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Le 19 avril 2023, des personnes fuient leur quartier au milieu des combats entre l'armée et les paramilitaires à Khartoum, au Soudan. ©UNICEF/UN0831618/AFP
Le 19 avril 2023, des personnes fuient leur quartier au milieu des combats entre l'armée et les paramilitaires à Khartoum, au Soudan. ©UNICEF/UN0831618/AFP

Soudan : les combats aggravent une situation humanitaire déjà désastreuse pour les enfants

Khartoum, le 26 avril 2023 – Alors que les violents affrontements se poursuivent au Soudan, l’UNICEF et les ONG spécialisées dans l’aide à l’enfance World Vision et Save the Children lancent ensemble un cri d’alerte sur le danger que courent les enfants si le cessez-le-feu actuel n’est pas respecté par toutes les parties en présence. Des millions de filles et de garçons vulnérables ont besoin d’une aide humanitaire immédiate et tous les enfants doivent être protégés.

Au moins neuf enfants auraient été tués et plus de 50 blessés au cours des combats qui ont éclaté le 15 avril 2023.

Les hostilités provoquent également des déplacements de population et exposent davantage les enfants à de potentielles violations graves, notamment le recrutement et l’utilisation par des groupes armés, ainsi que la violence sexuelle.

Les services de santé gravement affectés

Selon l’Organisation mondiale de la santé, les soins de santé ont été gravement affectés par les violences. Un tiers des établissements de santé du Soudan ne fonctionnent plus, privant ainsi les enfants et leurs familles d’un accès aux soins de santé essentiels.

La chaîne du froid qui assure la viabilité des vaccins a été affectée par des coupures constantes d’électricité et des pénuries de carburant, mettant en péril la vie de millions d’enfants dans un pays où les taux de vaccination étaient déjà en baisse et où les enfants sont régulièrement confrontés à des épidémies. Des millions d’enfants sous-vaccinés ou n’ayant reçu aucune dose ne recevront pas les vaccins nécessaires à leur survie, ce qui les exposera à des maladies mortelles telles que la rougeole et la poliomyélite.

« Les enfants risquent de mourir ou de subir des dommages physiques et développementaux s’ils n’ont pas accès à une aide alimentaire et nutritionnelle », a déclaré Emmanuel Isch, directeur national de World Vision pour le Soudan. « En l’absence de paix, il est beaucoup plus difficile de fournir une aide alimentaire et un soutien nutritionnel aux filles et aux garçons extrêmement vulnérables et à leurs communautés. »

Avant le début du conflit actuel, les besoins humanitaires au Soudan étaient aigus et s’aggravaient, les enfants étant les plus vulnérables. Quelque 15,8 millions de personnes, dont plus de 8,5 millions d’enfants, avaient besoin d’une aide humanitaire. Le Soudan a l’un des taux de malnutrition infantile les plus élevés au monde. La crise a interrompu les traitements vitaux pour environ 50 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère (MAS) et qui sont actuellement inscrits dans des programmes de traitement. Ces enfants risquent de mourir et les taux de malnutrition s’aggraveront si l’aide ne redémarre pas rapidement.

L’éducation de toute une génération en péril

« Les enfants subissent de plein fouet le conflit au Soudan », a déclaré Mandeep O’Brien, représentante de l’UNICEF dans le pays. « Ils risquent la mort, et leur avenir leur est volé. Le fait d’empêcher les enfants de bénéficier de services de santé, de protection et d’éducation aura des conséquences durables. Les combats doivent cesser afin que nous puissions de toute urgence atteindre plus efficacement tous les enfants vulnérables, où qu’ils se trouvent. »

« Même avant la crise actuelle, 7 millions d’enfants soudanais n’étaient pas scolarisés et 2,7 millions d’enfants souffraient de malnutrition », a déclaré Arshad Malik, directeur national de Save the Children au Soudan. « On ne connaît pas encore l’étendue des dégâts subis par les établissements de santé et les écoles. Nous devons de toute urgence veiller à ce que tous les enfants aient accès à la nourriture, à l’eau et aux soins médicaux, car leur vie est menacée. »

Les fermetures d’écoles ont forcé des millions d’enfants à quitter leurs salles de classe, laissant une fille sur trois et un garçon sur quatre sans possibilité d’apprentissage. Les enfants sont également confrontés à une éducation de mauvaise qualité. Environ 70 % des enfants de dix ans ne savent pas lire.

Rétablir d’urgence l’accès de l’aide humanitaire

Les trois organisations sont profondément préoccupées par l’impact d’un conflit prolongé sur les enfants et appellent d’urgence toutes les parties au conflit et la communauté internationale à faire davantage pour protéger les enfants au Soudan, notamment :

  • Maintenir et respecter le cessez-le-feu et veiller à ce que l’aide humanitaire puisse être rétablie. Les activités humanitaires ont été interrompues dans de nombreux États en raison de la violence et de l’insécurité généralisées. Les installations de World Vision, de l’UNICEF et de Save the Children font partie de celles qui ont été cambriolées et où des fournitures ont été volées. Toutes les parties au conflit doivent garantir la sécurité des humanitaires et leur permettre d’apporter aux enfants et à leurs familles des services urgents en matière de santé, de nutrition, de protection et d’éducation, sans craindre la violence ou les entraves.
  • Toutes les parties au conflit doivent s’engager en faveur de la paix pour les enfants du Soudan et permettre la réouverture des écoles. Les écoles ne sont pas seulement des lieux d’apprentissage pour les enfants, mais aussi des espaces sûrs qui les protègent des abus et de l’exploitation, y compris du recrutement par les groupes armés. Chaque jour où les enfants ne vont pas à l’école, les chances qu’ils y retournent un jour s’amenuisent, en particulier pour les filles. La crise de l’apprentissage au Soudan est en train de se transformer en catastrophe générationnelle et nécessite une action urgente.
  • Toutes les parties doivent protéger les enfants et empêcher leur recrutement et leur exploitation. L’enrôlement et l’utilisation d’enfants par des forces et des groupes armés entraînent une exposition grave et durable à des traumatismes physiques et psychologiques.