Dans une tribune publiée par Ouest-France, Carla Haddad Mardini, directrice de la collecte de fonds privés et des partenariats de l’UNICEF, et Ann Avril, directrice générale de l’UNICEF France, alertent sur l’urgence humanitaire au Liban. Avec ce texte, elles appellent à dépasser l’aide ponctuelle pour reconstruire durablement et garantir aux enfants libanais un avenir digne, à l’abri de l’injustice et des privations.
Paris, le 13 décembre 2024 – Alors qu’un accord de cessez-le-feu ravive l’espoir des populations du Liban après plus de deux mois de violences, les défis humanitaires et sociaux restent immenses. Les répercussions du conflit ont laissé des blessures profondes, en particulier chez les enfants, dont les droits et l’avenir sont gravement menacés.
Depuis le 8 octobre 2023, 248 enfants ont perdu la vie au Liban. 1 436 autres ont été blessés, tandis que 400 000 ont dû fuir leur foyer. Derrière ces chiffres se cachent des histoires de vies brisées, de familles endeuillées et d’enfances marquées à jamais.
Les infrastructures vitales, déjà précaires avant les hostilités, ont subi des destructions massives : écoles, hôpitaux, réseaux d’eau potable… autant de piliers essentiels à la vie quotidienne, aujourd’hui lourdement endommagés.
Cette tragédie s’inscrit dans un contexte de crise chronique. Avant même l’escalade récente, le Liban traversait une série de défis économiques et sociaux sans précédent. En décembre 2023, un enfant sur quatre était déjà privé d’éducation, et 16 % des enfants travaillaient pour subvenir aux besoins de leur famille. Les récentes violences n’ont fait qu’aggraver cette situation, accentuant les inégalités et plongeant des centaines de milliers de familles dans une précarité encore plus grande.
Les défis immenses de la reconstruction
Aujourd’hui, alors que certaines familles commencent à regagner leurs villages dans le sud du pays, environ 350 000 enfants ont toujours un besoin urgent d’assistance humanitaire.
Les équipes de l’UNICEF sur le terrain, présentes avant, pendant et après le conflit, travaillent sans relâche pour répondre aux besoins : garantir l’accès aux soins médicaux et psychosociaux, rétablir les services de base, soutenir les familles les plus vulnérables et permettre aux enfants de retrouver un semblant de normalité. Mais ces efforts se heurtent à une réalité préoccupante : un manque criant de ressources, dans un contexte où les besoins ne cessent de croître.
Cette crise met en lumière une dynamique plus large : la fatigue de la solidarité. Face à des crises qui se succèdent, les soutiens se fragmentent, rendant d’autant plus difficile une réponse adaptée. Les initiatives internationales ponctuelles, bien qu’essentielles, ne suffisent plus. Pour reconstruire durablement, il est urgent de dépasser la simple réponse à l’urgence et d’investir dans des solutions à long terme.
Le Liban, par son histoire et sa résilience, porte en lui les germes d’un renouveau. Mais ce renouveau nécessite des bases solides : des écoles où les enfants peuvent apprendre, des centres de santé fonctionnels, des infrastructures permettant l’accès à l’eau potable. Ces éléments sont les fondations indispensables pour envisager un avenir stable.
Construire l’avenir des enfants du Liban est un impératif collectif
Au-delà des statistiques et des besoins matériels, c’est une question de responsabilité collective. La violence a laissé des cicatrices, mais elle ne doit pas condamner une génération entière. Les enfants du Liban – et plus largement du Proche-Orient – subissent aujourd’hui une double injustice : celle d’un conflit qu’ils n’ont pas choisi et celle d’une solidarité asphyxiée, entravée par la polarisation des positions internationales.
Dans ce contexte, nous refusons la fatalité. Les enfants sont les premiers touchés, mais ils sont aussi ceux qui portent l’espoir d’un avenir meilleur. Il est de notre devoir, en tant que citoyens, institutions et décideurs, de leur offrir les moyens de construire cet avenir.
Le chemin sera long, mais le Liban a prouvé par le passé qu’il pouvait renaître de ses blessures. Ensemble, nous avons l’opportunité – et la responsabilité – de contribuer à cette résilience, en veillant à ce que les enfants soient au cœur de cette reconstruction.
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