Déclaration de Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF.
New York/Port Soudan/Amman, le 12 avril 2025 – « Selon les informations qui nous sont parvenues, des dizaines de civils, dont au moins 23 enfants, et plusieurs travailleurs humanitaires ont été tués au Darfour du Nord au cours des derniers jours.
De violentes attaques ont causé la mort de 16 enfants à El-Fasher, de 6 enfants et de 9 travailleurs humanitaires dans le camp de personnes déplacées de Zamzam et d’un autre enfant dans le camp d’Abou Shouk. Ainsi, au cours des trois derniers mois, plus de 140 enfants ont été tués ou mutilés dans la seule ville d’El-Fasher, une situation qui souligne l’effroyable tribut que paient les plus jeunes dans le cadre de la guerre qui fait rage au Soudan.
Ces terribles actes de violence contre les civils, les enfants et les travailleurs humanitaires sont inadmissibles et doivent cesser immédiatement. Les enfants doivent être protégés de cette violence insensée et aucun travailleur humanitaire ne devrait jamais être pris pour cible.
J’exhorte toutes les parties au conflit à respecter et à protéger les civils, notamment les enfants et les travailleurs humanitaires, conformément aux obligations mises à leur charge par le droit international humanitaire. Les hostilités en cours dans les camps de Zamzam et d’Abou Shouk doivent cesser sur-le-champ afin de protéger les civils et de permettre l’acheminement en toute sécurité de l’aide humanitaire.
Des millions de vies menacées par l’insécurité et la famine
Alors que l’accès au camp de Zamzam reste fermé et que les groupes armés prennent les villages pour cible, l’insécurité régnante rend l’acheminement de l’aide et des biens commerciaux quasiment impossible.
Or, selon les estimations, un million de personnes dans la ville d’El-Fasher et dans le camp de Zamzam, parmi lesquelles la moitié sont des enfants, courent un risque élevé si des vivres supplémentaires ne parviennent pas de toute urgence vers ces zones dans lesquelles les enfants souffrent déjà de la famine. L’escalade continue du conflit menace en outre les quelques interventions humanitaires qui avaient été maintenues dans le camp jusqu’à présent.
Seul un accès humanitaire sans entrave, immédiat et pérenne sera en mesure de fournir l’aide vitale nécessaire aux familles et aux enfants pris au piège dans les zones de combats et dans leurs alentours.
Ces graves violations rappelant avec brutalité les atrocités commises contre les civils et les enfants au Darfour il y a deux décennies, il est impératif d’agir sans plus attendre afin d’éviter que l’histoire ne se répète une fois encore et n’engendre davantage de souffrances et de décès.
Les parties au conflit ont non seulement l’obligation légale mais également le devoir moral de protéger les enfants. À ce titre, elles doivent également leur permettre de bénéficier sans délai de l’aide vitale dont ils ont cruellement besoin. »
Note aux rédactions :
Depuis le début de l’année, les violations graves commises contre des enfants se sont multipliées dans les États soudanais du Darfour, avec plus de 180 violations avérées dans le seul Darfour du Nord, et une augmentation de 83 % du nombre de victimes chez les enfants au Soudan par rapport au premier trimestre de 2024.
Au Darfour du Nord, depuis le début du siège et des attaques contre la ville d’El-Fasher et du camp de déplacés de Zamzam en avril 2024, plus de 400 000 personnes ont été déplacées au sein de la zone d’El-Fasher ou depuis celle-ci. Cinq zones du Darfour du Nord sont actuellement en proie à la famine, laquelle risque désormais de s’étendre à une 6e localité. Toutes comptent parmi les plus touchées par la violence et par les contraintes d’accès rencontrées par l’aide humanitaire. Ainsi, selon les estimations, 146 000 enfants souffriront en 2025 de malnutrition aiguë sévère, la forme la plus mortelle de cette maladie. Les enfants sévèrement malnutris sont en effet jusqu’à 11 fois plus susceptibles de mourir qu’un enfant bien nourri.

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