Syrie : vers un avenir rempli d'espoir, à l'abri de la violence et des souffrances
Déclaration du directeur général adjoint de l’UNICEF pour l’action humanitaire et les opérations d’approvisionnement, Ted Chaiban, à l’issue de sa visite en Syrie.
Damas, 23 janvier 2025 – « Au cours de ma visite de cinq jours en Syrie, je me suis entretenu avec les autorités responsables, les communautés, les représentants locaux des Nations Unies, les partenaires, les parents et les enfants de Damas, d’Alep et d’Idleb.
Un message clair s’est imposé : il y a de l’espoir pour un avenir meilleur, mais pour tracer un chemin solide vers la reconstruction et pour saisir cette opportunité qui ne se présente qu’une fois par génération, des efforts immenses et coordonnés doivent être déployés aux niveaux national et international. Il est nécessaire que les autorités et les partenaires internationaux accordent d’emblée la priorité à une période de transition inclusive qui permette de relever les vastes défis découlant de plus d’une décennie de conflit incessant, au cours de laquelle de nombreuses villes, villages et infrastructures essentielles ont été détruites, et des millions de personnes ont été déplacées.
Une crise humanitaire complexe et persistante
La Syrie reste l’une des situations humanitaires les plus complexes au monde. Des millions d’enfants et de familles continuent d’être confrontés à des conditions désastreuses dans un contexte d’instabilité permanente et de reconstruction ralentie.
On estime que 16,7 millions de personnes, dont 7,5 millions d’enfants, ont besoin de recevoir une aide humanitaire. Plus de 7,2 millions de personnes sont toujours déplacées, beaucoup subissant des hivers particulièrement rudes dans des abris de fortune. La crise économique persistante a plongé plus de 85 % des familles dans la pauvreté.
Près de 40 % des hôpitaux et des centres de santé sont partiellement ou totalement inopérants. Près de 13,6 millions de personnes ont besoin de bénéficier de services de distribution d’eau, d’assainissement et d’hygiène adaptés. 2,4 millions d’enfants ne sont pas scolarisés et 1 million d’autres risquent d’abandonner l’école, les privant ainsi des possibilités d’un avenir meilleur et freinant le développement du pays.
Enfin, et avant tout, les enfants ont été exposés à d’horribles violences et continuent d’être confrontés à des problèmes de protection. Au cours des 13 dernières années, les Nations unies ont vérifié environ 25 500 violations graves en Syrie, y compris le recrutement d’enfants ainsi que le meurtre et la mutilation d’enfants. Il est urgent de créer un environnement sûr pour les enfants.
Se reconstruire parmi les ruines et les munitions non explosées
Ma visite à Ma’arrat al Nu’man a été l’occasion de constater plusieurs de ces privations. Cette ville, qui comptait autrefois près de 100 000 habitants, est aujourd’hui plongée dans un silence sinistre. C’est une ville fantôme, marquée par près de 14 ans de conflit incessant. Le niveau de destruction est stupéfiant : les services publics et les infrastructures sont en ruine.
Pourtant, au milieu de cette dévastation, j’ai rencontré des familles déterminées à rentrer chez elles et à reconstruire leur vie. Leur résilience est une source d’inspiration profonde, mais elles ne pourront pas y parvenir seules. Une action immédiate est indispensable pour rétablir les services essentiels et créer les conditions d’un retour en toute sécurité et dans la dignité.
Ce retour sécurisé ne peut se faire sans une intensification des efforts de déminage humanitaire afin d’enlever les quelque 324 000 munitions non explosées (UXO) disséminées dans tout le pays. Ces menaces invisibles sont devenues la principale cause de mortalité infantile en Syrie, tuant ou blessant plus de 116 enfants pour le seul mois de décembre 2024.
Je me suis entretenu avec Abdo, 18 ans, qui a perdu un membre après avoir été victime d’un engin explosif en 2020, à l’âge de 14 ans. Son père a également perdu la vue au cours de l’incident. Grâce au soutien de l’UNICEF, Abdo a reçu une aide financière, a bénéficié d’un soutien psychosocial en plus d’être orienté vers une formation professionnelle et une aide à la fabrication de prothèses. Il est un des trop nombreux enfants concernés en Syrie.
Solidarité et inclusion pour un avenir meilleur
Tout au long de ma visite, j’ai été témoin d’une solidarité remarquable entre les communautés syriennes qui se sont soutenues les unes les autres. Toutefois, l’ampleur des besoins, aggravée par les vulnérabilités préexistantes et la pression exercée sur les services sociaux, a soumis le tissu social à des pressions considérables. Cet aspect doit être attentivement pris en compte dans les plans pour la période de transition ainsi que dans la réponse humanitaire et de rétablissement. Les femmes et les adolescentes doivent être à l’avant-garde de cette transition et contribuer à façonner la nouvelle Syrie en jouant un rôle de premier plan au sein du gouvernement, des entreprises, de l’aide humanitaire et d’autres activités de renforcement des communautés.
L’UNICEF reste déterminé à soutenir la Syrie sur la voie du rétablissement et de la reconstruction, en particulier en unissant les efforts pour donner la priorité au bien-être et à l’avenir de ses enfants. Au cours de l’année écoulée, nous avons contribué à maintenir en fonctionnement les principaux systèmes d’approvisionnement en eau, permettant à plus de 7 millions de personnes d’avoir accès à de l’eau propre et salubre. Près d’un million d’enfants ont bénéficié d’un accès à l’éducation formelle et informelle. Nous avons vacciné 470 000 enfants, dont la moitié de filles, afin de préserver leur avenir.
Pour que la Syrie aille de l’avant, les autorités intérimaires doivent, comme elles l’ont indiqué, promouvoir un processus de transition inclusif, qui tienne compte de la riche diversité de la nation, respecte toutes les ethnies et permette à chaque fille, chaque garçon, chaque femme et chaque homme de s’émanciper. Le respect de l’égalité des genres et des droits de l’homme doit être la pierre angulaire de l’avenir de la Syrie.
Agir vite pour restaurer l’espoir en Syrie
La communauté internationale doit agir de manière décisive, en mobilisant des ressources pour renforcer cette transition critique. L’assouplissement des sanctions et la facilitation des mesures visant à renforcer les efforts de rétablissement et de reconstruction peuvent ouvrir la voie à des progrès durables. Le temps presse, les attentes sont grandes et une action collective rapide est nécessaire pour restaurer l’espoir, la paix et la stabilité.
L’UNICEF est prêt à jouer un rôle de premier plan dans les domaines les plus importants pour les enfants, en apportant son expertise en matière de soins de santé primaires, d’eau, d’assainissement et d’hygiène, d’éducation et de protection sociale.
Les enfants de Syrie doivent rester au cœur de tous les efforts. Leur avenir est en jeu. Ensemble, saisissons cette opportunité et agissons avec détermination pour assurer un avenir meilleur à tous les enfants de Syrie ».
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