Persistance des conflits, recrudescence des épidémies, déplacements de populations, menaces de famines, aléas climatiques d’une ampleur jamais égalée.
L’année 2023 est sans doute une des plus périlleuses que nous ayons connue ces dernières années. Et au milieu de ces désastres multiples et complexes, des millions d’enfants qui pour certains continuent de vivre, pour d’autres, tentent simplement de survivre.
Le monde n’est pas tendre pour les enfants. Alors que leur vie ne devrait être qu’insouciance, jeux et éclats de rires, elle n’est pour des millions d’entre eux que chagrin, dénuement, pertes de repères et sanglots.
Les équipes de l’UNICEF œuvrent dans plus de 190 pays et territoires. En 2022 et sur ces 6 premiers mois de l’année 2023, nos actions ont permis de soutenir et d’aider des millions de familles et d’enfants. Dans ce monde en crise, nous travaillons sans relâche pour soutenir et accompagner les plus fragiles. Parfois dans le fracas médiatique, le plus souvent dans l’indifférence qui caractérise les conflits et les crises oubliés.
Comment choisir d’évoquer une guerre, une crise, une catastrophe plutôt qu’une autre ?
L’UNICEF France s’est particulièrement mobilisée autour de 5 crises majeures : L’Ukraine bien sûr et la guerre au cœur de l’Europe ; Haïti, qui s’enfonce inexorablement dans la violence et la pauvreté ; la République Démocratique du Congo en proie à un interminable conflit ; la Corne de l’Afrique, une des régions les plus dangereuses du monde dont la population est au bord de la famine ; et la Syrie qui n’en finit plus de souffrir des conséquences d’une guerre civile qui dure depuis 12 ans, et frappée en février dernier par un séisme meurtrier.
Ukraine : plus de 500 jours de terreur
Personne ne voulait y croire, et pourtant, le 23 février 2022, l’armée russe entrait en Ukraine. La communauté internationale assistait, sidérée et presque impuissante, au déclenchement d’une guerre au cœur de l’Europe. Avec son lot de drames, de violences et d’exactions ; ses centaines de morts et de blessés, et parmi eux, des familles entières et des enfants. Qui allaient tout perdre. Les maisons, les commerces, les centres de soins, les écoles et même des jardins qui ne sont plus que ruines. Pour échapper aux bombardements incessants, certaines familles se sont réfugiées dans des caves et parfois même, dans le métro. Des milliers ont fui pour trouver refuge dans les pays frontaliers.
Avant la guerre, elle rêvait d’acheter un appartement pour sa famille et d’offrir un beau voyage à ses enfants. Aujourd’hui, elle lutte au quotidien pour survivre et les protéger.
17 millions d’Ukrainiens dont 4 millions d’enfants sont dépendants de l’aide humanitaire. Depuis le début de la guerre, l’UNICEF se tient aux côtés des familles :
- 2,2 millions de femmes et d’enfants ont eu accès aux soins de santé à travers la distribution de kits médicaux
- 1,5 million de personnes ont reçu des kits sanitaires
- 166 « espaces amis des enfants » sont opérationnels sur tout le territoire et ont accueilli plus d’1 million d’enfants.
La tragédie haïtienne
Les Haïtiens connaîtront-ils un jour la paix et la douceur de vivre ? La beauté ensoleillée de ce petit pays masque une triste et tragique réalité. Haïti semble aujourd’hui dans une impasse. La moitié du pays est dominée par l’extrême violence des gangs qui étouffent le pays et font régner la terreur. Les services publics se sont effondrés. Les installations d’accès à l’eau sont détruites, et la consommation d’une eau désormais insalubre a engendré la résurgence d’une épidémie de choléra qui fait des ravages dans la population. Les gens ont faim ; ils vivent chaque jour qui passe dans la terreur et l’insécurité.
« Ma fille était à l’intérieur de la maison quand la balle a traversé le toit et l’a touchée dans le dos » témoigne Charité.
Les équipes de l’UNICEF ont sauvé la petite fille, qui étudiait simplement dans son salon quand elle a reçu une balle « perdue ».
C’est donc à une véritable catastrophe humanitaire qu’est confrontée la population haïtienne. Les chiffres sont édifiants : 4,7 millions de personnes sont impactées, soit près de la moitié de la population ; et parmi eux, des milliers d’enfants.
Pour répondre à leurs besoins, depuis le début de l’année, l’UNICEF intervient sur tous les fronts :
545 000
477 000
700 000
République Démocratique du Congo, le pays de toutes les urgences
La République Démocratique du Congo (RDC) est le plus grand pays d’Afrique. C’est aussi, grâce ses ressources minières considérables, un des plus riches du continent. Il est paradoxalement aussi l’un des plus pauvres et des plus violents du monde, déchiré depuis des dizaines d’années par d’interminables conflits dans plusieurs régions du territoire.
L’insécurité dominante dans le pays a causé des déplacements de population à répétition et l’on considère aujourd’hui que la RDC compte le plus grand nombre de déplacés internes. C’est également en RDC que l’on dénombre aussi le plus grand nombre de victimes de violences sexuelles. Dans ce pays, le viol est considéré comme une arme de guerre et on déplore chaque année des centaines de victimes, femmes et enfants, brisées et abandonnées par leur communauté. Là-bas, la guerre se déroule sur le corps des femmes et des enfants.
« La recrudescence de la violence sexuelle à l’encontre des enfants est terrifiante » déclare Grant Leaity, représentant de l’UNICEF en RDC.
Conflits, déplacements de populations, recrudescence du choléra, la population a aussi fait face en mai dernier à de dramatiques inondations qui ont impacté lourdement la vie de près de 100 000 personnes au Sud-Kivu.
Dans cet éternel chaos, le travail des organisations humanitaires est complexe et dangereux. Les équipes de l’UNICEF sont pourtant présentes et agissent depuis des années sur tous les fronts pour soutenir les populations :
- 400 000 enfants de moins de 5 ans ont reçu des soins médicaux
- 460 000 enfants ont reçu un traitement contre la malnutrition aiguë sévère
- 500 000 enfants ont été pris en charge à travers nos programmes de protection de l’enfance
Corne de l’Afrique : une famine qui ne dit pas son nom
Il n’a pas plu dans les pays de la Corne de l’Afrique depuis plus de trois ans. Trois années durant lesquelles cette sécheresse historique a asphyxié la région en emportant avec elle des milliers de vies. De nombreuses familles ont perdu leur bétail, leurs récoltes et toutes leurs sources de revenus.
S’exiler pour survivre, c’est la seule solution face à une sécheresse redoutable. Au Kenya, en Ethiopie et en Somalie, plus de 2,5 millions de personnes ont dû quitter leurs villages. Les familles n’ont plus de revenus et ne peuvent plus subvenir à leurs besoins vitaux. Ainsi, plus d’1 million d’enfants souffrent désormais de malnutrition aiguë sévère.
Sadia, mère de deux enfants, nous raconte le long périple qu’elle a dû faire pour avoir accès à des soins de santé et trouver de la nourriture pour sa famille.
« Nous avons tout perdu à cause de la sécheresse. Nous avons dû marcher d’un endroit à un autre et les enfants, épuisés, sont rapidement tombés malades. » nous livre-t-elle.
Dans les camps et les villages qui accueillent ces familles déplacées et réfugiées, les équipes de l’UNICEF s’acharnent à répondre aux besoins les plus essentiels.
400 000
460 000
500 000
Syrie : comme si la guerre n’avait pas suffi au drame des populations
Pour des millions de Syriens, la guerre fait partie du quotidien.
Un conflit interne aux enjeux internationaux qui a plongé la vie de milliers de familles et d’enfant dans des souffrances et une pauvreté tragique. On dénombre aujourd’hui près de 21 millions de personnes impactées dont 8,5 millions d’enfants.
C’est donc un pays dans une grave situation de crise humanitaire qui est frappé en février 2023 par le plus important séisme qu’ait connu ce début de siècle. 50 000 morts en Turquie et en Syrie. Le nombre de victimes est certes moins important en Syrie, mais l’extrême fragilité des populations amplifie les conséquences de la catastrophe sur les habitants.
C’est ce qu’a vécu Musa, 6 ans, dont la maison a été détruite par le tremblement de terre. Désormais, il vit avec toute sa famille dans un abri de fortune.
« Aucun d’entre nous n’ose dormir à l’intérieur parce que nous avons trop peur » confie Ahmed, le père de Musa
Les équipes de l’UNICEF sont donc présentes pour soutenir les familles et les enfants et leur apporter l’aide dont ils sont besoin :
- Entre janvier 2022 et mars 2023, 2,1 millions de personnes ont eu accès soins médicaux
- 1,6 million d’enfants et de femmes enceintes ont été examinés pour diagnostiquer des cas de malnutrition aiguë sévère
- 8 000 enfants ont été traités pour des cas de malnutrition aiguë sévère
Au travers de ces 5 crises, ce n’est qu’un aperçu de la situation que traversent les dizaines de pays et de territoires sur lesquels les équipes de l’UNICEF interviennent au quotidien. Nous pourrions aussi évoquer le Bangladesh, le Pakistan, l’Afghanistan, le Burkina Faso, le Yémen, le Myanmar ou le Liban.
Pour les enfants, la situation n’a jamais été aussi dramatique depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Partout, ils sont confrontés à une confluence de crises politiques, économiques ou environnementales. En 2022, le nombre de familles et d’enfants ayant besoin d’une aide humanitaire s’élevait à 324 millions de personnes. Dans leurs projections et leurs évaluations, les experts de l’UNICEF International ont estimé que 2023 verraient ce chiffre grandement s’amplifier.
Notre tâche et celles de nos équipes est immense. Nous avons besoin de la mobilisation et du soutien de tous pour mener à bien notre mission pour les enfants.
Les enfants sont notre avenir et notre meilleure chance.