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Le 23 octobre 2022, Abasse Dahani, 8 ans, est assis avec son jeune frère Zakari, 3 ans, devant leur maison à Tanguieta, dans le nord du Bénin. ©UNICEF/UN0794110/Hounkpatin
Le 23 octobre 2022, Abasse Dahani, 8 ans, est assis avec son jeune frère Zakari, 3 ans, devant leur maison à Tanguieta, dans le nord du Bénin. ©UNICEF/UN0794110/Hounkpatin

Sahel central : 10 millions d’enfants en grand danger

Selon une alerte publiée aujourd’hui par l’UNICEF, au Burkina Faso, au Mali et au Niger, dix millions d’enfants – soit deux fois plus qu’en 2020 – ont un besoin urgent d’aide humanitaire.

Genève/Dakar/New York/Paris, le 17 mars 2023 – En cause, principalement, la spirale des conflits. Par ailleurs, près de quatre millions d’enfants sont en danger dans les pays voisins, les hostilités entre les groupes armés et les forces de sécurité nationales s’étendant au-delà des frontières.

« Les enfants sont de plus en plus prisonniers des conflits armés ; victimes de l’intensification des affrontements militaires ou pris pour cibles par des groupes armés non étatiques », a déclaré Marie-Pierre Poirier, directrice régionale de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale. « L’année 2022 a été particulièrement violente pour les enfants de la région centrale du Sahel. Toutes les parties au conflit doivent impérativement mettre fin aux attaques contre les enfants, leurs écoles, leurs centres de santé et leurs maisons ».

Au Burkina Faso, selon les données de l’ONU, trois fois plus d’enfants ont été tués au cours des neuf premiers mois de 2022 qu’à la même période en 2021. La plupart des enfants sont morts de blessures par balle lors d’attaques contre leurs villages ou à cause d’engins explosifs artisanaux ou de débris de guerre explosifs.

Le conflit armé est devenu de plus en plus brutal. Certains des groupes armés qui opèrent dans de vastes régions du Mali, du Burkina Faso et, de plus en plus, au Niger, utilisent des tactiques telles que le blocage des villes et des villages et le sabotage des réseaux d’eau. Selon des projections récentes, plus de 20 000 personnes vivant dans la zone frontalière entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger connaîtront une insécurité alimentaire à un niveau « catastrophique » d’ici juin 2023.

Les groupes armés qui s’opposent à l’enseignement public brûlent et pillent systématiquement les écoles et menacent, enlèvent ou tuent les enseignants. Dans ces trois pays, plus de 8 300 écoles ont fermé leurs portes, soit parce qu’elles étaient directement visées, soit parce que les enseignants ont fui, soit parce que les parents ont été déplacés ou étaient trop effrayés à l’idée d’envoyer leurs enfants à l’école. Au Burkina Faso, plus d’une école sur cinq a fermé ses portes et 30 % des écoles de la région de Tillaberi, au Niger, ne sont plus en mesure d’accueillir leurs élèves en raison du conflit.

Les hostilités s’étendent du Sahel central jusqu’aux régions frontalières du nord du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Togo où dans les communautés isolées aux infrastructures et ressources limitées, les enfants ont un accès extrêmement restreint aux services essentiels et à la protection.

En 2022, au moins 172 incidents violents, y compris des attaques de groupes armés, ont été signalés dans les régions frontalières au nord de ces quatre pays. Au Bénin, pays le plus durement touché, jusqu’à 16 % de la population est considérée comme menacée, selon un réseau de surveillance régional. Fin 2022, au Bénin et au Togo, neuf écoles des régions situées au nord de ces pays avaient fermé ou n’étaient plus opérationnelles en raison de l’insécurité.

Cette crise survient dans l’une des régions de la planète les plus touchées par les changements climatiques. Au Sahel, les températures augmentent 1,5 fois plus rapidement que la moyenne mondiale. Les précipitations sont plus irrégulières et plus intenses, provoquant des inondations qui réduisent les rendements agricoles et contaminent les rares réserves d’eau. En 2022, les pires inondations enregistrées depuis des années ont endommagé ou détruit 38 000 habitations au Niger, qui se classe au 7rang mondial sur l’Indice de risque climatique pour les enfants de l’UNICEF.

La crise dans le Sahel central est une crise chroniquement et fortement sous-financée : en 2022, l’UNICEF n’a reçu qu’un tiers des 391 millions de dollars de fonds nécessaires pour la région centrale du Sahel. En 2023, l’UNICEF a lancé un appel de 473,8 millions de dollars pour soutenir son intervention humanitaire au Sahel central et dans les pays côtiers voisins.

« L’ampleur de la crise dans le Sahel central et, de plus en plus, dans les pays côtiers voisins nécessite de toute urgence une réponse humanitaire plus forte ainsi qu’un investissement flexible à long terme dans des services sociaux essentiels résilients qui aideront à consolider la cohésion sociale, le développement durable et un meilleur avenir pour les enfants », a déclaré Marie-Pierre Poirier.

Pour faire face à la menace de plus en plus grave qui pèse sur les enfants du Sahel central, l’UNICEF appelle :

  • Les gouvernements du Sahel central et des pays côtiers affectés, ainsi que les partenaires techniques et financiers, à augmenter de manière significative les investissements pour élargir l’accès aux services sociaux essentiels et à la protection, en tant que moyens indispensables à la paix et à la sécurité. Cette augmentation devrait se concentrer sur le renforcement et le soutien des systèmes, des réseaux et des agents locaux qui sont en premières lignes des interventions en cas de crise et qui peuvent systématiquement atteindre les enfants, en particulier dans les communautés difficiles d’accès.
  • Toutes les parties au conflit à s’acquitter de leurs obligations morales et juridiques fondamentales à l’égard des enfants en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme. Il s’agit notamment de mettre fin aux attaques contre les enfants et les services dont ils dépendent, de respecter l’espace et l’accès humanitaires, de mettre en œuvre des protocoles spécifiques relatifs au traitement des enfants touchés par les conflits armés et de s’engager systématiquement avec les Nations unies dans des plans d’action concrets visant à mettre un terme aux violations graves commises à l’encontre des enfants.

Notes aux rédactions

En 2022, dans la région centrale du Sahel, l’UNICEF, en collaboration avec ses partenaires, a permis :

  • à près de 365 000 enfants d’accéder à des soins en santé mentale et à un soutien psychosocial ; à 1,2 million d’enfants d’accéder à l’éducation formelle ou non formelle, y compris à l’apprentissage précoce ; et à 1,1 million d’enfants d’être vaccinés contre la rougeole.
  • à plus de 446 000 enfants et femmes d’accéder à des soins de santé primaires dans des établissements soutenus par l’UNICEF, et à 674 000 enfants de moins de cinq ans de bénéficier d’un traitement contre l’émaciation sévère. Par ailleurs, près de 820 000 personnes ont pu disposer d’une quantité suffisante d’eau salubre pour la consommation et les besoins domestiques.
  • à 7,1 millions d’enfants de recevoir du matériel pédagogique individuel et à 1,28 million de personnes d’accéder à de l’eau potable, des installations sanitaires et des produits d’hygiène dans cinq pays côtiers bordant le Sahel central. Par ailleurs, près de 1,9 million d’enfants et de femmes ont eu accès à des soins de santé primaires dans des établissements soutenus par l’UNICEF.

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