L’UNICEF appelle à la protection urgente des enfants et à un accès humanitaire immédiat et sans entrave.
Port-Soudan/New York, le 26 mars 2025 – Les violations graves contre les enfants ont fortement augmenté dans les États du Darfour au Soudan depuis le début de l’année, avec 110 violations vérifiées dans le seul Darfour-Nord et une augmentation stupéfiante de 83 % du nombre d’enfants victimes au Soudan par rapport au premier trimestre 2024.
À Al Fasher, dans le nord du Darfour, plus de 70 enfants ont été tués ou mutilés en moins de trois mois. Depuis le début de l’année 2025, les bombardements intenses et les frappes aériennes dans le camp de réfugiés de Zamzam ont fait 16 % de toutes les victimes vérifiées parmi les enfants à Al Fasher.
« On estime que 825 000 enfants sont pris au piège d’une catastrophe qui s’amplifie à Al-Fasher et dans ses environs », a déclaré Sheldon Yett, représentant de l’UNICEF au Soudan. « Ces chiffres ne reflétant que les incidents vérifiés, il est probable que le bilan réel soit bien plus élevé, avec des enfants qui luttent chaque jour pour survivre. La mort est une menace constante pour les enfants, que ce soit à cause des combats qui les entourent ou de l’effondrement des services vitaux dont ils dépendent pour survivre. »
Urgence vitale pour les enfants déplacés
Plus de 60 000 personnes ont été nouvellement déplacées au Darfour-Nord en seulement 6 semaines, s’ajoutant aux plus de 600 000 personnes déplacées entre avril 2024, lorsque la violence s’est intensifiée, et janvier 2025, parmi lesquelles 300 000 enfants. On estime que 900 000 personnes restent piégées par le conflit actif à Al-Fasher et 750 000 se trouvent dans le camp de Zamzam. La moitié d’entre elles étant des enfants.
Toutes les voies d’accès sont bloquées. La route Tawila-Zamzam, qui était autrefois un axe vital, est désormais impraticable en raison de l’effondrement total de la situation sécuritaire. Les groupes armés prennent pour cible les villages ruraux et l’insécurité rend presque impossible l’acheminement de l’aide et des marchandises. Les communautés sont confrontées à des pénuries alarmantes d’eau, de nourriture, de médicaments et de produits nutritionnels. Les prix des denrées alimentaires ont presque doublé en trois mois.
Alors que de nombreuses organisations ont suspendu leurs opérations, l’UNICEF poursuit son travail en faveur des enfants avec des partenaires tels que Relief International, Tabasheer, le Patient Helping Fund et le ministère de la Santé de l’État dans la ville d’Al Fasher ainsi que dans les camps de déplacés de Zamzam et d’Abu Shok.
Famine imminente et pénurie de soins
La malnutrition est endémique. Le Darfour-Nord compte plus de 457 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë, dont près de 146 000 souffrent de malnutrition aiguë sévère (MAS), la forme la plus mortelle. Six localités de l’État sont menacées de famine, toutes parmi les plus touchées par la violence et les difficultés d’accès.
L’UNICEF a livré des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (RUTF) et d’autres fournitures vitales à Al Fasher il y a trois mois, mais ces stocks sont maintenant épuisés. Les efforts répétés de l’UNICEF et de ses partenaires pour livrer davantage de fournitures ont été vains en raison des menaces de groupes armés et de gangs criminels. À Zamzam, 2 300 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère sont actuellement traités, mais les stocks de RUTF seront épuisés dans les trois prochaines semaines.
Les fournitures de santé, de nutrition et d’eau, d’assainissement et d’hygiène préalablement acheminées restent bloquées à El Koma et Tawila, dans le nord du Darfour. Les bombardements à Zamzam ont également contraint les travailleurs de la santé des établissements soutenus par l’UNICEF à se déplacer temporairement, exposant davantage les enfants malades.
Une urgence absolue et sans précédent
L’UNICEF estime que 500 000 enfants sont en danger de mort si les fournitures ne peuvent pas être livrées dans l’immédiat.
L’UNICEF appelle toutes les parties à permettre un accès humanitaire sûr et sans entrave afin que l’aide vitale puisse atteindre les enfants à Al Fasher, Zamzam et d’autres zones affectées.
« Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur ce véritable enfer », a déclaré Sheldon Yett. « L’UNICEF continue d’appeler le gouvernement soudanais, toutes les parties au conflit et les soutiens extérieurs de ces parties à prendre des mesures collectives immédiates pour mettre fin au conflit et garantir le respect du droit international, notamment le libre passage de l’aide humanitaire. La vie et l’avenir des enfants en dépendent. »
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