Dans les yeux noirs de ces enfants, un immense chagrin et les stigmates de la fatigue de ceux qui ont tout perdu. Pour certains, une mère, un père, un frère, un copain qu’ils ont laissé sur la route en fuyant, inanimé, mort ou blessé sur le sol d’une maison détruite par les assaillants.
Ce sont les enfants de la guerre. Les enfants déplacés. Ce sont des enfants qui ont faim, qui sont désespérés, qui sont avant tout victimes d’un conflit qui les dépasse.
Depuis le 15 avril 2023, le Soudan est en proie à une guerre fratricide entre deux chefs militaires qui se disputent le pouvoir. Après plus de 6 mois de combats et presque autant de tentatives de cessez-le-feu, 2,6 millions d’enfants se sont retrouvés sur les routes de l’exode, principalement depuis la région du Darfour.
Avec leurs familles, certains ont trouvé refuge dans des régions voisines, et d’autres ont franchi la frontière pour se rendre au Tchad, pays frontalier.
Les témoignages recueillis par nos équipes font état de terribles exactions, de violations des droits humains et de violences inouïes dont sont victimes des femmes et des enfants. A El-Genina, à l’ouest du Soudan, près de la frontière avec le Tchad, des habitants racontent l’horreur : des villages incendiés, des personnes tuées et des milliers de familles dispersées.
La vie de Zobeida, 20 ans, a aussi basculé du jour au lendemain. La jeune femme, originaire d’El-Genina, raconte les scènes effroyables dont elle a été témoin sur la route vers le Tchad.
« Pendant des jours, on entendait au loin des coups de feu, des cris et des pleurs. Mais ils semblaient se rapprocher chaque jour un peu plus. Un matin, notre mère a décidé de nous faire partir d’El-Genina. Notre périple a duré 2 jours, nous étions affamés et fatigués. Nous avons vu plusieurs cadavres sur le chemin. »
Le Tchad, une terre d’accueil submergée
Le Tchad, aujourd’hui pays d’accueil, est aussi un des plus pauvres du continent africain. A l’est, près de la frontière avec le Soudan, les provinces de Ouaddaï, Sila, et Wadi Fari sont les principales zones d’arrivée des réfugiés. Elles sont aussi parmi les plus pauvres du pays.
Pour leurs habitants, l’accès à l’eau et aux services essentiels, l’achat des denrées alimentaires et des produits de base étaient déjà limités. Exacerbé par la rupture des relations économiques avec le Soudan, le coût de la vie est devenu inaccessible pour les familles les plus vulnérables.
L’arrivée massive de centaines de milliers de Soudanais fait pression sur des ressources déjà insuffisantes et soulève des inquiétudes.
Les estimations initiales prévoyaient l’arrivée de 100 000 réfugiés soudanais au Tchad d’ici décembre 2023. En septembre 2023, ils étaient plus de 420 000 dont 85% de femmes et d’enfants. Parmi eux, des familles séparées, des enfants non accompagnés, des orphelins et plusieurs personnes gravement blessées.
D’ici la fin de l’année, ils devraient être plus de 600 000 réfugiés à avoir fui les horreurs de la guerre.
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D’enfants ont besoin d’une aide humanitaire
L’UNICEF aux côtés des familles réfugiées
Notre objectif est de répondre aux besoins des populations, les réfugiés, les déplacés mais aussi les familles tchadiennes les plus vulnérables. L’UNICEF déploie ainsi toutes ses capacités et agit sur tous les fronts :
L’UNICEF a prépositionné plus de 3 700 cartons d’aliments thérapeutiques pour assurer la continuité de leur traitement
Plus de 34 000 personnes ont aussi reçu des comprimés de purification d’eau.
Pour limiter les épidémies de choléra et de maladies d’origine hydriques, l’UNICEF a distribué des kits d’hygiène à près de 28 000 personnes.
A moyen terme, nous avons prévu de créer 40 espaces supplémentaires dont bénéficieront plus de 3 000 enfants.
Enfin, pour permettre aux enfants de se reconstruire psychologiquement, nos équipes organisent au quotidien des activités (jeux, danse, chants, dessins) dans des « espaces amis des enfants » à Adré au Tchad, où ils peuvent retrouver la joie d’être simplement des enfants. Ces activités simples mais efficaces favorisent peu à peu leur reconstruction psychologique.
Votre don peut faire la différence
C’est donc à une catastrophe humanitaire que sont confrontées nos équipes. Il faut soigner, nourrir, protéger, rassurer, abriter. Ils sont des milliers, familles, enfants dans le plus grand dénuement et les besoins ne cessent de croître.
Mobilisez-vous à nos côtés