Déclaration de Regina De Dominicis, directrice régionale de l’UNICEF pour l’Europe et l’Asie centrale.
Genève, le 12 juin 2024 – « La guerre en Ukraine détruit la plus grande ressource du pays : sa population. Sans une augmentation des investissements et un financement durable, les enfants et les jeunes ne seront pas en mesure d’accéder à l’école et aux opportunités de formation, ce qui est essentiel pour le rétablissement des enfants, des familles et de leurs communautés.
À cause du COVID-19 et de la guerre, la scolarité des enfants ukrainiens a été interrompue pendant plus de quatre ans, soit la durée d’un cycle complet d’enseignement primaire en Ukraine. Près de 4 millions d’enfants à travers le pays continuent de voir leur éducation perturbée, avec environ 600 000 écoliers privé de tout accès à l’école en présentiel.
Les dernières données disponibles datant de 2022 montrent que les enfants ukrainiens accusent environ deux ans de retard en lecture, un an de retard en mathématiques et une demi-année de retard en sciences. Avec la persistance des hostilités depuis lors, cet écart n’a fait que se creuser.
Plus d’un établissement d’enseignement sur dix a été endommagé par la guerre, et plus d’un sur cinq a dû fermer ses portes en raison de l’insuffisance de l’accès aux abris antiatomiques. Un financement important est nécessaire pour reconstruire le secteur, et dépasse les ressources actuellement disponibles.
La situation des enfants réfugiés dans les pays voisins est également désastreuse. Près de la moitié des enfants ukrainiens réfugiés, soit près d’un million, ne sont pas inscrits dans les écoles de leur pays d’accueil. Si beaucoup d’entre eux ont accès à l’enseignement ukrainien en ligne, il leur manque l’interaction sociale avec leurs pairs.
Cette immense perte peut être réparée. Alors que les dirigeants mondiaux se réunissent cette semaine à Berlin pour la conférence sur la reconstruction de l’Ukraine, il convient de leur rappeler que la restauration des écoles n’est qu’une première étape. Nous devons placer les enfants, y compris leur éducation et leur sécurité, au cœur des plans de reconstruction de l’Ukraine.
Cela signifie qu’il faut investir dans le secteur de l’éducation, de la petite enfance à l’enseignement secondaire supérieur. Cela signifie qu’il faut soutenir la reprise de l’apprentissage, en particulier dans les matières fondamentales comme les mathématiques, la lecture et les sciences, et soutenir les compétences qui sont essentielles pour que les jeunes puissent ensuite réussir dans leur parcours professionnel.
Investir dans l’éducation et les compétences dès maintenant permet d’atténuer les effets négatifs à long terme de la guerre et des déplacements sur les enfants et les adolescents ukrainiens. Cela contribuera à renforcer le capital humain de l’Ukraine en les préparant à participer aux futurs efforts de reconstruction de leur pays.
Mais avant tout, les enfants ukrainiens doivent être protégés de tout préjudice supplémentaire, qu’il s’agisse de leurs perspectives d’avenir, de leur éducation, de leur sécurité ou de leur santé mentale. Cela signifie qu’il faut mettre fin immédiatement à la guerre. »