Deux jeunes sur cinq à travers le monde ont déclaré que les conséquences du changement climatique leur ont fait reconsidérer leur désir de fonder une famille, selon les dernières conclusions du U-Report de l’agence onusienne.
Sharm El Sheikh/Paris, le 9 novembre 2022 – Près de la moitié des jeunes du continent africain ont indiqué avoir reconsidéré leur désir d’avoir des enfants en raison du changement climatique, selon les résultats du sondage U-Report de l’UNICEF réalisé auprès de 243 512 personnes dans le monde.
À l’échelle mondiale, 2 jeunes sur 5 ont déclaré que les impacts du changement climatique les ont fait reconsidérer leur désir de fonder une famille. Cette préoccupation était la plus forte dans les régions africaines, le plus grand pourcentage de jeunes déclarant qu’ils remettent en question leur désir d’avoir des enfants se trouvant au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (44 %) ainsi qu’en Afrique subsaharienne (43 %).
Les jeunes de ces deux régions ont déclaré avoir subi toute une série de chocs climatiques et ont affirmé, plus que les autres jeunes du monde, que ces chocs avaient eu un réel effet sur leur accès à la nourriture et à l’eau, ainsi que sur les revenus de leur famille.
Les conséquences du changement climatique affectent l’espoir que portent les jeunes en leur avenir
« Les impacts du changement climatique sont déjà visibles, mais ils vont bien au-delà des inondations, des sécheresses et des vagues de chaleur. Ces impacts s’étendent jusqu’à notre sentiment d’espoir », a déclaré Paloma Escudero, cheffe de la délégation de l’UNICEF à la COP27. « En Afrique notamment, les jeunes sont témoins des conséquences de ces chocs sur eux et sur leurs proches et cela modifie leurs projets d’avenir. Mais ce n’est pas une fatalité. Lors de la COP27, les dirigeants du monde entier doivent prêter l’oreille à cette anxiété partagée par la jeunesse et prendre des mesures immédiates pour la protéger. »
L’année dernière, une enquête publiée par The Lancet révélait que 39 % des 10 000 personnes interrogées dans le monde hésitaient à avoir des enfants – un taux similaire à celui du sondage U-Report de l’UNICEF. Bien que la méthodologie de l’UNICEF utilise un échantillon non représentatif, la plateforme U-Report, avec son vaste réseau de jeunes en Afrique, est considérée comme étant la première à démontrer la prévalence de cette attitude en Afrique.
Parmi les autres résultats, citons que :
- Globalement, plus de la moitié des U-Reporters qui ont répondu au sondage disent avoir fait l’expérience de la sécheresse ou de la chaleur extrême. 1 personne sur 4 dit avoir été confrontée à la pollution atmosphérique. 1 personne sur 4 a connu des inondations. 1 personne sur 6 a été confrontée à de fréquentes tempêtes ou cyclones violents. Enfin, 1 personne sur 10 a été victime de feu de forêt.
- 2 jeunes sur 5 ont mentionné qu’ils avaient moins à manger en raison du changement climatique. C’est en Afrique subsaharienne (52 %), suivie du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (31 %), que le pourcentage de jeunes ayant signalé cet impact est le plus élevé.
- Un U-Reporter sur quatre a déclaré que la source de revenus de sa famille était affectée par le changement climatique. Ce résultat est le plus répandu au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (34 %), suivi de l’Afrique subsaharienne (32 %).
- Un U-Reporter sur cinq a déclaré qu’il devenait plus difficile d’obtenir de l’eau potable. Ce résultat est le plus répandu au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (35 %), suivi de l’Asie de l’Est et du Pacifique (30 %).
- 3 jeunes sur 5 ont envisagé de déménager dans une autre ville ou un autre pays en raison du changement climatique. Ce chiffre atteint 70 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et 66 % en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Une feuille de route concrète et précise est nécessaire
En plus de faire pression sur les gouvernements et les grandes entreprises pour réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre, l’UNICEF exhorte les dirigeants à prendre des mesures immédiates pour protéger les enfants de la dévastation climatique en adaptant les services sociaux essentiels dont ils dépendent. Les mesures d’adaptation et de résilience, comme la création de systèmes d’approvisionnement en eau qui résistent aux inondations et aux sécheresses, permettront de sauver des vies.
L’année dernière, les pays développés ont accepté de doubler leur soutien à la recherche de solutions d’adaptation, pour atteindre 40 milliards de dollars par an d’ici 2025. Lors de la COP27, ils doivent présenter une feuille de route concrète avec des étapes claires sur la façon dont cela sera mis en œuvre, en vue de fournir au moins 300 milliards de dollars par an pour l’adaptation d’ici 2030. Au moins la moitié de l’ensemble du financement pour le climat devrait être consacrée à l’adaptation.
L’UNICEF incite également les parties à trouver des solutions pour soutenir les personnes confrontées à des pertes et dommages climatiques dépassant les limites de ce à quoi les communautés sont en mesure de s’adapter. L’UNICEF appelle les gouvernements à combler le déficit de financement pour faire face à ces changements irréversibles pour les enfants.
A la COP27, c’est l’avenir de la jeunesse qui est en jeu
« On parle beaucoup de décisions politiques, mais ce n’est pas ce qui est en jeu ici à la COP27 », a déclaré Paloma Escudero. « Cette enquête montre clairement que l’avenir des jeunes est en jeu – avoir des enfants, quitter ou non leur pays, survivre ou non aux dangers auxquels ils sont confrontés. Dans leur intérêt, le succès de la COP27 doit être mesuré par la mise en place de financements promis de longue date pour aider les communautés à s’adapter et par le développement de solutions pour répondre aux pertes et aux dommages. »
DANS LE CADRE DE LA COP27, L’UNICEF APPELLE TOUTES LES PARTIES À :
- EMPÊCHER. Revoir leurs plans climatiques nationaux pour réduire drastiquement et urgemment les émissions de gaz à effet de serre afin d’éviter une catastrophe climatique.
- PROTÉGER. Garantir des mesures d’adaptation concrètes pour protéger chaque enfant contre les effets accélérés du changement climatique grâce l’évaluation mondiale et l’objectif mondial en matière d’adaptation (Global Stocktake and Global Goal on Adaptation).
- PRÉPARER. Promouvoir l’éducation au changement climatique et une participation significative pour préparer les enfants et les jeunes grâce au plan d’action Action for Climate Empowerment (ACE).
- PRIORISER. Donner la priorité aux enfants et aux jeunes en accélérant l’investissement du financement climatique dans les services sociaux résilients au climat ciblant les enfants les plus à risque, et permettre des progrès en matière de pertes et de dommages.
- S’ENGAGER dans une action climatique adaptée aux enfants en s’alignant sur la Déclaration sur les enfants, les jeunes et l’action climatique (Declaration on Children, Youth and Climate Action) et en la mettant en œuvre.
Notes aux rédactions :
Le sondage U-Report a collecté les réponses de jeunes de 163 pays en juillet et août 2022. Dans le cadre de ce sondage, les jeunes ont été interrogés par le biais de la technologie SMS et de la messagerie instantanée sur une série de questions relatives à leurs attitudes vis-à-vis du changement climatique. Cinquante pays et territoires ont reçu au moins 50 réponses. Les pays ayant le plus de répondants sont les suivants : République démocratique du Congo, Nigeria, Côte d’Ivoire, Ouganda, Angola, Burundi, Tanzanie, Indonésie, Kenya, Haïti, Cameroun, Maroc, Brésil, Irak, Équateur.
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