Genève, le 24 novembre 2024 – « Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et l’UNICEF, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, sont profondément préoccupés par l’escalade de la crise qui se déroule une fois de plus dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). De violents affrontements entre des groupes armés non-étatiques et les forces gouvernementales ont contraint plus de 450 000 personnes à se déplacer au cours des six dernières semaines dans les territoires de Rutshuru et de Masisi, dans la province du Nord-Kivu.
Résoudre les problèmes d’accès humanitaires
La gravité de la crise est renforcée par l’accès limité de l’aide humanitaire à ceux qui en ont le plus besoin, principalement en raison de l’obstruction des axes routiers principaux. Coupées de l’aide humanitaire essentielle, environ 200 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays sont actuellement isolées. Il est à craindre que 100 000 personnes supplémentaires soient confrontées à ces mêmes restrictions d’accès à l’aide dans les jours à venir si la tendance actuelle au conflit se poursuit.
Le blocage des routes n’entrave pas seulement l’acheminement de l’aide humanitaire essentielle, mais accroît également la vulnérabilité des populations déplacées, les privant des ressources et de la protection dont elles ont besoin. Bien que le HCR ait construit ces derniers mois des abris pour plus de 40 000 personnes près de la capitale provinciale de Goma et distribué plus de 30 000 kits contenant des bâches, des casseroles et des couvertures, la communauté internationale doit s’attaquer d’urgence à l’obstruction de l’accès humanitaire pour s’assurer que les quelque 7 millions de personnes affectées par le conflit dans l’est de la RDC reçoivent une aide d’urgence.
Des récits d’exil bouleversants
La gravité de la situation est soulignée par le récit bouleversant des personnes déplacées à Sake, qui arrivent par dizaines de milliers dans cette ville située à 35 kilomètres à l’ouest de Goma. Ayant d’abord été déplacées dans des zones où l’aide n’était pas accessible, elles ont confié aux observateurs de la protection du HCR avoir fait des choix déchirants ; les hommes risquant la mort pour nourrir leurs enfants affamés et les femmes risquant de se faire violer pour ramasser du bois de chauffage.
Ces témoignages sont étayés par des statistiques, les rapports de suivi de la protection recueillis par le HCR et ses partenaires en octobre faisant état de plus de 3 000 violations des droits de l’homme signalées ce mois-là, soit près du double par rapport au mois précédent. Les viols et les exécutions arbitraires figurent en bonne place dans ces résultats, de même que les enlèvements, l’extorsion et la destruction de biens, illustrant un schéma profondément inquiétant d’abus infligés aux populations civiles.
Les enfants, premières victimes de la violence
L’intensification de la violence a un impact dévastateur sur la vie des enfants, qui sont confrontés à un nombre alarmant de violations graves de leurs droits. Le nombre total de violations signalées à l’encontre d’enfants entre juillet et septembre 2023, enregistré par les partenaires de la protection de l’enfance, s’élève à 2018 cas, ce qui représente une forte augmentation (130 %) par rapport au nombre déjà élevé de violations signalées pour le premier semestre de l’année.
Les enfants sont de plus en plus exposés au recrutement et à l’utilisation par les groupes armés, avec plus de 450 cas vérifiés entre juillet et septembre, soit une augmentation de 50 % par rapport au premier semestre de l’année.
Dans les sites de déplacés, des conditions de vie particulièrement difficiles
Les partenaires onusiens et les acteurs humanitaires intensifient l’aide humanitaire et les services de protection afin de répondre aux besoins urgents engendrés par la surpopulation et l’inadéquation des abris dans les sites de réfugiés établis spontanément dans les provinces de l’Est, avec un accès limité à la nourriture et à l’eau potable. Les épidémies de choléra se poursuivent, révélant les limites de l’aide humanitaire actuellement disponible.
Depuis juin 2023, l’UNICEF a apporté à près de 700 000 personnes une aide qui a permis de sauver et de changer des vies, notamment en matière d’eau potable et d’assainissement, de protection de l’enfance, de biens non-alimentaires, de soins de santé, de nutrition et d’éducation. Avec la récente détérioration de la situation sécuritaire au Nord-Kivu, l’UNICEF et ses partenaires ont accéléré, depuis octobre, les processus d’identification, de documentation et de soutien à la recherche et à la réunification des familles dans les territoires de Masisi et de Rutshuru grâce à une présence accrue de personnel formé et à la mise en place de centres d’écoute apportant un soutien psychosocial vital.
L’appel conjoint du HCR et de l’UNICEF
Le HCR et l’UNICEF lancent un appel urgent à tous les acteurs dans l’est de la RDC pour qu’ils mettent un terme à la violence qui fait peser un lourd tribut sur la population civile. Nous sommes unis dans notre engagement à alléger les souffrances des personnes affectées par la crise, mais la communauté internationale doit agir rapidement et généreusement pour s’assurer que des ressources suffisantes sont mobilisées.
La réponse humanitaire en RDC est largement sous-financée. Pour 2023, le Plan coordonné de réponse humanitaire, qui comprend les besoins financiers du HCR et de l’UNICEF, est fixé à 2,3 milliards de dollars américains, mais à ce jour, il n’est financé qu’à hauteur de 37 %. »